Margaret demande à sa sœur la permission d'épouser Peter Townsend. Elizabeth n'y voit personnellement aucune objection, mais sous-estime la complexité de la situation, surtout quand la presse s'en mêle.
Deuxième partie de la saison, et l'on attaque de front une sous-intrigue qui planait depuis le premier épisode: l'idylle entre la princesse Margaret et Peter Townsend. Si vous avez fréquenté des salons de coiffure dans les années 90, vous avez dû vous farcir les mésaventures sentimentales de Lady Di, eh bien Margaret, c'était l'équivalent avec trente ou quarante ans d'avance. Autant le dire d'entrée, les amours contrariées des princesses ne sont pas ma tasse de thé, mais l'angle d'attaque de l'épisode n'est pas inintéressant.
On commence sur un petit film d'actualités montrant Elizabeth et Philip se rendre à Ascot, mitraillés par des photographes.
La séquence est retransmise à la télévision et on découvre Margaret devant son poste, et plutôt amusée de voir sa sœur suivie comme une star. Après la cérémonie du couronnement retransmise internationalement, c'est en effet une bonne cliente pour la presse.
Elle est bientôt rejointe par Townsend et ça roucoule sur le fait qu'Elizabeth est la reine mais que c'est Margaret qui a le plus de chance parce qu'elle a un super amoureux, mais tout de même, ça commence à leur peser les amour clandestines.
Ce qu'ils ignorent, c'est que justement leurs amours ne sont pas si clandestines que cela. Pendant ce temps, un journaliste joué par Paul Thornley, qui fut Ron Weasley au théâtre mais est ici en mode Rita Skeeter, tente de convaincre son rédac-chef de lui laisser écrire un article sur le sujet. Sauf que le rédac-chef, depuis le couronnement en grande pompe, il ne veut pas d'articles sur la famille royale. Elle commence par lui sortir par les trous de nez, la famille royale. Alors un papier sur la princesse Margaret qu'on a vu enlever une peluche sur l'uniforme de Townsend, par rapport à, au hasard, un article sur les conséquences de lamort de Staline, on peut vivre sans.
Mais le journaliste se montre convaincant. Le geste n'est pas si anodin, et il prouve, démonstration à l'appui, qu'enlever une peluche d'un uniforme peut être aussi intime qu'un baiser, plus même car cela suggère que le baiser a déjà eu lieu. Et étant donné le background de Townsend, on peut tenir un bon scandale. Du coup le rédac-chef lui permet d'écrire sur le sujet, mais l'article a intérêt à être bon...
Et par bon, il veut surtout dire "pimenté".
Margaret, pour sa part, a un coup de fil important à donner à sa sœur, et c'est l'occasion de voir comment la communication téléphonique s'organisait à l'époque. Ce n'était pas piqué des hannetons, c'est le moins qu'on puisse dire.
Ceux qui sont assez vieux pour s'en souvenir en ont fait l'expérience, mais autrefois il ne suffisait pas de composer le numéro pour que le destinataire décroche. Il fallait tout un tas d'intermédiaires. Et pour parler à la reine, c'est encore moins direct.
Quand le téléphone se met à sonner à Buckingham, c'est dans un hall où un loufiat décroche et indique dans quelle pièce se trouve la reine.
Ce qui entraîne d'autres manipulations pour que le téléphone sonne dans la pièce adéquate.
Pendant ce temps, le domestique se rend chez la reine pour lui apprendre d'où vient le coup de fil qui fait sonner le téléphone à côté d'elle. Et comme elle décide de décrocher, un dernier branchement pour la route et la communication s'établit, ouf.
Tout ce bazar pour que Margaret dise à sa sœur qu'elle aimerait les inviter à dîner un de ses soirs, elle et Philip, pour un petit repas intime où ils ne seront qu'eux trois... et Peter.
Ce à quoi Elizabeth répond par un "oh" qui vaut tous les discours et que Margaret ne connait que trop bien: sa sœur n'approuve pas. Mais Elizabeth la rassure et accepte l'invitation, non sans lâcher encore quelques "oh".
Loin de ces "oh" qui signifient "les ennuis arrivent", Philip s'encanaille à Soho en compagnie de son secrétaire Mike Parker, qui ressemble de plus en plus à un compagnon de beuverie qu'autre chose.
Derrière une façade un peu crapoteuse se cache un club fréquenté par le gratin de la société, et où les seules femmes présentes sont les serveuses. Et Philip ne se gêne pas pour regarder, d'ailleurs.
