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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Lady Audley's Secret
George Talboys revient en Angleterre après avoir fait fortune en Australie, seulement pour découvrir que sa chère femme est morte en son absence. Son ami Robert Audley, quant à lui, est fasciné par la nouvelle épouse de son oncle mais commence à la soupçonner d'abriter un secret.

Mary Elizabeth Braddon n'est peut-être pas, de nos jours, la plus connues des auteurs de l'ère victorienne, mais Lady Audley's Secret reste un de ses romans les plus populaires. Moins échevelé que La Trace du Serpent, il comporte néanmoins son lot de retournements de situation. On découvre assez vite le fameux secret de Lady Audley, et Braddon peint un sacré portrait de femme pour un public qui devait se repaître de scandales: bigame, prête à faire disparaître quiconque risque de la démasquer et de lui faire perdre les avantages acquis par ses manigances, puis à plaider la folie une fois confondue, avant d'être punie pour ses crimes.

Néanmoins, si la morale est sauve en apparence, car à l'époque une telle "femme dénaturée" ne pouvait pas remporter la partie, on ne peut s'empêcher de sentir que Braddon n'a qu'une sympathie modérée pour les protagonistes victimes de ses actes ou qui luttent contre elle. En effet, si ses actions sont contestables, et qu'elle admet être égoïste, pourquoi Lady Audley attendrait-elle passivement dans la misère qu'on l'en sorte? Son premier mari lui laisse un mot avant de chercher fortune en Australie, lui disant qu'il reviendra riche ou qu'elle n'entendra plus parler de lui... sans mentionner un quelconque délai au-delà duquel elle pourrait le ranger au rayon des pertes et profits. Peut-on lui reprocher de refaire sa vie alors que son époux ne pense pas judicieux de donner des nouvelles de temps à autre?

Robert doit être ce qui ressemble le plus au héros de l'histoire, mais son charme indolent n'opère pas et sa volonté de faire enfermer Lady Audley dans un asile laisse davantage penser qu'il cherche à protéger son oncle et sa cousine, mais également lui-même d'un scandale que d'une profonde conviction qu'elle est réellement folle. Alicia Audley prend d'entrée sa belle-mère en grippe, mais cela ne tient pas à un instinct qui l'avertirait que Lady Audley n'est pas aussi agréable et innocente qu'elle s'en donne l'air, on a tout simplement affaire à une jeune femme gâtée qui a du mal à admettre qu'une autre soit désormais au centre de la maisonnée.

Lady Audley's Secret est donc un roman gothique classique en apparence, avec des squelettes dans des placards, de fausses identités, des individus qu'on croit mort mais qui ne cessent de revenir, et malgré une dernière partie un peu longue dès que le cas de la Lady est réglé, on ne s'ennuie pas. Son intérêt majeur réside cependant dans l'impression que si Braddon avait eu plus de latitude, ou si le livre avait été écrit un siècle plus tard, Lady Audley aurait été l'héroïne, ou au moins l'anti-héroïne plutôt que l'antagoniste de l'histoire, et qu'elle s'en serait mieux tirée.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 3 Juillet 2018, 15:33bouillonnant dans le chaudron "Littérature".