Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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La Taupe
Après une opération ratée à Budapest qui voit l'agent Jim Prideaux abattu, Control, chef des services secrets britanniques, et son bras droit Smiley sont poussés vers la sortie. Après la mort de Control, Smiley est contacté par le gouvernement pour démasquer la taupe qui se cache dans les plus hautes sphères du Cirque.

Après avoir été emballée par Morse, j'étais curieuse de voir le nouveau film de Tomas Alfredson, que les distributeurs français semblent à tout prix vouloir faire passer pour un réalisateur de films animaliers. Si on ajoute à cela un casting d'acteurs britanniques de haute volée, notamment mon chouchou Benedict Cumberbatch, on peut dire que j'étais franchement impatiente. Heureusement, je n'ai pas été exposée à une déception. Le moins qu'on puisse dire, en tout cas, c'est qu'avec cette adaptation de John Le Carré, Alfredson ne se facilite pas la vie et ne cherche pas à faciliter celle du spectateur. Pourtant on s'y retrouve, pour peu qu'on ne veuille pas que toutes les images qu'on a sous les yeux aient un sens tout de suite (ni même dès la première vision).

Le film est construit sur une succession de flashbacks, qu'on n'annonce pas à grand renfort de "Un an plus tôt" ni par des flous artistiques ou autres procédés courants. Pour autant, j'ai du mal à comprendre les spectateurs disant qu'ils ne s'y retrouvaient pas entre l'enquête et les flashbacks. Pour peu qu'on soit un minimum attentif (aux dialogues ou à des éléments comme les lunettes de Smiley) c'est assez clair. Et lorsqu'une scène aurait justifié un flashback pour la plupart des metteurs en scène, à savoir le récit de la rencontre entre Smiley et son mythique adversaire Karla, Alfredson tourne le dos à ce procédé et laisse la part belle à son acteur principal qui ne se contente pas de raconter la scène mais carrément de la rejouer.

Du coup, parlons-en, des acteurs. En tête, Gary Oldman dans le rôle du Smiley le mal nommé, est tout en subtilité. Son personnage s'exprime peu, que ce soit par la parole (il faut attendre un bon quart d'heure avant qu'il ouvre la bouche) ou par les expressions. Et pourtant, il arrive à faire passer des émotions, en esquissant un sourire, ou par un simple regard, à faire comprendre sa faiblesse pour sa femme, notamment. Les autres acteurs ne sont pas en reste, cependant. La plupart des personnages sont à peine plus causant que George Smiley, sans doute car chaque mot pourrait être un mot de trop, mais on révèle leurs failles petit à petit: Jim Prideaux (Mark Strong), l'agent trahi, Ricki Tarr (Tom Hardy) qui tombe amoureux, Peter Guillam (Benedict Cumberbatch) qui apprend à sacrifier sa vie personnelle, etc.

La reconstitution des années 70 est soignée, tout comme le choix des cadres, c'est à la fois terriblement esthétique et terriblement laid tellement tout baigne dans des couleurs grisâtre, marronnasse, beigeasse, verdâtre. Au point que la cravate bleue de Guillam surprenne! En fait, ce qui ressort du film, c'est plus une impression de tristesse: les personnages sont ternes, ceux qui le sont le moins comme le charmeur Bill Haydon (Colin Firth) sont finalement aussi paumés et seuls que les autres, et quand ils se lâchent lors d'une soirée de Noël, ils apparaissent comme encore plus pathétiques. Finalement, on a beau avoir affaire à une histoire d'espionnage, il y a assez peu de suspense et aucune envie de rendre quoi que ce soit spectaculaire. À ce titre, la découverte de la taupe se fait presque de façon banale et ne surprend ni les personnages ni les spectateurs, mais l'intérêt réside plutôt dans le portrait de gens à la vie complètement ratée dont certains ont carrément abandonné leurs illusions sur l'intérêt de la guerre qu'ils mènent.

Même si le thème est différent, l'ambiance est assez proche de Morse (tout en respectant le bouquin de Le Carré, à quelques changements près comme l'orientation sexuelle de Guillam): même froideur apparente, mêmes personnages qui se livrent peu, et pourtant les relations sont approfondies par petites touches, sans que le spectateur soit prit par la main et qu'on lui explique tout, ce qui risque d'en laisser une partie à quai.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 9 Février 2012, 20:23bouillonnant dans le chaudron "Films".