Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Six Chevaux dans la Plaine
Accusé à tort de vol de cheval, Ben Lane échappe au lynchage grâce à l'intervention de Frank Jesse, un aventurier. Les deux hommes acceptent de servir d'escorte à une jeune femme, Kelly, qui veut rejoindre son mari dans une ville à quelques jours de voyage, sans savoir qu'elle a une toute autre motivation.

Le nom du réalisateur de ce western, Harry Keller, n'évoquera sans doute pas grand chose, et il n'a en effet pas mis en scène des longs-métrages restés dans les annales. Il a d'ailleurs davantage œuvré comme monteur. Le scénariste Burt Kennedy, en revanche, retient l'attention, sa collaboration avec Budd Boetticher ayant marqué l'histoire du genre. On retrouve dans Six Chevaux dans la Plaine des éléments qui faisaient tout le sel de plusieurs de ses scenarii. Tout d'abord, un antagoniste ambivalent et plus charismatique que le héros droit dans ses bottes: Frank Jesse est un tueur, et passera à côté de sa rédemption mais il n'est pas sans quelques traits qui le rendent sympathiques. Sa première action consiste à sauver le héros d'un lynchage, il méprise ouvertement les chasseurs de scalps et se réjouit de se voir offrir un job honnête qui n'implique pas de tuer des gens. En face de lui, Ben Lane est plus fade mais en proie à un conflit intérieur, faire ce qu'il doit et ainsi affronter l'homme qui l'a sauvé et est devenu son ami (ce qui est un peu plus complexe qu'une situation proche dans Les Affameurs où c'était le héros qui sauvait au début son futur ami/traitre, donc il n'était pas difficile de prendre son parti).

Le personnage de Kelly est également intéressant, on peut craindre un côté boulet au départ (faire un feu en plein territoire apache, tomber de cheval pendant la grande poursuite) mais elle a des motivations intéressantes et n'est pas juste là comme faire-valoir amoureux que l'on doit transporter d'un point A à un point B. Les Apaches ne sont pas non plus tout d'un bloc bien qu'ils soient évidemment là pour apporter le quota de dangers à un voyage qui sans cela serait morne: les premiers que l'on croise sont seulement intéressés par Kelly mais le deuxième groupe, à la recherche des chasseurs de scalps qui s'en sont pris aux leurs, ont un but que les spectateurs ne peuvent pas leur reprocher (ils obtiendront d'ailleurs leur vengeance sans intervention du héros et sans faire preuve de violence plus que de raison, bref, on est loin des Apaches assoiffés de sang qui massacrent tout ce qui bouge comme cela arrive dans certains westerns).

Ce western date de 1962, ce qui pourrait expliquer ce point de vue nuancé bien qu'il existait des westerns pro-indiens depuis des années. De plus, à le voir, on pourrait penser que le film date de dix ans auparavant. Il réunit en tout cas une nouvelle fois Audie Murphy et Dan Duryea après La Chevauchée avec le Diable, autre western de série B produit par Universal. Le grand blond vole à nouveau la vedette au petit brun, à la fois grâce à un personnage plus intéressant et à un jeu d'acteur qui mêle une jovialité de façade à un côté sombre qui apparait progressivement mais Audie Murphy, comme d'habitude, sans être un monstre de charisme ou d'expressivité n'est pas aussi mauvais qu'on a bien voulu le dire. Il remplit son contrat de héros droit et qui veut bien agir, ni plus ni moins.

Joan O'Brien n'est de même pas mauvaise dans son rôle de femme éprise de vengeance, sans faire d'étincelles particulière, à l'image de la mise en scène de Keller: un plan marquant des voyageurs vus depuis un promontoire rocheux, une scène de dressage expéditif en début de film puis une poursuite bien menée, le tout est emballé correctement et sans génie. C'est vraiment le scénario qui permet d'attirer l'attention encore que pour une fois, la durée très brève (1h20) du métrage est un peu frustrante, quelques minutes supplémentaires n'auraient pas été du luxe pour ne pas expédier certains atermoiements. En bonus, on a un toutou qui ne sert à rien mais qui est absolument adorable.

Six Chevaux dans la Plaine est une de ces petites séries B sans prétention qui sont loin d'être incontournables mais dont les personnages sont suffisamment bien posés et écrits pour qu'on les suive et qu'on se prenne à leurs dilemmes. Un film très Dernière Séance, ce qui contribue à son aspect très sympathique.

potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 9 Mai 2021, 14:26bouillonnant dans le chaudron "Films".