Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Frankenstein (1931)
Le Dr. Henry Frankenstein est sur le point de voir réussir son ambitieuse expérience: créer la vie en animant un être composé de morceaux de divers cadavres. La Créature échappe cependant vite à son contrôle.

J'ai parlé récemment dans ma critique d'Invisible Man d'Universal et de l'échec de son lancement d'un Dark Universe après deux bons flops. Mais si je connaissais de réputation les principaux films de monstres des années 30 du studio qu'il a vainement tenté de faire revivre, je n'en avais vu que des extraits en vitesse. Le Frankenstein de James Whale fait typiquement partie de ces films qui ont tellement marqué la culture populaire, été tellement cités, que même sans les avoir vus on en a des images: la première étant sans doute le look de la Créature incarnée par Boris Karloff, éloignée de la description qu'en fait Mary Shelley mais qui vient souvent à l'esprit quand on évoque le personnage. Le visionnage a aussi été l'occasion de découvrir que quelque chose que j'avais souvent entendu dire, comme quoi le film commettait l'erreur d'appeler la Créature Frankenstein et était responsable du fait qu'ensuite plein de gens ont fait la même boulette, était en fait faux: dès le générique, on constate bien que les scénaristes, malgré les grosses libertés prises avec le roman de Shelley (que l'on doit peut-être aussi à la pièce de Peggy Webling sur laquelle le film se base), ne sont pas corniauds à ce point. En fait, un passage porte à confusion, où un personnage dit au savant de reculer et l'angle peut donner l'impression qu'il s'adresse à la créature, mais le malentendu est vite dissipé.

Aborder un film d'épouvante datant des années 30 peut faire craindre que le poids des ans l'ait rendu trop anodin ou involontairement comique. De plus, quand comme moi on a d'abord vu le Frankenstein Junior de Mel Brooks qui pastiche cette adaptation-ci et sa suite, le risque est encore plus grand. Et il est vrai que quand on voit que finalement Brooks n'a pas ajouté grand chose à la scène du vol du cerveau, les craintes semblent se confirmer. Heureusement le film de Whale prouve vite qu'il a de quoi résister à ces premières impressions.

Tout d'abord il est visuellement splendide, en particulier le décor du laboratoire de Frankenstein, avec ses escaliers, ses appareils, et on voit comment cela a pu être une inspiration pour Tim Burton, pour n'en citer qu'un. La Créature peut donner envie de sourire au départ, mais Karloff, et ce qu'elle traverse la rendent pourtant rapidement touchante. On est loin du personnage éloquent de l’œuvre de Shelley, mais elle vient après tout de naître et réagit avec la compréhension d'un jeune enfant à ce qui l'entoure, mais coincée dans un corps dont elle ne maîtrise pas la force. La voir acculée dans la scène du moulin en devient presque insoutenable de tristesse.

En face de Boris Karloff, Colin Clive campe un Frankenstein (rebaptisé Henry plutôt que Victor parce que... parce que) tout d'abord mégalo puis abandonnant bien vite sa création, et il est crédible pour présenter par moment des dehors agréables mais qui cachent une véritable frénésie. On peut dire qu'il s'en tire à bon compte vu sa conduite mais il faut en laisser pour les suites. Notons que si le film est d'une haute tenue esthétique, on n'échappe pas à un rapide moment "mannequin en mousse" à la fin. Quant à Dwight Frye dans le rôle ingrat de Fritz, le père de tous les Igor, il a le douteux privilège d'être au moins aussi stupide que l'Igor de Frankenstein Junior mais devient rapidement beaucoup plus antipathique. Le reste de la distribution est correct même s'ils n'ont pas vraiment de latitude pour briller, comme Mae Clark dans le rôle d'Elizabeth.

Cette version hollywoodienne du mythique Frankenstein s'éloigne sur bien des points du roman de base, et s'achève, comme souvent avec les films de cette époque, abruptement une fois le climax passé (elle ne dure qu'1h10). Néanmoins, son âge, les imitations et les parodies n'ont pas entamé sa force et près d'un siècle après, elle tient toujours la route.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 12 Avril 2020, 17:54bouillonnant dans le chaudron "Films".