Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Potion précédente-Potion suivante
The Crown, saison 1 épisode 5: Smoke and Mirrors
Alors que son couronnement approche, Elizabeth décide d'associer son mari à ses préparatifs, mais les initiatives du Duc d’Édimbourg inquiètent en haut lieu.

On approche de la moitié de la saison avec cet épisode centré sur le couronnement d'Elizabeth. Bien qu'elle soit déjà reine depuis quelques mois, c'est l'occasion d'entériner la chose, mais comme d'habitude, cela ne va pas sans heurt.

On ouvre l'épisode avec un flash-back. Nous sommes le 11 mai 1937 et la jeune Elizabeth âgée de onze ans, est à Buckingham et se dirige vers le bureau de son père, qui potasse nerveusement les répliques qu'il doit dire pour son propre couronnement.

Pour l'aider, il demande donc à Elizabeth de tenir le rôle de l'archevêque. La scène permet de revoir une nouvelle fois Jared Harris en George VI, ce qui est toujours bon à prendre, mais se révèle utile à plus d'un titre puisque cela permet de faire passer des informations au spectateur sur quelques arcanes de la cérémonie, tout en montrant l'héritière être éduquée à son futur rôle de manière détournée.

Lilibet est en tout cas ravie de pouvoir aider et prend son rôle d'évêque très au sérieux, et c'est également l'occasion de voir que si son père est totalement fluide quand il lui parle, il a un peu plus de mal à dire les répliques préparées ou à évoquer exactement l'effet de l'onction sur le monarque. Encore une fois, ce n'est pas extrêmement appuyé mais bien présent.

Il n'est cependant pas le seul à buter sur les mots car "inviolably" donne du fil à retordre à Elizabeth, ce qui pousse son père à lui donner une petite explication de texte: il s'agit de faire une promesse qu'on ne peut briser, une promesse sacrée, autrement dit.

Il insiste sur l'importance particulière de l'onction (dont la reine Mary avait aussi parlé dans l'épisode précédent d'ailleurs), puisque c'est ce qui est censé lier le monarque à Dieu (également raison pour laquelle il est drôlement plus dur, officiellement en tout cas, de faire abdiquer un monarque après son couronnement qu'avant, ou en tout cas cela devait l'être à l'époque. Sur le papier tout du moins, quand la nécessité se fait sentir, on a tendance à s'arranger). Bref, Bertie lui fait mimer la cérémonie et c'est plutôt mignon.

Après quoi on amène la couronne de Saint Edward qui sert uniquement pour la cérémonie du couronnement. Il faut dire que le bestiau pèse plus de 2 kg, donc pas vraiment le truc qu'on a envie de porter tous les jours. Il ne s'agit pas de la vraie couronne de Saint Edward puisqu'une rumeur dit qu'elle a été perdue une première fois par Jean Sans Terre, et ce qui est beaucoup plus sûr, c'est que Cromwell avait ordonné sa destruction. Ce qu'on a là est en fait une reconstitution datant de Charles II.

En tout cas, George VI n'est pas spécialement heureux de devoir la porter et trouve de toute évidence qu'elle lui va comme des bretelles à un lapin. D'autant qu'elle a l'air sacrément instable, et que l'idée qu'elle ne le soit pas seulement physiquement n'est pas pour le rassurer.

Mais Elizabeth de son côté a l'air de trouver que papa a fière allure.

Nous voici de retour en 1953, et c'est désormais le tour d'Elizabeth de coiffer le chapeau, et de s'apercevoir qu'effectivement, c'est coton à trimballer.

Dans une scène qui fait évidemment totalement écho à ce qui a précédé, l'héritier est présent, sans se douter qu'il attendra nettement plus longtemps son tour (de fait, il attend toujours). Encore qu'il est un peu jeune et qu'il ne se pose sans doute pas trop de question à ce moment-là. Tout à son numéro d'équilibriste, la reine demande au valet (qui est exactement le même qu'au temps de son père et a exactement la même tête, dans le genre indéboulonnable serviteur qui a toujours été vieux) si elle peut l'emprunter histoire de s'entraîner et de ne pas faire choir la couronne le Jour J.

Ce qui ne manque pas d'amuser le gaillard, un peu interloqué. "L'emprunter? Mais à qui pensez-vous qu'appartient cette couronne?"

Après le générique, nous la retrouvons dont en train de s'exercer, toujours en compagnie de Charles et Anne, et elle décide de surprendre Philip dans cette tenue, simplement pour trouver les appartements de ce dernier complètement vides.

