Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Moriarty: le Chien des d'Urberville
Vétéran de l'armée britannique, Sebastian Moran revient à Londres sans grandes perspectives d'avenir quand il est mis en contact avec le professeur James Moriarty, officiellement mathématicien respectable, officieusement génie du crime.

Moriarty étant considéré comme le double maléfique de Sherlock Holmes, il n'y avait qu'un pas pour faire de Moran celui de Watson. Les deux personnages n'ont pourtant jamais interagi dans les histoires écrites par Conan Doyle, le professeur n'ayant été introduit que pour tuer Holmes et Moran créé quelques années après pour justifier le retour tardif du détective. Kim Newman imagine donc le duo dans ses œuvres, en poussant au maximum l'effet miroir par rapport à Holmes et Watson. Moran, fraichement revenu d'Afghanistan, est ainsi guidé vers Moriarty par un certain Stamford, il sera question de mormons et de "Rache" dans leur première aventure, ils croiseront la route d'Irène Adler, d'un toutou fantomatique et des frères de Moriarty avant de partir pour la Suisse. Moriarty a également une fâcheuse tendance à envoyer son acolyte en mission sans lui mettre toutes les cartes en main, comme Holmes avec Watson. Les allusions aux aventures de Holmes sont nombreuses, mais comme dans Anno Dracula, Newman n'en reste pas là et invoque quelques personnages du Prisonnier de Zenda (ce que j'apprécie toujours), de Tess, et bien d'autres. Et comme pour Anno Dracula, toutes ces références, loin d'être lourdes ou de rendre l'histoire obscure si on ne les saisit pas, créent un univers partagé ludique.

Évidemment, Moran n'est pas Watson, aussi le style de ses mémoires n'a rien à voir avec les récits du docteur: le personnage est violent, raciste, et sa loyauté envers Moriarty tient à ce que le trahir serait bien trop dangereux et coûteux. Le narrateur est donc fort peu sympathique mais ses descriptions, en particulier des manies de son employeur, sont souvent très drôles. On y retrouve quelque chose de celles de Watson vis-à-vis du comportement de Holmes, mais en beaucoup plus vache. Les différentes affaires sont bien menées, même si celle impliquant Adler a une issue prévisible (on se doute d'entrée que Moriarty ne s'en tirera pas mieux que Holmes face à elle).

Il y a cependant une limite à cet exercice: il est impossible de mettre en scène une figure du mal absolu et son bras droit manipulé sans mettre un peu d'eau dans le vin pour qu'on prenne plaisir à les suivre: Moriarty va donc surtout mettre en déroute et se débarrasser de personnages qu'on ne plaindra guère, soit parce qu'ils sont aussi des criminels, soit parce qu'ils sont totalement imbuvables et on ne fait qu'évoquer rapidement les dommages collatéraux.

Ce serait cependant exagéré de dire que Newman fait de Moriarty et Moran des crapules sympathiques, mais on pourrait aussi trouver dommage que l'auteur ne couvre pas La Maison vide puisque à l'issue de la dernière histoire, on ne voit pas ce qui expliquerait la conduite de Moran par la suite et il aurait été bon d'avoir sa version des faits. Malgré ces remarques, le Moriarty de Newman est une relecture divertissante de l'univers de Sherlock Holmes qui revisite ce dernier avec une bonne dose d'humour noir.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 24 Juillet 2018, 11:16bouillonnant dans le chaudron "Littérature".