On commence par des choses sérieuses pourtant, avec un membre de l'assemblée, joué par Ed Stoppard, ce qui ne gâche rien, qui est de retour d’Égypte et leur fait un topo sur la situation politique.
Le roi Farouk a été détrôné et désormais, l'homme qui compte dans la région, c'est le général Nasser, qui pourrait bien unifier le monde arabe contre l'impérialisme occidental.
Voilà qui a de quoi troubler Philip, qui compte-tenu de l'histoire de sa famille et de sa position actuelle, n'est jamais très à l'aise quand il est question de révolution.
Enfin bon, on est entre mecs, donc une fois qu'on a parlé politique, on peut se lancer dans des sujets plus légers. Enfin, légers, façon de parler, ça tourne vite à l'ambiance gros beaufs lubriques.
Ah ils sont beaux les clubs de gentlemen.
Quant à Elizabeth, elle doit se contenter de voir son époux rentrer à l'heure du laitier, bien imbibé, et pas de lait.
Le soir venu, alors qu'ils se préparent pour répondre à l'invitation de Margaret, elle ne peut s'empêcher de lui demander s'ils parlent de femmes lors de ces brillantes sauteries. "Mais non ma mie, on a parlé géopolitique!" de répondre aussitôt Philip, et comme sa femme n'en pense pas moins il accorde que oui, ils ont aussi parlé filles, mais entre hommes, quoi de plus normal.
Durant ce fameux dîner, Margaret leur fait enfin part de la grande nouvelle: Peter a été d'un grand soutien pour elle depuis la mort de son père, ils se sont beaucoup rapprochés et donc, ils souhaiteraient se marier, et elle espère vraiment qu'Elizabeth les soutient.
On ne peut pas dire qu'Elizabeth déborde d'enthousiasme. Pas parce que Peter lui déplait, et elle veut que Margaret soit heureuse, mais elle sait que cela ne dépend pas que d'elle. Ce qu'elle explique aussitôt. En tant que reine, elle va devoir recueillir quelques avis sur la question. Mais en tant que sœur, elle donne sa bénédiction à Margaret.
Margaret se jette au cou d'Elizabeth, tout le monde se congratule et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Sur le chemin du retour, Philip fait part de ses réserves: Peter est ennuyeux comme la pluie et bien plus âgé que Margaret. Elizabeth pense qu'il a une présente tranquillisante pour sa sœur, son père le tenait en grande estime, mais Philip est surtout contrarié par le fait que Peter est divorcé, et que cela causera des difficultés pour faire accepter le mariage, remember tonton David. Pour Elizabeth, ce n'est pas comparable, les temps ont changé, et Margaret n'a que peu de chances d'accéder au trône.
Philip a raison de prévoir des obstacles à venir, mais même lui ne soupçonne pas que la crise est proche, car le petit journaliste n'a pas chômé et présente son article à son patron, dont le verdict est clair: c'est de la dynamite (d'où le titre de l'épisode). Impossible de refuser le papier, mais le contenu explosif demande qu'il en réfère d'abord au propriétaire du journal.
Ledit propriétaire commence par refuser. Il est impensable de publier des potins sur la famille royale. Cela ne se fait tout simplement pas. Le rédac-chef lui fait alors judicieusement remarquer que les Windsor ont eux-même cherché à susciter l'intérêt des foules en diffusant le couronnement, donc on ne peut pas en vouloir à la foule de s'intéresser à eux en retour. Dès lors, quel est le rôle d'un journaliste? Se contenter de relayer les images et les informations fournies par Buckingham sans se poser de question, ou être indépendant et écrire aussi du contenu susceptible de leur déplaire?
Voilà qui ne manque pas de sens, et le propriétaire accepte donc, mais il conserve tout de même de vieux réflexes. C'est vrai que jusque-là, les journaux britanniques ne parlaient pas de la vie privée de la famille royale (la liaison entre Edward VIII et Wallis Simpson n'a par exemple commencé à être évoquée que quand le roi a voulu l'épouser et que c'était une affaire d'État, alors que les presses américaines ou françaises en parlaient bien avant), alors il publie l'article, mais il ne peut s'empêcher de prévenir Tommy Lascelles d'abord.