Monsieur, toujours gaga de ses leçons de pilotage, est en effet parti voler et la surprise tombe à plat. Le soir venu, Elizabeth a donc laissé tomber mais a une idée nettement plus intéressante. Cela demandera à Philip de laisser un temps ses leçons de côté, et tant pis s'il n'a pas son brevet en un temps record, mais elle a une suggestion qui devrait lui plaire: il pourrait participer à l'élaboration de la cérémonie du couronnement et pas comme second couteau, mais comme président du comité.

Et là on se dit, c'est cool, elle lui montre bien qu'elle lui fait confiance pour lui donner les responsabilités d'une cérémonie importante, mais Philip trouve le moyen de râler, elle cherche juste à lui donner une occupation parce qu'il lui fait pitié.

Et il continue de râler dans la voiture parce qu'à la cour on le déteste vu qu'il est étranger et ne se fond pas dans le moule (ce en quoi il n'a pas tort, mais justement, on lui offre une occasion de s'illustrer).

Et ça continue pendant le spectacle (qui a l'air hautement intellectuel, soit dit en passant), jusqu'à ce que Philip accepte, à condition qu'on lui laisse totalement carte blanche. Elizabeth accepte, tout en lui demandant de ne pas se laisser emporter. Mais Philip a bien l'intention d'imprimer sa marque.

Edward et Wallis, de leur côté, ont quitté New York pour s'installer en France, quelle chance on a, dans une baraque cossue avec un grand jardin pour que madame puisse recevoir comme elle l'entend. Le château est la propriété de la Ville de Paris qui leur fait un prix pour le loyer,ce qui est bien urbain, même si on se demande pourquoi cette faveur. C'est vrai qu'ils ne vivent que d'une rente, les pauvres choux.

C'est ce qu'explique Edward à une journaliste d'un papelard qui doit plus ou moins être un équivalent anglophone de Paris Match, et qui met vite les pieds dans le plat en appelant Wallis "Votre Altesse". C'est là que le bât blesse, hélas.

Comme cela a déjà été expliqué dans l'épisode 3 Windsor, la famille royale lui a toujours refusé le titre d'altesse royale bien que son époux en soit une. Elle doit donc se contenter d'être appelée "Votre Grâce", comme une duchesse ordinaire. Telle est la dépravation de ce monde.

Eh! C'est Roberta de Galavant!

Le duc a également accepté de faire une séance photo et de donner des conseils de mode pour un petit supplément. Les pauvres gens, j'espère qu'entre ceci, la rente et la ristourne sur le loyer, ils vont parvenir à respirer financièrement et vivre dans la dignité.

S'ensuit une séquence amusante où le duc et la duchesse prennent la pose dans diverses tenues pendant que David prodigue des perles de sagesse que je recopie ici, ce serait dommage qu'elles se perdent. On parle d'un homme qui a inventé un nœud de cravate, tout de même!

"But having had a naval background, I don't much care for fussy things or smells, but I do like a good, well-milled soap."

Voilà, pas la peine de perdre votre temps et votre argent chez Sephora, rien de tel qu'une bonne savonnette, les enfants!

Joli look de vieux beau. En attendant, sa nièce a de la chance que la télé-réalité n'existait pas à l'époque, ils auraient été capables de lancer Les fabuleux duc et duchesse de Windsor.

" No matter what the fashion, a well-cut suit in a beautiful fabric will take you anywhere."

Bigre, cet homme n'a pas usurpé sa réputation d'icône de la mode. Tout se passe bien même si la journaliste a l'air un poil crispé, à croire que même pour les standards de son magazine, c'est tout de même un peu creux.

Quant aux Windsor, ils ont l'air lassé de tout ce cirque, mais bon, il faut bien gagner sa croûte.

On a bien rigolé mais la séance prend un tour plus intime quand Edward invite la journaliste dans son nid d'aigle, ce qui d'après Wallis est un grand privilège.

C'est en effet là qu'il écrit, qu'il range la cornemuse dont il joue quand il a le mal du pays et qu'il entrepose quelques souvenirs, comme la boite rouge qui contient ses papiers d'abdication (un exemplaire, en tout cas, je serais étonnée qu'on l'ait laissé partir avec des documents aussi importants comme ça). Ce qui permet à notre amie journaliste de mettre une deuxième fois les pieds dans le plat.

C'est amusant, note-t-elle, il a été roi mais on ne l'a jamais vu porter de couronne. Ça ne fait donc pas partie de la panoplie?

