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Potion précédente-Potion suivante Harry Potter ou l'anti-Peter Pan
--> Pour en finir avec la magie de l'enfance
Depuis dix ans qu'Harry Potter est un véritable phénomène, on a discuté en long, en large et en travers des raisons pour lesquelles des lecteurs de tous âges sont sous le charme de la saga concoctée par JK Rowling. Harry Potter ou l'anti-Peter Pan d'Isabelle Cani est un essai publié à l'automne 2007, c'est-à-dire à la même période que l'arrivée en librairie du tome 7 en français. Contrairement au livre d'Isabelle Smajda, Harry Potter, les raisons d'un succès, l'auteur peut donc se baser sur l'intégralité de l'histoire pour l'analyser, ce qui est évidemment appréciable. Une des raisons souvent avancée pour expliquer l'engouement des lecteurs pour Harry Potter est la possibilité pour le lecteur adulte de renouer avec l'enfance et sa magie, mais Isabelle Cani part du principe inverse: au contraire, c'est l'intérêt pour un personnage laissant l'enfance pour l'âge adulte qui séduit autant. L'idée n'est pas non plus nouvelle, puisque l'évolution d'Harry, le fait qu'il grandisse contrairement à tant de héros de la littérature enfantine (Peter Pan est évidemment emblématique, mais n'oublions pas les membres du Club des Cinq et tous leurs dérivés) a régulièrement été mise en avant. Beaucoup d'éléments ont été déjà mis à jours, que ce soit dans des articles ou dans des forums de discussion: le côté caricatural des Dursley, le fait que les adultes dans le monde d'Harry aient tous gardé un côté enfantin ou restent bloqués sur une erreur ou un traumatisme de jeunesse alors qu'Harry les surmonte, etc. Néanmoins, Isabelle Cani présente tout cela de façon claire, ordonnée et assez complète et en somme résume fort bien ce qu'on a pu dire de façon plus ou moins adroite entre fans depuis des années. Plus intéressante est sa vision de Lily, et plus généralement la vision que peut avoir Harry de la maternité. D'après elle, Lily est au départ juste un nom acollé à celui de James, seul membre du couple qui intéresse vraiment Harry, et celui-ci voit d'un mauvais oeil les figures maternelles: de Molly Weasley trop protectrice et envahissante à Dolores Ombrage et la mère de Sirius, complètement monstrueuses. Ce ne serait qu'à partir du moment où la figure du père serait ébranlée que Lily prendrait plus d'importance et de mérite personnel à ses yeux. Cela se place à l'opposé de l'opinion plus communément admise (y compris par moi) qu'Harry ne voit sa mère que comme un modèle intouchable dès le départ, et inimitable (d'où le fait qu'il ne puisse considérer Molly ou même McGonagall comme des substituts malgré leur bonne volonté, alors que les mentors et les figures paternelles ne manquent pas). Je ne suis pas certaine d'être d'accord, ou en tout cas je ne pense pas que Rowling ait été totalement consciente de cette vision par Harry de la maternité. Par exemple, si Isabelle Cani reproche aux films de montrer vite cet aspect et donc de gommer ce côté atypique de l'histoire, Rowling avait été fort admirative de la façon dont Cuaron avait mis en scène un Lupin vantant les mérites de Lily à Harry plutôt que ceux de James, prouvant qu'il avait suffisamment bien compris son sujet pour anticiper des révélations sur la personnalité de la dame. Le livre se penche également sur la distinction que ferait Rowling entre la raison du côté des personnages féminins et la fantaisie plus marquée des personnages masculins. JKR prendrait ainsi à contrepieds l'idée selon laquelle les hommes sont du côté de la raison tandis que les femmes fonctionnent à l'émotion. Je ne suis pas certaine que Rowling soit aussi novatrice qu'Isabelle Cani a l'air de le penser sur ce point (la saga a parfois été accusée de sexisme malgré les contre-exemples qu'on peut fournir, et finalement chacun voit midi à sa porte à ce niveau), ce qui est sûr c'est qu'Hermione a bien du mérite, dans tout ça! Comme on pouvait s'en douter à la lecture du titre, Harry Potter est mis en parallèle ou en opposition avec Peter Pan de James Barrie, avec notamment le lien entre le duo Peter Pan (l'enfant qui ne veut pas grandir et qui ne grandit pas)/ James Crochet (l'adulte qui ne se remet pas d'avoir grandi et qui reporte cette amertume sur Peter) et le grand méchant du cycle, Voldemort, dont le comportement infantile (et pas enfantin comme les autres adultes) est de plus en plus flagrant pour le lecteur (qui ne s'est pas dit à l'instar de Cani à mesure qu'il avançait dans le septième tome: "deux ans d'âge