Cette sollicitude n'émeut guère le secrétaire privé, qui ne conçoit pas qu'on ose publier des ragots sur la famille royale dans un journal qui se respecte. Eh oui Tommy, les temps changent et tu n'as encore rien vu.
Il donne donc une belle démonstration de sarcasme à son interlocuteur avant de filer avertir la reine-mère.
C'est sur du Offenbach qu'il fait son entrée, parce que Margaret donne là une petite fête accompagnée d'autres jeunes gens, et le décalage entre sa démonstration de french-cancan et l'attitude funèbre de Lascelles est du plus bel effet.
Ce n'est pas une pauvre porte en bois qui stoppera les ondes de désapprobation qui émanent de Lascelles, Margaret!
Lascelles informe la reine-mère de l'article qui sera publié le lendemain et qui présentera Townsend non seulement comme le compagnon de Margaret mais comme son futur mari, et se penchera notamment sur son divorce, une occasion d'évoquer d'autres personnalités divorcées en rapport avec la famille royale. On ne les nomme pas, mais l'ombre du duc et de la duchesse de Windsor continue de planer, ce qui évidemment n'est pas pour ravir la Queen Mum, qui imagine qu'un démenti fera l'affaire. Mais Lascelles la prévient qu'il est trop tard.
Le lendemain matin, n'ayant pas encore lu la presse, Elizabeth téléphone à une Margaret qui doit avoir un peu mal aux cheveux pour lui faire part d'une idée qu'elle a eu pour faire passer son mariage comme une lettre à la poste. On nous épargne cette fois-ci tout le cirque pour les mettre en contact, et on va droit au but: Elizabeth propose à Margaret de se marier en Écosse. L'Église d'Angleterre n'autorise pas le mariage d'une personne divorcée dont l'ex est encore vivant(e), mais comme le mariage n'est pas un sacrement dans l'Église d'Écosse, Margaret pourra s'unir à l'église là-bas et pas seulement avoir un mariage civil.
Margaret est ravie que sa sœur ait pris la peine de trouver un stratagème et la remercie bien bas tout en excusant d'avance des ennuis qu'elle lui cause. Elle en profite ainsi pour l'avertir que leur mère va bientôt débarquer à Buckingham avec son mot à dire sur la question.
Telle une gamine qui n'a pas fait ses devoirs s'apprêtant à répondre de sa conduite à son institutrice, Elizabeth accueille sa mère et Lascelles d'un "quelle surprise!" qui ne trompe personne. La Queen Mum lui explique qu'elle veut le bonheur de ses deux filles mais qu'Elizabeth étant reine, elle doit être protégée de toute polémique et qu'une union entre Margaret et Peter pourrait créer un scandale qui ébranlerait la monarchie comme elle l'avait été quand Edward VIII a abdiqué.
Lascelles a une solution pour que le mariage se fasse sans que la reine se retrouve en porte-à-faux à reconnaître le mariage de sa sœur alors que selon les règles d'une Église dont elle est la figure de proue, elle ne devrait pas.
Il évoque l'Acte relatif aux mariages royaux passé en 1772 par George III après que ses frères aient épousé des femmes qui ne remplissaient pas du tout les critères exigés: tout membre de la famille royale de moins de 25 ans doit désormais obtenir la permission du roi ou en l'occurrence de la reine pour se marier (sur le sujet, je conseille de lire
A Royal Affair: George III and his troublesome siblings de Stella Tylliard si vous voulez en savoir plus). Il propose donc que Margaret attende d'avoir 25 ans pour épouser Peter, ainsi la reine n'aura pas à être impliquée, et cela préservera ses relations avec le gouvernement et l'Église.
Elizabeth comprend bien le raisonnement, mais sent que cela ne sera pas facile à faire accepter à sa sœur, surtout qu'elle et Peter devront être séparés dans l'intervalle, histoire que la presse passe à autre chose.
En attendant, l'article se vend en effet comme des petits pains et de son côté Margaret a bien du mal à admettre qu'elle devra poireauter encore deux ans pendant que Townsend est muté à l'étranger, ce qui ressemble un peu trop à un bannissement à ses yeux. Elle est également en pétard contre Elizabeth qui lui a fait miroiter une solution simple et rapide.
Certes, Elizabeth s'est avancée un peu vite, mais Margaret est tout de même censée savoir que tout ne dépend pas d'elle. Enfin, autant en prendre l'habitude parce que ça va toujours être comme cela cette saison: Elizabeth essaie de contenter Philip et Margaret, ils sont heureux, des obstacles apparaissent que la reine ne peut ignorer, ils ne sont pas heureux et lui en veulent.
