Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Au bonheur des Ogres
Benjamin Malaussène est officiellement contrôleur technique dans le grand magasin Au bonheur parisien mais exerce en réalité la fonction de bouc émissaire: quand un client furibard débarque après un dysfonctionnement quelconque, c'est à lui de subir les engueulades de son supérieur, d'attendrir le client, et ainsi le convaincre de retirer sa plainte. Un emploi peu glorieux mais qui lui permet de faire vivre ses demi-frères et demi-sœurs. Quand des attentats ont lieu au magasin, c'est naturellement lui qu'on soupçonne.

Au bonheur des ogres est l'adaptation du premier roman de la célèbre saga des Malaussène de Daniel Pennac, livres qui mêlaient le policier à un univers déjanté peuplé de personnages hauts en couleur. Un mélange des genre pas facile à négocier, et pourtant les bouquins y arrivaient. Ce n'est hélas pas le cas du film. Il y a pas mal d’atout: Raphaël Personnaz se révèle un bon choix pour Benjamin auquel il n'est pas évident d'imposer un visage tant il parait être une page blanche sur laquelle on projette ce que l'on veut, en dehors de sa nature profonde de bouc. Les gamins de la famille (pas de Clara mais une Louna davantage mise en avant) sont bien sympathiques, Emir Kusturica en Stojil c'est plutôt une bonne idée et Berenice Bejo s'en sort carrément bien pour une tante Julia qui est improbable tellement elle est "trop" dans la version littéraire. C'est quand même Julius le chien qui remporte la palme, il est parfait (je reste déçue qu'on ait complètement zappé le délire Coudrier/Napoléon, même s'il n'est pas indispensable à l'histoire, mais ça faisait partie des trucs qui me faisaient marrer). Le problème, c'est que tout amusants et surréalistes qu'ils soient, les livres de Pennac étaient à l'origine publiés dans la collection noire de Gallimard, et ce n'était pas pour des prunes: on avait droit à des meurtres bien gores et des personnages très malsains, et des mystères qui le restaient souvent jusqu'au dénouement. Ici ce n'est pas du tout le cas.

Le réalisateur a préféré tabler sur le côté fantaisiste et proposer un film le plus grand public possible, offrant donc un métrage très léger et coloré et où les éléments plus sombres semblent un peu étranges (on a un vigile qui fait du chantage aux clientes kleptomanes pour se les taper dans les cabines d'essayages, sous les caméra d'un employé voyeur... dans ce qui semble être une gentille comédie familiale). On parle d'enfants disparus et cela parait bien glauque, tout en baignant dans un grand flou artistique pour ne pas choquer. Surtout, la motivation du coupable a été changé et si on peut comprendre le besoin de modification (la Seconde Guerre Mondiale, ça commence à remonter), ça ne colle tout simplement pas (là, je vais spoiler à la fois livre et film, donc si vous préférez ne pas savoir, restez-en là).

Le coupable est ici Sainclair, ce qui est prévisible qu'on ait lu le livre ou pas car le personnage est suffisamment mis en avant sans être soupçonné avant un moment et interprété par un visage familier. Pourquoi pas, après tout, même si le Sainclair du livre est très différent, ce n'est pas non plus un ange, loin de là. L'inconvénient, c'est que son comportement est bancal, on en fait à la fois un être vengeur désirant faire justice aux enfants tués des années auparavant, et un être cynique qui décide de faire porter le chapeau à un innocent (alors que dans le livre, la solution, bien que vicelarde, se tenait). On ne croit donc plus vraiment au dernier acte d'autant qu'on ne sent jamais l'étau se refermer sur le pauvre Benjamin, malgré la police et la DDASS à ses trousses.

Le film en lui-même n'est pas désagréable, il est même plutôt plaisant mais ne parvient pas à avoir le charme des livres, ni son côté sombre, et reste trop superficiel pour laisser un souvenir durable.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 18 Octobre 2013, 14:24bouillonnant dans le chaudron "Films".