Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Malaterra, saison 1
La saison estivale bat son plein à Malaterra, tranquille village du Cap Corse, quand un matin, on découvre sur la plage le corps sans vis du jeune Nathan Viviani. Karine Marchetti, autochtone amie de la famille de la victime et son supérieur Thomas Rotman, récemment arrivé, vont devoir démasquer le coupable.

La première saison de Broadchurch avait rencontré un immense succès lors de sa diffusion sur ITV, ce qui l'avait naturellement menée jusqu'à la case remake. Chris Chibnall et David Tennant avaient eux-même rempilé pour Gracepoint destinée à la télévision américaine, sans grand succès. France 2, de son côté, nous a récemment présenté sa version, Malaterra. Le besoin de faire une nouvelle mouture d'une série récente pour faire plus couleur locale est déjà sujette à débat. Si on peut être en désaccord avec l'argument du décalage culturel qui empêcherait d'apprécier l'original, on peut néanmoins le comprendre. Dans le cas de France 2, la chaîne avait fortement promu Broadchurch, jusque dans ses bulletins météo, et en avait été récompensée par une belle audience. L'intérêt d'un tel remake est donc encore plus ténu, et donne surtout l'impression de vouloir prolonger une formule qui marche sans prendre de risques, ce qui n'incite ni à l'optimiste, ni à l'indulgence quand on se lance dans Malaterra, tout au plus une vague curiosité.

La série ne manque pourtant pas de qualités. Tout d'abord, si l'on ne retrouve pas la falaise si particulière et oppressante de Broadchurch, le tournage en Corse implique de beaux paysages, notamment la plage de Nonza (et une citadelle comme lieu du crime, ça a une autre allure qu'un bungalow). La distribution est honnête. Bien sûr, j'en entend d'ici hurler que Simon Abkarian n'est pas David Tennant, mais tout le monde fait solidement son boulot. De plus, il y a certains changements, et je développerais les principaux plus tard, mais il y en a au moins un que j'ai trouvé pertinent et même logique. j'avais toujours tiqué, dans Broadchurch, quand Susan donne le skate de Nathan au fils d'Ellie Miller alors qu'elle sait que sa mère mène l'enquête. Elle n'a aucune raison de vouloir attirer les soupçons sur elle et elle n'a aucune raison valable de courir un tel risque. Dans Malaterra, le garçon prend le skate dans son placard sans sa permission, ce qui amène le même résultat de façon plus logique.

Hélas, tout n'est pas du même niveau. Quitte à opérer des changements, on aurait pu supprimer le personnage du médium mais il a été conservé. Certaines modifications, comme la nature des problèmes de santé de Rotman, donnent l'impression de différer seulement pour que le scénariste puisse dire que non, il ne s'est pas contenté de changer les noms, mais qui donnent surtout l'impression de jouer au jeu des 7 erreurs pour un spectateur qui a Broadchurch en tête. La plus grande modification vient dans l'identité du coupable, que je vais révéler (ainsi que le coupable de Broadchurch, pour ceux qui ne l'aurait pas vu, donc si vous voulez conserver la surprise, n'allez pas au-delà de la photo).

Dans ce remake, Karine est veuve, ce qui écarte forcément son mari de la liste des suspects... mais reporte immédiatement les soupçons sur les parents de Karine, personnages inédits, et on soupçonne vite une partie de la vérité. La solution est assez habile pour qu'on ne l'entrevoit qu'en partie justement mais surprend plus par l'étendue de l'horreur que par l'identité des coupables. Paradoxalement, cette complexité et ce surcroit de sordide font perdre au dénouement de son efficacité (en étirant inutilement la nature du secret) et de sa cruauté. Plus tôt, la série en avait également rajouté dans l'histoire de Suzanne, suffisamment glauque dans l'horreur ordinaire sans faire de son mari un pseudo-Marc Dutroux. Des viols incestueux sur sa fille, ça suffisait. Mais du coup, on perd un peu de l'impact de la réplique de l'enquêtrice sur le fait que Suzanne aurait du savoir. Ellie se retrouve dans la même situation à la fin, hantée par la culpabilité, condamnée à se demander si elle n'aurait pas pu voir des signes avant coureur et rejetée par sa meilleure amie. La situation de Karine n'est pas la même. Si son dégoût et son horreur à l'idée d'être le fruit d'un inceste et apparentée aux coupables sont compréhensibles, le crime originel remonte à avant sa naissance et s'il y avait un malaise palpable dans sa famille, tout le monde comprend qu'elle est une victime au même titre que sa sœur/mère et la surenchère dans l'ignoble rend le final sombre mais il est peut-être plus dur pour le spectateur lambda de s'y retrouver autant.

Quoiqu'il en soit, Malaterra n'est pas au final une mauvaise série, et elle tiendra peut-être en haleine quelqu'un n'ayant pas vu Broadchurch (qui, il faut le reconnaître, n'était pas un parangon d'originalité). Mais pour les autres, tout en proposant quelques pistes inédites, elle souffre tout de même de ne pas tenir comme une œuvre totalement indépendante et il est difficile, même sans la juger inférieure, de ne pas la voir autrement que sous l'angle de la comparaison.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 10 Décembre 2015, 17:56bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".


Ingrédients :

  leodagane
leodagane
10-12-15
à 19:33

Bon, après cette critique, je ne regrette pas de ne pas l'avoir regardé !! De toute façon je ne supporte pas les remake de succès à la sauce locale, et en plus, et là c'est un mystère, je suis allergique aux séries françaises... J'aime pourtant beaucoup d'acteurs français, mais regarder une série française, qu'elle soit policière ou d'un autre genre, m'insupporte. Etrange, isn't it ? Mais c'est comme ça. Alors vivent les séries britanniques (de loin mes préférées) ou même états-uniennes !

  Zakath-Nath
Zakath-Nath
10-12-15
à 22:32

Re:

Je ne suis pas trop de séries françaises et je ne trouve pas le niveau globale formidable (surtout comparées à ce que fait la télé britannique, où il y a aussi des ratages mais où chaque année on a énormément de séries et mini-séries à se mettre sous la dent dans des genres très différents). Cela dit, il y a quand même des programmes qui sortent du lot. Kaamelott, par exemple. Un Village Français après quelques épisodes pour trouver ses marques. J'aime beaucoup Les petits meurtres d'Agatha Christie également. C'est quand même loin d'être tout noir mais il y a quand même de gros problèmes qui n'ont pas forcément de rapport avec le talent des gens qui bossent sur les séries mais tient par exemple au rôle du diffuseur qui n'est pas du tout le même qu'au Royaume-Uni. (J'ai quand même aussi parfois l'impression que parce que c'est français on juge ça plus sévèrement car on part du principe que ça va être nul et qu'on va relever les défauts alors que les séries américaines ou british sont aussi loin d'être parfaite mais on relève plus ce qui accroche).