En 1940, alors que l'armée française est en pleine débâcle face à l'invasion nazie, Louise, désormais institutrice et serveuse, quitte Paris, à la recherche d'un membre de sa famille dont elle vient de découvrir l'existence. Elle et d'autres personnages atypiques vont se croiser sur la route de l'exode.

Miroir de nos peines conclut une trilogie entamée avec Au revoir là-haut et poursuivie dans Couleurs de l'incendie. Contrairement aux deux précédents tomes dont l'action s'étalait sur plusieurs années, ce roman-ci se déroule dans une période de temps restreinte: une première partie en avril 1940, puis la suite sur quelques jours de juin pendant lequel le sort de la France va basculer. Pendant ce laps de temps, on va suivre Louise, la gamine recueillie par Maillard et Péricourt, désormais trentenaire, Gabriel, mathématicien affecté sur la ligne Maginot entraîné malgré lui dans les trafics d'un compagnon d'armes, Raoul, ou encore Désiré, imposteur professionnel qui va notamment assurer la propagande française avant de se réinventer totalement.

Ces personnages et d'autres encore vont tous converger en un même point, ce qui peut tenir pour une coïncidence énorme mais sous la plume de Pierre Lemaitre, on s'inscrit surtout dans la plus pure tradition romanesque où l'on accepte ce genre de procédé. Au destin des différents protagonistes, l'auteur joint une peinture de la France en pleine chute, où l'optimiste des premiers temps fait place à l'amère désillusion. Le passage de l'escroc Désiré dans les coulisses de l'information et de la propagande offre d'ailleurs un joli moment de satire.

Avec une action plus précipitée que dans les premiers volumes, Miroir de nos peines peut paraître manquer d'ampleur mais le rythme s'accorde avec l'enchaînement brutal des événements durant la période décrite. Le roman n'est pas aussi marquant qu'a pu l'être A revoir là-haut, il n'y a pas l'aspect réjouissant de la vengeance bien méritée de Couleurs de l'Incendie mais il conclut néanmoins joliment cette trilogie.