mental!"). Cette immaturité pitoyable du Seigneur des ténèbres n'apparait donc pas comme une facilité pour rendre possible la victoire finale d'un sorcier bien moins expérimenté, mais comme parfaitement réfléchie et totalement logique. J'ai été nettement moins satisfaite concernant le chapitre consacré à Anthony Horowitz, auteur pour la jeunesse ayant écrit quelques années avant Rowling une histoire à base d'école de sorciers (L'île du crâne et Sacré Graal). Considérer Horowitz comme un auteur mineur de séries commerciales destinées à flatter les envies des gamins et à être vite consommés est assez sévère. C'est peut-être la nostalgie qui parle (j'ai lu les livres en CM2 et au collège, avant l'apparition d'Harry Potter) mais si je me souviens de cet auteur des années après l'avoir lu, c'est peut-être parce qu'il y avait plus chez lui que ce que proposait tous les autres auteurs pour la jeunesse que j'ai lu à la même époque et dont j'ai oublié le nom et jusqu'aux titres de leurs bouquins. Son humour noir et son cynisme avait quelque chose de réjouissant après tant de livres plein de bons sentiments et de héros gentils. Bien sûr, ses deux livres sur son école de sorciers sont bien moins riches et complexes que la saga de Rowling, mais les ambitions des deux écrivains n'étaient pas les mêmes dès le départ, il est donc un peu injuste de les confronter pour montrer la supériorité de Rowling dans le traitement de son sujet. Et si Horowitz ne visait qu'à des livres légers et assez grinçants, et non un roman de formation, cela n'enlève rien à leurs qualités. Admettons cependant que les livres d'Horowitz soient bien aussi limités qu'Isabelle Cani le dit. Ce qui me gêne encore plus, peu importe la qualité des Groosham Grange, c'est sa volonté de faire passer la saga de Rowling pour une réponse (voire même une réponse volontaire) aux bouquins d'Horowitz. Pour elle, il ne fait aucun doute que Rowling a lu les livres d'Horowitz et s'en est inspirée pour mieux en prendre le contrepied et les transcender. Il est vrai que les points communs entre les deux oeuvres sont nombreux, mais avec des sources culturelles communes et un thème identique (déjà pas inédit, puisqu'on avait l'école de sorcière d'Amandine Malabulle avant eux) ce n'est pas forcément si évident. Rowling a souvent parlé de ce qui l'inspire, et de ce à quoi elle a voulu réagir: sa volonté de voir grandir Harry, par exemple, provient en partie du fait qu'elle n'aimait pas les séries d'Enid Blyton que lui faisait lire sa mère quand elle était petite, parce que les héros ne vieillissaient pas, ajoutant qu'elle trouvait le personnage de Peter Pan sinistre. Et si elle n'a pas écrit Harry Potter dans le but de se payer Peter Pan, son point de vue est clair. Par contre, elle n'évoque jamais Horowitz. On peut toujours supposer qu'elle ne lance que des sources d'inspiration mineures pour ne pas donner l'impression de prétendre avoir tout inventé, dissimulant au passage sa source d'inspiration majeure, évidemment, technique connue, mais on peut au moins lui laisser le bénéfice du doute et Isabelle Cani m'a paru bien trop affirmative, sur ce coup-là. Mis à part ce chapitre discutable, j'ai tout de même particulièrement apprécié cet essai, qui ne comporte que peu d'inexactitudes (Isabelle Cani semble considérer James comme un attrapeur alors qu'il est poursuiveur. Certes, l'information n'est pas dans les livres, mais quelque part sur le site de JKR) et est bien plus satisfaisant que la plupart des livres sortis sur l'oeuvre de Rowling, souvent destinés à la frange la plus jeune du public et assez superficiels. potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 20 Août 2010, 09:27bouillonnant dans le chaudron "Potterverse".
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Zakath-Nath : Comme les habitués l'ont peut-être remarqué, depuis quelques semaines je fais quelques modifications: fond éclairci et couleur de liens visités modifiée pour plus de confort de lecture, liste de mots-clés à gauche pour palier à l'impossibilité de ranger un article dans plusieurs rubriques à la fois, nouveaux noms pour certains blocs, titres transformés en liens, archives par mois moins encombrantes... J'espère que cela vous sied et vous rend la navigation plus agréable.
CALVET : Bonjour,je cherche à me procurer le coffret de la première époque en français les 68 épisodes.salutat ions Zakath-Nath : Pour Upstairs Downstairs? Malheureusement, je crois qu'il n'y a pas de coffret vf ou avec sous-titre. sous-titre Réagir :
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