Tommy Sanderson ne revient pas de la nuit qu'il a passé chez son ami Josh. Sa mère découvre bientôt qu'alors que lui et ses camarades sont allés boire des bières dans un parc voisin, il s'est tout d'un coup enfoncé dans les bois sans explication. Mais peut-elle croire cette version des faits? Et comment des pages du journal de Tommy apparaissent-elles progressivement dans la maison?

Comme si perdre un enfant n'était pas une tragédie suffisante, ne pas savoir dans quelles circonstances cela s'est passé, s'il est encore vivant ou mort, ajoute une couche à la torture. C'est ce qui arrive à Elizabeth Sanderson, et alors que l'enquête avance, on se demande également s'il y a certaines choses qu'on aurait préféré ne jamais savoir. Tommy est un gentil garçon, ses amis Josh et Luis aussi, et pourtant ils cachent des événements sur les jours précédents la disparition et les circonstances de celle-ci. Pourquoi? Comme si cela ne suffisait pas, la machine médiatique s'emballe, avec les analyses d'"experts" sur la personnalité de Tommy, les trolls sur facebook et twitter et la famille partagée entre vouloir continuer malgré cela de rappeler au public la disparition du garçon en espérant que cela fasse remonter de véritables témoignages et l'envie de s'éloigner le plus possible de ce cirque.

Au-delà de ce traitement réaliste, il y a aussi une dimension fantastique avec des apparitions mystérieuses et nocturnes et un personnage se targuant de dons de voyance. Comme dans A Head Full of Ghosts du même auteur, on remet en cause sans arrêt ce que l'on lit: peut-on croire tout ce qui se raconte ou le voisinage excité a tôt fait de transformer Tommy en légende urbaine par besoin de se faire peur? Arnold est-il un complet manipulateur, croit-il en partie ce qu'il raconte ou y-a-t-il une pincée de vrai? Les personnages mentent pour diverses raisons, ou se mentent à eux-même, si bien que quand on pense plonger de plein pied dans le fantastique, on nous rappelle à une réalité plus simple et plus sordide, et pourtant, le doute demeure jusqu'au bout, car tout ne trouve pas une explication rationnelle.

On pense un peu à Pique-Nique à Hanging Rock, une des influences avouées de Tremblay. Ce Devil's Rock n'a pas le même pouvoir de fascination, mais il nous balade habilement et nous force sans arrêt à remettre en cause ce que l'on a cru comprendre.