De retour de permission, le sergent Desportes sauve la vie de Bud, un tout jeune homme coincé dans un ravin avec une jambe cassée. Bud devient très vite un éclaireur efficace et apprécié de tout le régiment et de Desportes en particulier avant de peu à peu montrer son vrai visage.

Avec Mi Amigo, W. R. Burnett revient sur les mêmes terres que Terreur Apache, quelques années plus tard. Il n'y a plus à craindre de rebellions apaches et la cavalerie a surtout pour mission d'arrêter des bandits de grand chemin ou d'empêcher que des conflits entre barons du bétail ne dégénèrent en guerre ouverte. C'est dans ce contexte qu'apparait Bud, ouvertement inspiré de Billy the Kid, encore une figure légendaire de l'Ouest qui ne m'a jamais fascinée. Sous la plume de Burnett, il parvient à l'être, fascinant. On sait d'emblée que l'on doit se méfier mais on comprend aisément comment son entourage se laisse séduire, veut croire en ses mensonges et laisse passer les signaux alarmants.

Tout le monde ne s'y laisse pas prendre et il est intéressant de noter que les mieux informés ou les moins dupes sont aussi les personnages qui de par leur position sont les moins susceptibles d'être écoutés: un vieux chercheur d'or, un Apache remuant et la femme du commandant de la garnison jugée hystérique par le médecin local cynique et envieux. Le roman regorge de rebondissements alors que petit à petit le Sergent découvre malgré lui la vraie nature de son protégé mais sa grande force est de réussir, comme dans Terreur Apache à faire vivre la région à travers finalement peu de mots. On se balade en territoire hostile en compagnie des protagonistes sans que Burnett ait besoin de longues descriptions et explications et on voit ces paysages comme si on y était.

Un peu comme dans les meilleurs westerns de Boetticher, on file droit au but et on cerne les personnages avec une efficacité remarquable.