Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Club
François, Mick, Annie, leur cousine Claude et son chien Dagobert ont vécu ensemble de formidables aventures lors de leurs vacances. Et puis ils ont grandi, vieilli, et pas toujours bien. Lorsque Claude invite la bande à fêter le réveillon à Kernach dans la Villa des Mouettes, c'est peut-être l'occasion de renouer des liens. La mort de la tante Cécile dans des circonstances suspectes n'arrange cependant pas une réception déjà mal engagée.

Le premier roman que j'ai lu, dans mes souvenirs en tout cas, était Le Club des Cinq en Péril. Couverture cartonnée, illustrations de Jean Sidobre. Il fut suivi de bien d'autres, dans des éditions de la même époque ou antérieures, héritées de ma mère. J'ai également expérimenté les aventures écrites par la traductrice, agrémentées de pages en bandes dessinées, et j'ai vécu le passage aux premières couvertures souples avant d'abandonner la bande pour d'autres types d'intrigues. Mais la série d'Enid Blyton fait partie de mon enfance avec toute la nostalgie qui va avec malgré le recul qui fait prendre conscience des défauts de ces récits. Dans Le Club, Michel Pagel revisite cet univers en laissant le lecteur découvrir ce que les héros pourraient être en tant qu'adultes, et ce n'est pas très joli.

Une des caractéristiques du Club des Cinq, c'est qu'aucun de ses membres ne vieillit alors que si l'on met bout à bout toutes les vacances d'été qu'ils ont passé ensemble, ils ne peuvent pas rationnellement être des enfants durant toutes leurs aventures. Les dépeindre adultes est donc bien plus un défi, et bien plus une incongruité, que faire subir le même traitement aux héros de Harry Potter par exemple, puisque contrairement à sa compatriote J.K Rowling a eu le soucis de les faire mûrir et de donner une idée des adultes qu'ils vont devenir (et ce sans même compter l'aperçu dans l'épilogue).

On se rend vite compte que l'auteur ne se contente pas de les imaginer dans l'âge mûr mais également de livrer toute une réflexion sur la série et sa peinture de l'enfance. On se retrouve donc avec une œuvre méta qui évoquera au cours du récit les différentes éditions des romans, ou la question de la traduction (quel lecteur français n'a pas été choqué en découvrant que les héros de son enfance ne s'appelaient pas du tout François, Claude, Mick, Annie et Dago?).

Le résultat est en tout cas assez noir. Claude et Mick n'en sortent pas indemnes mais ils s'en tirent plutôt bien. Probablement parce qu'ils étaient les personnages qu'on avait tendance à préférer, la première parce qu'elle était la plus travaillée du lot avec son mauvais caractère mais sa loyauté, sa façon de ne pas se conduire selon les attentes de la société et le second parce que c'était le plus amusant. Il m'a toujours été difficile de m'intéresser à Annie, trop niaise, ou François, le sentencieux dont la maturité ne paraissait pas bien réaliste. Ce sont ces deux-là qui prennent le plus cher (Pilou n'est pas gâté non plus), Annie devenue une femme aigrie après l'échec de ses mariages et François effrayant dans son intransigeance. Ce n'est d'ailleurs pas juste une question de préférence que j'aurais en commun avec Pagel, mais de personnages plus complexes et réalistes que les autres, et qui ont le plus de potentiel pour devenir de "vrais" adultes.

Le mystère entourant la mort de Cécile est vite levé, mais après tout, les aventures du Club des Cinq n'ont jamais été du whodunit et si on a souvent parlé du caractère sinistre de Peter Pan, l'enfance éternelle des héros de Blyton, même si elle est juste un moyen de prolonger indéfiniment une série et non un des sujets de l'intrigue comme chez Barrie, prend un tour assez sombre quand on découvre le prix à payer pour passer de belles vacances à la Villa des Mouettes.

Le roman est court et rythmé mais l'on peut regretter que Mick n'y apparaisse pas davantage par rapport aux autres. Malgré cela, si l'on n'a pas peur de voir les héros de son enfance passer à la moulinette, Le Club est une bonne petite lecture qui nous les fera voir sous un tout autre angle quand on feuillètera un vieux volume dans un moment de nostalgie.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 7 Avril 2017, 21:31bouillonnant dans le chaudron "Littérature".