Arizona, 1886. Toriano, un chef apache, s'enfuit de sa Réserve avec quelques guerriers. L'armée charge alors Walter Grein, éclaireur connaissant bien le terrain, de l'arrêter. À la tête d'un petit groupe Grein se met en route mais les manœuvres politiques d'un côté et de l'autre vont compliquer sa mission.

Le nom de W.R. Burnett n'évoquera peut-être pas grand chose au premier abord, mais ses romans ont donné lieu à quelques films connus, tels que Le Petit César, Quand la Ville dort ou encore High Serra, quand il n'écrivait pas lui-même des scénarii, celui de Scarface notamment (la version de Howard Hawks, évidemment). Il a aussi œuvré dans le western, et si le Fureur apache de Robert Aldrich n'est pas une adaptation officielle du roman dont il est question ici, il y a une nette inspiration.

Burnett nous décrit un Ouest dont les peuples autochtones se sont inclinés devant les colons mais où les révoltes ne sont pas encore un lointain souvenir. Grein est d'ailleurs chargé d'en court-circuiter une avant qu'elle ne vire à la guerre ouverte mais les visées des uns et des autres s'en mêlent. Grein n'est pas d'emblée quelqu'un de bien sympathique, traqueur d'Apaches qu'il méprise tout en appréciant le danger qu'ils peuvent représenter mais on se rend vite compte que les lignes sont brouillées: Grein est lui-même surnommé l'Apache blanc, Toriano est allié à un autre chef, Porfirio, mais ce dernier n'a suivi le mouvement que pour ne pas perdre la face et cela l'arrangerait bien que Toriano se fasse tuer pour qu'il puisse tranquillement reprendre le chemin de la Réserve tandis que les représentants de Washington préfèreraient une simple reddition. Le groupe mené par le personnage principal est éclectique, avec un ancien soldat sudiste et alcoolique (on voit bien Victor McLaglen dans le rôle), et des éclaireurs eux-même apaches aux motivations différentes. Burnett décrit à merveille la nature hostile dans laquelle les protagonistes s'enfoncent, rendant son récit à la fois très vivant et très âpre.

Certaines défaites sont annoncées mais les grands vainqueurs ne seront pas forcément ceux auxquels on s'attend dans ce roman qui évite le manichéisme en dépeignant les complexités d'une région et de ceux qui l'occupent alors que toute une époque est en train de toucher à sa fin.