Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Dickensian saison 1
Jacob Marley, l'associé de l'usurier Ebenezer Scrooge, est retrouvé assassiné. Tandis que l'inspecteur Bucket essaie de démasquer le meurtrier alors que les suspects ne manquent pas, de son employé Bob Cratchit au brutal Bill Sykes, Miss Havisham hérite de la fortune de son père, au grand dam de son demi-frère Arthur, alors que la famille de sa meilleure amie Honoria Barbary connait des déboires financiers qui pourraient compromettre les projets de mariage de celle-ci.

La BBC a fait part il y a quelques mois de son intention de mettre un frein aux adaptations en mini-séries des romans de Jane Austen et Charles Dickens et de se concentrer sur des téléfilms basés sur des œuvres et des auteurs moins souvent portés à l'écran. Il est vrai qu'entre la Beeb, sa rivale ITV et le grand écran, on se retrouvait avec les mêmes histoires revenant tous les dix ans, parfois avec très peu d'intervalle d'écart comme Great Expectations, diffusée en trois parties sur la BBC en 2011 tandis que le film de Mike Newell sortait au cinéma en 2012. La chaîne n'a pourtant pas abandonné un des auteurs phares du patrimoine britannique mais a tout de même tenté une nouvelle approche avec Dickensian: un gros crossover où des personnages issus de différents romans de Dickens interagiraient. Ce qui pouvait donner un résultat très ludique et amusant ou tomber dans le name-dropping inconsistant. Bilan des courses après une saison? Les deux, mon capitaine.

Le créateur de la série, Tony Jordan, a officié dans l'écriture de soap et s'est lancé dans une approche un peu similaire avec un nombre élevé d'épisodes pour une série en costumes (20 au total), un format court, et il n'est donc pas étonnant que les horaires de diffusion aient été un peu inhabituels, souvent en semaine, entre un épisode d'Eastenders et un talkshow. On retrouve également l'idée d'une grosse galerie de personnages vivant tous dans le même quartier et en proie à toutes sortes de problèmes, du plus banal au plus mélodramatique. Si ce parti-pris peut paraître incongru il ne l'est pas tant que cela pour des œuvres de base qui paraissaient en feuilleton et qui ne rechignaient pas devant les renversements de situation, le toutéliage, et les scènes tire-larmes. Néanmoins, ce n'est pas toujours heureux.

Le prix à payer par John Heffernan pour enfin jouer un personnage à peu près sympathique: une coiffure immonde

Il faut bien un épisode entier pour se mettre dans le bain: les lecteurs de Dickens vont repérer les personnages et à quels romans ils renvoient, au risque de passer à côté de ce qui se dit. Une fois n'est pas coutume, les néophytes auront peut-être une meilleure compréhension des événements, mais passeront à côté de cet aspect et se retrouveront devant un drame en costumes de plus. Une fois Marley tué, l'intrigue est posée et l'on y retrouve un peu mieux ses petits. La saison est divisée en trois arcs principaux: l'enquête de Bucket (venu de Bleak House), et les événements concernant Amelia Havisham et Honoria Barbary qui vont conduire à Great Expectations ou Bleak House tandis que vont graviter autour des personnages issus entre autre d'Oliver Twist, Our Mutual Friend, The Old Curiosity Shop et bien sûr A Christmas Carol. Si on sait donc où certaines intrigues vont conduire, il y a quelques entorses aux romans pour regrouper tout le monde, Satis House se trouvant par exemple au centre de Londres. Les décors sont très réussis mais en extérieur sentent justement un peu trop les décors. Cela participe au côté irréel de cet univers plein de personnages de romans différents, mais il arrive aussi de se sentir un peu trop à l'étroit. De plus, si les trois grands axes sont assez bien menés, les sous-intrigues sont beaucoup moins intéressantes et sentent le remplissage pour caser autant de noms connus que possible. Avec comme écueil principal, le couple Bumble.

Dickens aimait dépeindre des personnages comiques et assez excentriques et outranciers, qui donnent la part belle au cabotinage dans les adaptations. Cela n'empêche pas les acteurs de s'en tirer et d'être vraiment amusants dans nombre d'entre elles. Ici, les scènes qu'on réserve aux deux interprètes auront bien du mal à décrocher un sourire et on en vient parfois à avoir carrément de la peine pour eux (même s'ils arrivent miraculeusement à être touchants dans les dernières secondes de la saison, en ne faisant quasiment rien). Si l'humour est souvent présent dans les romans, il a ici bien du mal à transparaitre à l'écran et se fait lourdingue, et il est heureux qu'on se concentre davantage sur le drame.

De ce côté-là, même si l'on nous réserve peu de surprise, c'est bien mené, et bien servi par la distribution. Il serait fastidieux de citer tout le monde mais Stephen Rea fait comment souvent du bon travail dans le rôle de Bucket, et Alexandra Moen et le nouveau venu Joseph Quinn émergent du lot en Frances Barbay et Arthur Havisham, se débrouillant pour susciter toujours un peu de pitié quand ils se conduisent mal sans devenir jamais vraiment sympathiques quand ils essaient de bien faire.

La saison laisse ces personnages là où les romans sont faits pour être lus et relus pour les spectateurs qui veulent connaître la suite. Même si elle n'est qu'à moitié convaincante, une suite avec d'autres personnages ou un autre auteur suivant le même concept ne serait pas de refus.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 22 Février 2016, 13:37bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".