Quand l'inspecteur chargé d'enquêter sur la mort d'une jeune prostituée succombe à une crise cardiaque, Jane Tennison arrive à convaincre son supérieur de lui confier le dossier. Il lui sera tout aussi dur de coincer l'assassin que de prendre en main une équipe qui voit d'un mauvais œil une femme leur donner des ordres.

La série télévisée Prime Suspect créée par Lynda La Plante a déboulé sur les écrans britanniques en 1991, avec une enquête étalée sur deux épisode de plus d'1h30. Avec un tel format, on peut prendre son temps et il ne faut pas s'attendre à une intrigue plein de rebondissements et de retournements de situation, ici on met surtout l'accent sur le quotidien des policiers ou plutôt, d'une policière, incarnée par Helen Mirren. Si on prend du temps pour l'introduire, ce n'est que pour mieux la mettre en valeur et amener par petites touches la position dans laquelle elle est, plongée dans un univers majoritairement masculin où l'on ne fait guère attention à elle jusqu'à ce qu'elle parvienne à récupérer une enquête qui aurait dû lui revenir d'emblée. On prend également le temps d'explorer sa vie privée, qu'elle partage avec un homme divorcé.

Le personnage de Tennison est donc le vrai centre d'intérêt de cette saison, ce qui ne veut pas dire que l'enquête est négligée. Un suspect émerge très vite et la question est plus de savoir comment le coincer que de résoudre un whodunit. La fin laisse un sentiment doux-amer car même si l'assassin est arrêté et que Jane a réussi à s'imposer auprès de la majorité de ses collègues malgré les obstacles que certains ont mis sur sa route comme le sergent Bill Otley qui ferait passer Gene Hunt pour un militant féministe, on ne sait finalement pas si le coupable sera condamné, et on se doute qu'on demandera chaque fois à l'héroïne de faire ses preuves.

La série a visuellement un peu vieilli, particulièrement sa mise en scène assez planplan bien que l'aspect dépouillé convienne au propos (mais on n'est loin de la froideur étudiée de The Fall par exemple). Si on a désormais l'habitude de voir des femmes flics diriger des équipes masculines dans nombre de séries télés policières, Jane Tennison restera sans doute non seulement comme une pionnière, mais aussi comme une des plus réaliste. Helen Mirren domine évidemment le casting mais tous les autres sont impeccables et on s'amusera de croiser un jeune Ralph Fiennes le temps d'une scène.