Eh bien non. C'est bête à dire mais pour qu'un roi porte une couronne il faut préalablement qu'il ait été couronné.

Et comme l'explique David, "il n'est jamais allé aussi loin".

Le soir venu, et je partage d'abord une image de la déco de la demeure, parce que ça vaut le détour, si on aime les carlins en tout cas:

Le soir venu donc, le couple se délasse après cette intense journée de travail, et Edward raconte avoir reçu un coup de fil de John Weir, le médecin de la reine Mary, qui est au plus mal. Il devra donc aller à Londres, et il espère qu'elle est bien mourante car il n'aura pas le courage d'y aller deux fois.

Wallis se montre très compréhensive, du coup le duc lui propose des galipettes et on passe à autre chose juste avant, ouf, merci beaucoup.

Je m'étonne qu'aucun membre de cette famille n'ait jamais mis accidentellement le feu à un matelas à force de cloper jusque dans leur lit, et à ce sujet, le meilleur est encore à venir.

À Londres, Elizabeth doit quant à elle annoncer que c'est Philip qui chapeautera les préparatifs du couronnement, nouvelle qui ne ravit pas la Cour, peu chaude dès qu'un changement de programme pointe son nez, et encore moins si le Duc d'Édimbourg y est associé.

Sans surprise, Tommy Lascelles est celui qui freine le plus des quatre fers, au prétexte que le Duc de Norfolk est à la tête du comité, que son père a organisé le couronnement du père d'Elizabeth, que son grand-père a organisé le couronnement du grand-père d'Elizabeth, bref, le couronnement, c'est le truc du Duc de Norfolk. La Queen Mum essaie de trouver une alternative, en proposant que Philip s'occupe d'autre chose, elle ne sait pas, engager un photographe?

Elizabeth tient bon et Lascelles et la Queen Mum doivent donc battre en retraite.

La reine mère est d'avis d'attendre, Elizabeth se rendra compte d'elle-même que son choix est mauvais en temps voulu, et surtout, elle a d'autres chats à fouetter: le Duc de Windsor arrive, et elle le soupçonne de mijoter encore un mauvais coup, aussi compte-t-elle sur Tommy pour le contrarier.

David est en effet de retour à Londres et après s'être fendu d'un discours lénifiant à la presse, se rend au chevet de sa mère. Ou plus exactement, il partage son paquet de cigarette avec elle. Et ils partagent aussi le matelas.

Freud, au secours!

Il correspond toujours avec sa dulcinée restée à Paris, et encore une fois il est très en verve quand il s'agit de persifler. " My dearest, darling one London is as awful and hellish and as full of my smug, stinking relations as ever.

[...]

Each day I call on Mama in the afternoon, and although she doesn't look quite as bad as the doctors warned me, she'll never again be able to leave her rooms, far less go out in public. It's one of the hardest things I've ever had to endure. Spending so much time with a woman who has been so vicious and inhumane to you, my beloved, is wearing me down."

Alors qu'il s'épanche ainsi, on vient lui dire que l'Archevêque de Canterbury veut le voir et David a un peu de mal à intégrer que ce n'est pas ce dernier qui se déplacera à la convenance du Duc mais l'inverse. Cela ne fait que 17 ans qu'il n'est plus roi, on comprend qu'il ne soit pas encore habitué.

Il se rend donc chez l'archevêque et pressent d'entrée que ça va mal se passer.

Il faut bien dire que l'on a vu plus riant trio que celui composé de Jock Colville, l'archevêque de Canterbury et Tommy Lascelles, qui l'informent sans trop de détour qu'on ne souhaite pas qu'il assiste au couronnement de sa nièce, car en tant que roi qui n'a pu se résoudre à prêter le même serment, cela enverrait un "mauvais message". Ce qui ne plait évidemment pas à David et encore moins quand il comprend que s'il est privé de couronnement, c'est surtout parce que l'on craint qu'il ne veuille y amener sa femme.

S'ensuit un échange d'amabilités entre David et Lascelles, le premier accusant l'autre d'être un embarras pour l'institution et le pays qu'il sert, le second lui rétorquant qu'il a peut-être des leçons à recevoir sur la question d'être un embarras national, mais pas de la part du Duc de Windsor (eh oui mémé, t'es bien mouché!).

La situation ne s'arrange pas quand le duc tente de jouer la carte de l'oncle préféré de la reine et qu'on lui apprend que cette dernière a totalement appuyé la décision de l'exclure de la cérémonie.

