Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Poisoned Chocolates Case
Roger Sheringham préside un club d'une demi-douzaine de membres passionnés d'affaires criminelles. Lorsque l'inspecteur Moresby leur soumet un cas non élucidé, celui d'une femme empoisonnée par des chocolats qui ne lui étaient pas destinés, Sheringham propose que chacun enquête et propose une solution. Les théories successives vont secouer l'existence du petit club.

Fondateur du Detection Club dont ont fait partie entre autres Agatha Christie et Dorothy L. Sayers, Anthony Berkeley est également le créateur du personnage de Roger Sheringham, enquêteur amateur que l'on retrouve donc ici à la tête d'un groupe très voisin de celui que son auteur s'apprêtait à lancer. Cela rend la lecture de The Poisoned Chocolates Case encore plus savoureuse mais même sans cela, le roman est déjà réjouissant. À partir d'un point de départ classique de whodunit, Berkeley propose une réflexion sur un genre en plein essor. Le crime n'aura pas une solution ici, mais six, comme autant de membres du club (sept en fait car l'un en propose deux), avec une approche différente à chaque fois: induction ou déduction, concentration sur la pièce à conviction ou analyse psychologique des suspects... Certains membres du club étant eux-même auteurs de roman policier, leurs méthodes d'écriture doivent se confronter au réel (un romancier choisit délibérément quels éléments mettre en évidence pour le lecteur et escamoter ce qui ne cadre pas mais ne peut en faire autant dans une véritable enquête, par exemple).

Certaines solutions réservent de bonnes surprises et l'affaire devient moins purement théorique quand on révèle que les fins limiers peuvent connaître les victimes ou les suspects. De plus, Anthony Berkeley dépeint tout ce beau monde avec beaucoup d'humour, que ce soit l'avocat pompeux qui inaugure la série de résolutions, le timide Chitterwick qui malgré son complexe d'infériorité vis-à-vis de ses collègues n'en est pas moins observateur, le casse-pied de service qui en allant au bout de son résonnement va conclure que le coupable le plus probable doit être... sa propre personne, ou encore Sheringham lui-même.

Le roman a pour base une nouvelle où le raisonnement de Sheringham s'avérait le bon, mais repris dans ce roman, il est cette fois-ci remis en cause. Aussi, bien que le dernier membre du club à intervenir offre la solution définitive peut-on aussi s'amuser à la contester. C'est ce qu'a fait Christanna Brand en 1979 à l'occasion d'une réédition américaine, proposant un chapitre supplémentaire qui apporte un nouvel éclairage. Il est inclut ici mais j'avoue ne pas avoir été convaincue. Le nouvel épilogue proposé par Martin Edwards, préfacier et directeur de la collection, est plus satisfaisant et un bon pastiche du style de Berkeley bien que ce soit la conclusion de ce dernier que je trouve de loin la meilleure (j'avais aussi mon idée qui n'a pas du tout été envisagée par aucun personnage mais de là à lui faire tenir la route... Un exercice à tenter un jour!).

The Poisoned Chocolates Case, qui a eu droit à une publication en France sous le titre Le Club des Détectives, est un exercice à la fois particulièrement bien ficelé et amusant.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 17 Mars 2021, 21:27bouillonnant dans le chaudron "Littérature".