Janet Leach sert d'adulte référent (fonction qui consiste à accompagner une personne vulnérable lors d'une procédure policière) à Fred West, dont la fille a disparu quelques années plus tôt et qu'il est accusé d'avoir tué et enterré dans son jardin. West confesse rapidement le meurtre mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg et Leach, la police et l'opinion publique vont bientôt découvrir l'ampleur des crimes de Fred West et sa femme Rosemary.

Cette mini-série en deux partie diffusée sur ITV en 2011 s'inspire d'une affaire ayant défrayé la chronique dans les années 90 (et dont j'avais dû entendre parlé avant de l'oublier, probablement chassée par d'autres impliquant des tueurs en série). Pendant des années, les époux West avaient torturé et assassiné des jeunes filles avant de les enterrer, généralement dans leur jardin et chaque découverte macabre semblait en entraîner une autre. Le point de vue de cette adaptation très documentée mais néanmoins romancée est celui de l'adulte référente du titre, Janet Leach, interprétée avec justesse par Emily Watson (bien que le rôle de la femme sensible qui en encaisse des vertes et des pas mures ne soit pas vraiment inédit de sa part). Comme je ne connaissais pas vraiment les faits exacts, j'ai découvert en même temps que le personnage l'étendue des exactions des West et la première confession de Fred, où il explique comment il a tué sa fille et s'est débarrassé du corps est un moment proprement hallucinant, pas tant pour ce qu'il raconte (car on sait ce qu'il a fait) mais par la façon dont il le raconte.

Avec le couple West, on s'éloigne d'ailleurs de l'image populaire du serial killer. Ici, pas de tueur raffiné, pas non plus de "couple bien sous tous rapports", les West ayant attiré l'attention des services sociaux bien avant qu'on ne les soupçonne vraiment de meurtres. Fred peut se montrer beau parleur et manipulateur et on ne sait jamais d'ailleurs s'il cherche à se faire plaindre ou ne se rend vraiment pas compte des réalités. Quant à Rosemary, elle est de bout en bout une mégère agressive. Dans le rôle du couple, Dominic West (aucun rapport) et Monica Dolan font merveille, tout comme les seconds rôles.

La force de la mini-série est de parvenir à dépeindre cette histoire éminemment glauque sans se complaire dans le sordide. La musique est discrète et il y a peu d'effets de style. Malgré le rythme lent, on ne décroche pas de ces deux épisodes éprouvants.