"Oh, was it indeed? Well, we know from where she gets that ice in her veins. And it wasn't from my own dear, weak brother."

" Nothing weak about the late King, sir. I'm sure I speak for everyone present when I call him a hero."

On peut reprocher bien des choses à Lascelles, mais pas de se laisser impressionner par le Duc. Il faut dire qu'il avait été son secrétaire privé quand ce dernier était Prince de Galles, et après avoir été charmé au début de son emploi, avait déchanté et fini par claquer la porte, estimant qu'il avait gâché les meilleures années de sa vie.

Même s'il a eu par la suite des échanges moins acrimonieux avec son ancien patron, ce n'était clairement le grand amour et l'estime mutuelle qui prévalaient.

Cela dit, David comprend qu'il n'aura pas gain de cause, mais a une idée qui sauvera les apparences, c'est déjà ça.

On n'a qu'à décider que le couronnement est interdit à tous les anciens rois, et il n'aura pas de raison de se déplacer, sans que le public pense qu'il est personnellement visé. Pas certaine que cela trompe grand monde, mais officiellement, ça devrait passer.

Et pour conclure sur une bonne note cette discussion agréable, on l'informe du décès de sa mère.

Il peut au moins être rassuré, il n'a pas fait le voyage pour rien. Alors qu'on le voit se recueillir devant le lit de mort de la reine Mary, il continue ses joyeux compte-rendus à Wallis.

" My own darling sweetheart. Well, at last it's all over. Mama took ill in the afternoon, then began haemorrhaging in the early hours. Doctors plied her with tranquilizers and morphine to ensure there was no suffering. In the end, she passed in her sleep. I was sad, of course, but let's not forget how she clung to such hatred for me, her eldest, till the last. I'm afraid her blood ran as icy cold when she was alive as it does now she's dead."

Ce serait plus crédible si deux scènes auparavant on ne l'avait pas vu demander à son fils de ne pas la quitter.

S'ensuit un passage assez glauque où le reste de la famille tripote tous les bibelots dans les appartements de Mary pour décider qui prend quoi. Ce que ne manque pas de relever David.

"Later in the day, all the members of the family assembled to identify which of her personal possessions they would most like. Not entirely. I told Shirley Temple what I had my eye on. Because I shan't be there when the jackals descend I don't suppose it will do much good."

Il critique, il critique, mais il entend bien avoir sa part.

Et vous en reprendrez bien une louche:

"What a vile, tawdry rabble my relatives are and what a sad, desiccated bunch of hyenas most of them have become. But I'm tired of talking about it. I yearn for our perfect life together, away from the snarling and the sniping of the Court."

David est l'exemple du narrateur peu fiable, mais il a une place intéressante dans l'histoire, un peu comme Philip d'ailleurs, dans le sens où il a un pied dedans et un pied dehors. Suffisamment rejeté pour pouvoir porte un regard critique sur toute la bande, et il y a de quoi critiquer, mais incapable de réaliser ou d'admettre qu'il bénéficie de privilèges uniquement parce qu'il fait partie de cette même bande, et qu'il ne vaut au final pas mieux, tout rebelle qu'il pense être.

On assiste alors à l'enterrement de Mary, sur le même moule que celui de Bertie deux épisodes plus tôt ce que ne manque pas de relever Philip. Le rituel est immuable, aucune fantaisie (c'est vrai qu'ils auraient pu rajouter quelques danseuses de french-cancan, quoi!)

Elizabeth lui fait comprendre que le moment est mal choisi pour commenter, mais son mari est sur un truc, et on sent les engrenages tourner alors que la reine rend à mère-grand un dernier hommage.

Philip a eu beau traîner des pieds pour présider le comité, à présent, il a bien l'intention d'y aller à fond et passe donc une nuit en intenses cogitations, ce qui n'est pas quelque chose qu'on le voit faire souvent dans la série, pour l'instant en tout cas.

Le voilà donc prêt à exposer ses intentions au reste du comité, et en attendant, tourne ce dernier en dérision avec son secrétaire, car tout ce beau monde sort d'Eton et autres écoles d'élite, tout un monde dont Philip estime ne pas faire partie, en tout cas on lui fait bien sentir qu'il ne vient pas exactement du même univers.

Philip commence donc son boniment. Il faut arrêter de regarder sans arrêt vers le passé. On a la chance d'avoir une jeune reine toute nouvelle, profitons-en pour reconnaître qu'il s'agit d'une ère de changement, et le couronnement devrait illustrer ça.

