Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Ça
Plus d'un quart de siècle après avoir vaincu Ça, la créature protéiforme qui hante la petite ville de Derry et se réveille à intervalle régulier pour tuer des enfants, Bill et ses amis reviennent sur les lieux de leur enfance pour y faire face une nouvelle fois.

Non, je n'ai pas vu la nouvelle adaptation, signée Andy Muschietti, en avant-première. Néanmoins, celle-ci était un bon prétexte pour relire le pavé de King, d'autant que je n'avais jamais écrit un billet dessus. En réalité, je n'avais pas tellement besoin de me le remettre en mémoire, ma dernière lecture remontant à environ deux ans et ce n'était pas la première depuis que j'ai découvert le roman à l'âge de 12 ans. Pour poser le contexte, toute la classe sauf moi semblait avoir vu le téléfilm lors d'une de ses diffusions et en parlait avec excitation. Dégoûtée d'avoir loupé ce qui ressemblait à un bon moment d'épouvante tel qu'on le conçoit au collège, j'étais allée emprunter le livre au CDI (un premier tome défraichi de l'édition J'ai Lu, aux couvertures illustrées avec un mauvais goût réjouissant). C'était mon premier Stephen King, mon premier roman d'horreur pour adultes, et je m'étais pris une sacrée claque.

Ça, c'est évidemment l'histoire d'un monstre dont la forme la plus connue est Grippe-Sou, le clown cabriolant et une scène d'ouverture marquante où un bambin se fait arracher le bras en espérant récupérer le bateau en papier construit par son frère. Mais c'est également beaucoup plus que cela. Ce qui rend le roman si fascinant, ce ne sont pas tellement les passages où le monstre apparait pour faire un mauvais sort à un garnement, bien que certains soient mémorables, (ah, la disparition de Patrick Hockstetter!). Ça fait partie de ces œuvres où le lieu est un personnage à part entière. On découvre l'histoire de Derry au fur et à mesure, son développement sous la vigilance de Ça, la violence plus ou moins cachée sous l'apparence d'une paisible ville du Maine et les cycles réguliers où la créature se réveille, marqués par de véritables massacres en ouverture ou en fermeture, parfois d'origine surnaturelle, parfois bien humaine (car si Ça influe sur les comportements, Ça ne fait qu'exploiter des pulsions déjà présentes). Le plus terrifiant finit d'ailleurs par ne pas être le monstre lui-même mais la façon dont sa présence est acceptée, peut-être inconsciemment, mais acceptée quand même par les habitants de Derry.

L'autre grande force de Ça, c'est sa peinture de l'enfance et de cette bande d'amis qui se forme pendant l'été 58, ces personnages tous attachants et rejetés pour une raison ou une autre (ce qui permet également de mettre en relief diverses formes de maltraitance), du sens du merveilleux unique à l'enfance, mais aussi des terreurs qui vont avec, et comment s'en souvenir une fois adulte. C'est aussi des personnages mémorables, des Ratés à l'affreux Henry Bowers et sa bande de brutes en passant par Will Hanlon, seule figure paternelle raisonnable et Sonia Kaspbrak, terrifiante de possessivité.

La construction non linéaire est également habile et permet de ne pas avoir trop d'avance sur les personnages dans la partie se déroulant en 1985. Certes, le roman n'est pas sans défaut. L'affrontement final par exemple prend un tour ésotérique qui n'est pas inintéressant mais un peu trop flou (le genre de passage qui tient tout de même sur papier mais qu'il sera difficile d'adapter). Le style King, en particulier dans les dialogues, qui m'avait tant marquée adolescente me lasse un peu (la traduction peut jouer) et parait parfois artificiel. Cela ne pèse cependant pas bien lourd face au reste, et la richesse du livre fait qu'on retrouve toujours avec plaisir le Club des Ratés, que ce soit à 12 ans ou plus de vingt ans après.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 5 Septembre 2017, 10:41bouillonnant dans le chaudron "Littérature".