Après une grande chevauchée sur une musique reflétant le paroxysme des sentiments exacerbés, Margaret s'en va rejoindre Townsend qui lui annonce qu'il a décidé de prendre le poste qu'on lui proposait à Bruxelles plutôt qu'à Singapour ou Johannesburg, c'est moins sympa mais c'est moins loin, (nos amis belges apprécieront). Il doit auparavant accompagner Elizabeth en Irlande du Nord tandis que Margaret sera en Rhodésie, mais ils auront au moins l'occasion de se voir au retour avant que Townsend ne parte pendant deux ans. Maigre consolation pour les deux tourtereaux.
Lors du trajet en avion pour Belfast, Elizabeth remarque qu'une fois n'est pas coutume, Lascelles est à côté de ses pompes et pas très concentré sur son travail, au point de s'emmêler les pinceaux quand il lui lit le programme.
Lascelles est contrarié par la présence de Townsend. Elizabeth l'accuse de ne l'avoir jamais apprécié et Lascelles s'en défend en expliquant qu'il l'appréciait tant qu'il restait à sa place et que ce n'est pas parce que George VI l'appréciait comme écuyer qu'il en aurait voulu pour gendre.
Elizabeth prend la défense de Townsend et met sèchement fin à l'entretien quand Lascelles tente de lui expliquer qu'il ne fait que son devoir en essayant de lui éviter de se retrouver dans une situation délicate.
Possible aussi qu'Elizabeth se sente un poil coupable d'avoir pu imposer Philip en dehors de toutes les réserves de son entourage mais de ne pouvoir faire de même pour Margaret, mais là je surinterprète sans doute. En tout cas les bonnes dispositions de la reine vis-à-vis de Townsend vont être mises à rude épreuve lors du voyage, et ce dès la descente de l'avion où il attire autant qu'elle l'attention des médias.
Elizabeth en prend conscience en voyant comment son arrivée est retransmise dans les actualités et tout le monde autour d'elle n'en pense pas moins.
Elle confesse à Lascelles qu'elle a amené Peter en reconnaissance de l'aide qu'il a apporté toutes ses années et qu'elle espérait que l'attention des médias se calmeraient mais elle doit admettre que ça n'en prend pas le chemin, et qu'il n'est pas normal qu'un membre de la maisonnée attire autant les projecteurs sur lui.
Lascelles lui conseille donc en retour d’accélérer le départ de Townsend pour Bruxelles, et qu'il en prendra lui-même la responsabilité.
Elizabeth lui demande quand même d'attendre la fin du voyage, mais ce dernier sera marqué par la présence de Townsend et l'agitation qu'il suscite. Quand une fanfare orangiste (ce qui ne me semble pas politiquement neutre) vient donner un récital à la reine, c'est lui le centre de l'attention.
Et il ne semble pas si désolé que cela de concentrer le flash des photographes sur sa personne.
Cela continue à chaque déplacement (et j'aime bien le détail des flash qui grillent)
Tout cela pour culminer au moment du départ, avec une reine de plus en plus gênée et un Townsend qui commet l'erreur de se retourner pour un dernier sourire et salut au public comme une star de cinéma, ce qui n'arrange pas son cas.
Résultat des courses, s'il s'excuse ensuite auprès de la reine du barouf qu'il a provoqué bien malgré lui, aux yeux de celle-ci son sort est scellé et bien qu'elle le remercie pour ses bons services, elle n'a qu'une hâte, qu'il parte pour Bruxelles.
Aussi le pauvre Townsend se retrouve vite devant ce qui ressemble fort à un conseil de discipline dirigé par Lascelles, qui lui fait bien comprendre qu'il doit faire ses bagages immédiatement pour la Belgique.
Peter offre plus de résistance que prévu. Il ne voit pas pourquoi on devrait revenir sur l'accord qui avait été passé et il est décidé à attendre le retour de Margaret avant de prendre poste à Bruxelles. Il se montre un peu trop assuré et tente d'utiliser sa récente popularité auprès des médias pour faire pression sur Lascelles, mais manque de bol, cela provoque l'effet inverse.
Face à un secrétaire privé imperturbable et soutenu par le gouvernement (représenté ici par Jock Colville), Townsend est bien obligé de s'incliner.