Évidemment, tous les vieux de la vieille, à commencer par Churchill, craignent déjà le pire, surtout quand Philip lâche sa bombe.

En effet, Philip est d'avis que le couronnement devrait être diffusé en direct et en intégralité à la télévision. Shocking. Ce n'est pas la première fois qu'un couronnement est filmé, c'était le cas de celui de George VI, mais seuls des extraits après remontage avaient été montrés pour des actualités.

Le Duc de Norfolk, qui avait ses propres idées quand il était celui en charge du gouvernement (des idées qui devaient se résumer à faire comme papa) est évidemment le plus réticent malgré l'assurance de Philip que tout sera du meilleur goût (accessoirement, Norfolk est joué par le même acteur qui interprétait Lord Wigram dans Le Discours d'un Roi).

Hélas, Norfolk n'est pas du tout apaisé. Il court donc chez Churchill se plaindre que Philip fait n'importe quoi, et que ce n'est pas parce que la reine veut lui donner une occupation pour qu'il se sente important que tout le monde doit en supporter les conséquences et s'exposer au ridicule.

Pour une fois, Churchill n'a pas l'air très inquiet, jusqu'à ce que Norfolk lui annonce que la télévision n'est que la partie immergée de l'iceberg.

On connait désormais la routine: Churchill rapplique immédiatement chez la reine pour se plaindre de la conduite du Duc d'Édimbourg. Tous ces changements sont bien gentils, et seraient sans doute très pertinents si Philip dirigeait une entreprise, mais la Couronne ne fonctionne pas de la même manière, il y a des symboles auxquels on ne doit pas toucher.

Elizabeth, qui craignait justement que son époux ne se laisse un peu emporter quand elle lui a laissé carte blanche, se met donc à stresser au sujet de ce qu'il lui réserve.

Elle se rend donc à Westminster pour demander quelques explications au Duc. Tout d'abord sur la nécessité de transmettre à la télévision tout le tremblement. Du point de vue d'Elizabeth, il serait de mauvais goût d'étaler une cérémonie aussi luxueuse au peuple qui souffre encore des restrictions de la guerre, et de plus, cela ferait perdre de la magie et du mystère à l'institution. La Couronne est un idéal dont les gens doivent s'inspirer et pas un grand spectacle.

Pour Philip, au contraire, on doit vivre avec son temps et ne pas exclure le peuple du couronnement, sous peine qu'il ne se reconnaisse pas dans une famille distante et enfermée dans une bulle et qui ne les laisse profiter de rien. Il prend alors exemple sur sa famille qui a été chassée de Grèce pour cette raison, mais Elizabeth pense qu'il dramatise. Évidemment, pour le spectateur moderne qui sait que plus de six décennies plus tard ils seront encore là, ces inquiétudes paraissent ridicules, mais vu le nombre de monarchies renversées dans la première moitié du XXe siècle, on peut comprendre que les premiers concernés aient alors été moins sûrs d'eux.

La télévision n'est pourtant pas ce qui chiffonne le plus Elizabeth: c'est la décision de Philip de ne pas s'agenouiller devant sa femme. Ah ben oui, il faut moderniser et tailler un peu dans tous les petits rituels. Au hasard, celui-là. Évidemment, Elizabeth n'est pas dupe, son mari ne désire pas tant être à la page sur ce coup que préserver sa fierté de mâle alpha.

"Are you my wife or my Queen?

- I'm both.

- I want to be married to my wife.

- I am both and a strong man would be able to kneel to both.
(oui, bien envoyé, défends-toi, Lilibet!)

Finalement, Philip obtiendra que la cérémonie soit télévisée, et Elizabeth qu'il bends the knee, décidément c'est très tendance. Bon, et puisque c'est Philip qui voulait que ce soit retransmis mondialement, tout le monde le verra faire, tel est pris qui croyait prendre.

Dans la réalité, rien n'indique qu'il ait fait des histoires pour cela, mais on sait qu'il avait du mal à accepter que ses enfants ne portent pas son nom, et dans l'ensemble les premières années du règne d'Elizabeth II ont été assez chaotiques niveau couple le temps qu'il accepte certaines réalités. On est donc dans le cas d'une élément de scénario faux mais pas invraisemblable et en tout cas en raccord avec le thème général.

En tout cas on a enfin l'occasion de voir Elizabeth gagner sur tous les tableaux en imposant son mari aux conservateurs de la cour comme elle le désirait, tout en ne se pliant pas aux moindres désirs de ce dernier pour lui faire plaisir.

