Né en 1754, Charles Maurice de Talleyrand est destiné en premier lieu à une carrières ecclésiastique. Alors qu'il est évêque d'Autun, la Révolution Française commence et pendant près d'un demi-siècle, Talleyrand va parvenir à jouer un rôle dans les différents régimes qui vont se succéder.

Il n'est pas aisé de se colleter au personnage de Talleyrand, resté dans les mémoires avant tout comme ministre durant la période napoléonienne mais surtout pour avoir survécu à tous les bouleversements politiques de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. Un exploit qui demande évidemment de savoir manœuvrer habilement et de ne pas s’embarrasser de scrupules, ce qui lui a valu une solide réputation d'opportuniste et de traitre à répétition.

Emmanuel de Waresquiel livre une biographie solidement documentée qui permet de faire la page des choses entre la légende (à laquelle Talleyrand comme ses ennemis ont pu contribuer), et la réalité. On ne tombe pas dans la caricature du fourbe sans convictions qui ne navigue que dans le sens du vent, sans pour autant le dédouaner de toutes ses actions ou lui trouver systématiquement des excuses.

En plus de sa carrière politique et diplomatique, l'auteur prend la peine également de s'attarder sur son mode de vie (très Ancien Régime et qu'il a poursuivi jusqu'à sa mort) et revient également sur le caractère de sa femme, qu'il dépeint comme bien moins idiote que certains portraits qu'on a pu faire d'elle.

Solidement documenté veut dire aussi qu'il y a un risque d'être aussi légèrement bourratif, et le livre est un joli pavé, d'autant que certains paragraphes s'étalent sur plusieurs pages, ce qui ne facilite pas la lecture, mais le personnage est suffisamment passionnant et le style suffisamment clair pour que l'on ne décroche pas.