Inconsciente du drame qui se joue, Margaret est toujours en Rhodésie, prononçant un discours du même tonneau qu'Elizabeth au Kenya dans l'épisode 2 et portant des toast à sa reine de sœur.
Une fois le repas terminé, elle apprend le départ de Peter par courrier et telle une furie se précipite sur les domestiques pour qu'ils lui obtiennent Elizabeth au bout du fil.
C'est reparti pour un tour dans le monde formidables des communications téléphoniques des années 50! Sauf que pour ajouter à la difficulté, la reine a quitté Buckingham pour les écuries de Sandringham!
Elizabeth essaie d'expliquer à sa sœur que les événements partaient hors de contrôle mais Margaret ne veut rien entendre, et se convainc même que la reine était contre elle et Peter depuis le début parce qu'ils lui volaient la vedette et que puisqu'il en est ainsi, elle a intérêt à faire gaffe, Margaret prendra sa revanche.
C'est à vous dégoûter de vouloir rendre service et pour couronner le tout, Elizabeth se fait allumer par la presse.
Le même journal qui faisait ses gros titres sur le scandale que provoquerait le mariage de Margaret avec un homme divorcé taille un costard à la reine et l'institution qu'elle représente, complètement dépassées au point de traiter aussi cruellement ses propres membres à un âge où le divorce n'est plus une honte.
Alors que Margaret revient presque en tenue de deuil, tout le monde prend connaissance de la crise, par exemple les Churchill.
Mais aussi Wallis et Edward, qui pour leur part trouvent fort piquant de voir la reine condamnée plus ou moins pour les mêmes actions qui avaient été approuvées presque vingt ans auparavant quand il était question de leur mariage.
Je reste fascinée par ces coussins-carlins. J'ai presque envie d'en avoir chez moi pour que les invités que je ne veux pas retenir se demandent où ils ont mis les pieds et opèrent une retraite stratégique.
À Buckingham, Philip a au moins le bon goût de ne pas sortir à sa femme un "je te l'avais bien dit" des plus malvenus, mais estime simplement que dans deux jours on passera à autre chose.
Elizabeth est surtout contrariée par le fait que Margaret mettra quant à elle bien davantage que deux jours pour lui pardonner, mais Philip la rassure en disant qu'elle finira bien par le faire, car après tout ils y sont tous obligés. Vas-y Philip, continue de faire culpabiliser ta femme pour des trucs sur lesquels elle n'a que peu d'emprise, ça arrangera la situation. Cette petite virée à Wolferton Splash avec son beau-père continue de se perdre dans les brumes de sa mémoire, de toute évidence.
Pour prouver à quel point il est un soutient en temps de crise, il part avec son secrétaire Mike Parker pour un week-end chez un baron quelconque à la tête de leur club de gentlemen, et les voilà partis, avec une bonne provision de bibine.
Elizabeth se retrouve donc en rade dans son palais, les deux personnes dont elle est le plus proche la lâchant simultanément.
Même s'il est évidemment très triste de ne pouvoir épouser la personne que l'on aime et qui vous aime en retour, j'ai tout de même du mal à plaindre Margaret qui a tendance à m'agacer, avec ses manières d'enfant gâtée, ce qui fait que les épisodes comme celui-ci axés sur ses tourments me passionnent moins que les autres. Heureusement,
Gelignite parvient à rester intéressant, non pas dans le traitement de l'histoire d'amour mais dans celui de l'évolution de l'attitude de la presse vis-à-vis de la famille royale, et de la fatalité de cette évolution: pour ne pas être en décalage avec le monde moderne, la famille royale a utilisé les médias. Le couronnement en est le plus bel exemple mais cela avait déjà commencé auparavant (
Le Discours d'un Roi est un exemple connu de film sur la façon dont la radio avait déjà commencé à rebattre les cartes). Mais en se mettant en scène, elle a aussi invité le public à vouloir en savoir plus, et la presse à ne pas se contenter d'être le porte-parole de Buckingham mais de se montrer plus incisive. Avec ses bons côtés, puisqu'il est évidemment sain que les journaux soient indépendants du pouvoir et puisse mener des investigations sur les puissants, mais cela annonce aussi les mauvais aspects, avec l'essor des tabloïds.
Le Point Corgis: c'est vraiment la désolation, même eux abandonnent Elizabeth.
La semaine prochaine, on parlera éducation royale, ou de l'absence de celle-ci, et santé.