Le grand jour arrive enfin, et on le verra en grande partie à travers les yeux du Duc de Windsor, qui le suivra depuis Paris avec sa femme et toute une foule d'invités français et américains. Donc il se prépare soigneusement, il a même besoin d'un laquais pour lui tenir un miroir alors que la coiffeuse est juste à côté. Qu'il est cruel d'en être réduit à une telle misère.

Le voilà devant son poste de télé, qu'il n'a hélas pas acheté chez Magpie Electrical, ça aurait fait un crossover rigolo. Il commente la cérémonie, ce qui est utile pour les spectateurs et ses hôtes, et évidemment il en profite pour être sarcastique au sujet des acteurs du couronnement tout comme des rituels. Au début en tout cas.

Quand on avait annoncé que l'intégralité du truc serait retransmise, c'est un peu inexact, car l'onction restera entre la reine et l'archevêque, et à la grande déception de l'assemblée, les caméras se fixent sur l'autel pendant tout ce temps, histoire d'entretenir le mystère.

Et David, comme les autres simples mortels, reste donc en dehors du coup, et il a de moins en moins envie de rire...

À Westminster, c'est donc l'onction, et l'archevêque patine un peu, mais Elizabeth a retenu les leçons de son père et lui file un coup de main sur le "inviolably".

La voilà donc ointe et comme elle est très pieuse et marquée par les leçons de son père et de sa grand-mère, nul doute qu'elle croit dur comme fer qu'elle est désormais liée à Dieu par son serment et ne peut plus se défausser de ses devoirs.

David, lui, tente encore de souligner l'absurdité de ce qui vient d'arriver, mais le cœur n'y est pas vraiment.

"Oils and oaths. Orbs and sceptres. Symbol upon symbol. An unfathomable web of arcane mystery and liturgy. Blurring so many lines no clergyman or historian or lawyer could ever untangle any of it."

Il est le premier à reconnaître qu'il s'agit d'un patchwork de rituels devenus complètement abscons avec le temps, mais quand un de ses invités remarque que c'est totalement dingue, il s'inscrit en faux.

Alors que la cérémonie continue et qu'on en arrive au couronnement proprement dit, il défend soudain tout ce cirque.

"On the contrary. It's perfectly sane. Who wants transparency when you can have magic? Who wants prose when you can have poetry?"

" Pull away the veil and what are you left with? An ordinary young woman of modest ability and little imagination."

"But wrap her up like this, anoint her with oil, and hey, presto, what do you have? A goddess."

Et David a beau n'avoir jamais voulu être roi, avoir fui les responsabilités liées à la fonction et avoir détesté tous les rituels et l'étiquette qui l'entouraient, au fond, il regrettera toujours un peu de ne pas être allé jusqu'au bout et d'être exclu de ce que vient de vivre Elizabeth.

Mais il faut faire bonne figure et quand on lui demande s'il ne regrette pas d'avoir laissé passer la chance de devenir un Dieu, il joue la carte de la romance à faire pleurer dans les chaumières.

Bien sûr que non, il ne regrette rien, rien de rien, car que vaut une couronne quand on peut avoir l'amoouuur?

Oui, enfin, il y a des jours où cela doit être plus facile de s'en convaincre que d'autres...

Pendant ce temps, Philip ravale sa fierté et ploie le genou. Pour lui aussi il y a des jours où il doit essayer de se convaincre que ce mariage valait le coup.

Le soir venu, alors que le Duc de Windsor suit une retransmission, il a une petite crise de vague à l'âme.

Comme on l'a appris en début d'épisode, mal du pays signifie récital de cornemuse, et on comprend mieux l'intérêt d'une vaste propriété.

Bon ben c'était très bien tout ça. On a une Elizabeth qui s'impose tout en discrétion mais c'était vraiment l'épisode d'Alex Jennings et le fait de montrer le couronnement en grande partie par les yeux du Duc était assez malin (une reconstitution complète et fidèle aurait été superflue à l'heure où l'on peut tout voir sur youtube). Je regrette qu'on ne voit sa relation avec Wallis que sous l'angle de la belle romance qui défie les conventions, mais on a par ailleurs un bon portrait d'un homme confit dans ses rancœurs et qui rejette la responsabilité de ses malheurs sur les autres, tout en menant une existence creuse à leur crochet.

Point Corgis: il va falloir lancer des recherches, là, leur absence devient inquiétante.

Dans le prochain épisode, on assistera à la peopolisation de la vie royale.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 1 Octobre 2017, 15:24bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".