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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Taboo, saison 1
À l'occasion des funérailles de son père, James Delaney, considéré comme mort, réapparait. Héritant d'une terre en Amérique qui suscite la convoitise de la couronne britannique, de la puissante Compagnie des Indes Orientales et des États-Unis, Delaney a ses propres plans et avec une petite bande hétéroclite, compte bien se jouer de tout ce beau monde pour atteindre son but.

Cette coproduction de la BBC et de la chaîne américaine FX avait de quoi intriguer. Écrite par Steven Knight, scénariste notamment de Peaky Blinders, elle était la grande idée de l'acteur Tom Hardy et de son père Chips. Une mini-série se déroulant dans l'Angleterre de la Régence, avec une touche de surnaturel, une plongée dans les bas-fonds et dans les salons des grands de ce monde (et l'on ne sait pas quels endroits sont les moins bien fréquentés), des intrigues et des morts violentes, que des ingrédients à même de provoquer une curiosité certaine, mais également quelques craintes. En effet, s'il doit être satisfaisant pour un acteur de se créer le personnage de ses rêves, le désir de Tom Hardy de jouer, à l'entendre, un mélange de Bill Sykes, Hannibal Lecter ou encore Heathcliff (entre autres) pouvait laisser entendre que l’œuvre ne serait qu'un vaste égo-trip.

Heureusement, si Tom Hardy compose un personnage totalement hors du commun, menaçant, éventrant deci delà ou ensorcelant sa demi-sœur, dans tous les sens du terme, le tout sans cesser de grommeler, le scénario ne se contente pas de lui servir la soupe.

Il faut un peu de temps pour comprendre non seulement où l'on veut nous mener, mais aussi à quel objet on a affaire. Taboo n'est pas une adaptation, contrairement à beaucoup de productions en costume, et elle n'est pas non plus focalisée sur des personnages historiques, malgré l'apparition du Prince Régent (Mark Gatiss maquillé comme une voiture volée, qui semble imiter Peter Ustinov imitant Robert Morley jouant Priny. Déjà un indice que la mini-série est bien plus folle que ce que son aspect sombre et crasseux peut laisser penser au départ). Bref, un détour par Wikipédia entre deux épisodes n'aidera guère le spectateur à mieux se figurer ce qu'il est en train de voir.

Taboo est finalement un bon gros mélange de récit gothique et de penny dreadful, un récit populaire jouant volontiers la carte du malsain et de la violence alliée à une ambition de dépeindre les luttes de pouvoirs de l'époque, entre les gouvernements officiels comme celui du Régent ou des États-Unis (alors en guerre) et une entreprise commerciale tentaculaire aux pratiques malhonnêtes, la Compagnie des Indes, aucun ne faisant preuve de considération pour les individus sur leur chemin. Malgré un aspect foutraque et une galerie conséquente de personnages, la plupart peu recommandables, le dernier épisode parvient néanmoins à lier convenablement quasiment toutes les intrigues lancées.

Parmi les qualités notables, esthétiquement la série est une merveille. Mise en scène par les Scandinaves Anders Engström et Kristoffer Nyholm, elle ne se démarque pas dès le début des dernières séries en costume britannique qui ont prouvé leurs qualités à ce niveau, mais livre après quelques épisodes des plans de toute beauté:

De plus, alors que l'inquiétude majeure consistait à croire que Tom Hardy allait se réserver le meilleur, on découvre toute une galerie de personnages hauts en couleur ou redoutables qui ont l'occasion de marquer le spectateur: Jonathan Pryce et Jason Watkins campent des adversaires sans scrupules inquiétants à souhait tandis que Tom Hollander est jouissif en chimiste excentrique. Lucian Msamati, Jessie Buckley et Edward Hogg offrent aussi des personnages plus sensibles que les spectateurs peuvent vouloir voir triompher au milieu de tout ce panier de crabes, ne limitant pas l'histoire à un affrontement cynique entre crapules. Seule Oona Chaplin n'est pas très bien servie par un personnage d'éternelle victime.

Pas forcément évidente à appréhender d'entrée, surtout si l'on attend une mini-série façon adaptation de Dickens avec un peu plus de sang et de sexe, Taboo est un spectacle atypique qui mérite néanmoins qu'on s'y accroche.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 26 Février 2017, 15:07bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".