Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


mon compte twitter mon tumblr mon compte bétaséries



Les aventuriers de l'article perdu

Archive : tous les articles

Principaux grimoires

Inventaire des ingrédients

Ce qui mijote encore

Potion précédente-Potion suivante
Winchester 73
Lin McAdam et son ami High-Spade arrivent à Dodge City, déterminés à retrouver un certain Dutch Henry Brown avec qui Lin a un compte à régler. Une fois sur place, les deux ennemis s'affrontent indirectement dans un tournois dont l'enjeu est une superbe carabine Winchester 73. Lin l'emporte, mais Dutch Henry Brown lui vole l'arme et s'enfuit avec des complices.

Première collaboration entre Anthony Mann et James Stewart, alors pas vraiment associé aux westerns, Winchester 73 tourne autour de la carabine du même nom, arme qui conquit l'Ouest, nous dit l'affiche. Réalisé même pas 80 ans après les événements qu'il décrit, le film se penche donc mine de rien sur une Histoire encore récente et on peut comprendre un peu mieux à travers lui d'où vient le rapport particulier aux armes d'une partie de la population des USA. La fameuse Winchester "une sur mille" (parce que d'aussi bonne qualité, il n'en sortait qu'une sur mille) va passer de mains en mains et offrir un petit panorama des individus qui peuplent le Far-West: on commence par croiser Wyatt Earp à Dodge City, la victoire des Sioux sur les troupes de Custer est encore fraîche et permet également de souligner l'importance qu'aura le fusil à répétition par la suite, les Sioux ayant justement exploité le fait que les armes de leurs ennemis devaient être rechargées après chaque tir, on rencontre des trafiquants, des lâches et des bandits survoltés, le tout mêlé à une habituelle histoire de vengeance, qui va tout de même étonnamment loin.

Bien que le parcours de la Winchester donne un aspect de films à sketches à l'ensemble, on évite un côté inégal propre à ces derniers en enchevêtrant les scènes avec James Stewart et Shelley Winters, tout le monde se rencontrant et se séparant de manière fluide. Le casting est pas mal du tout, pour une fois je n'ai pas vraiment eu de temps d'adaptation avant d'accepter Stewart en homme de l'Ouest, Shelley Winters hérite d'un personnage fort peu distingué et qui finalement passe presque autant de mains en mains que la Winchester mais arrive à tirer son épingle du jeu en se montrant pleine de naturel et de répondant face aux autres personnages, John McIntire fait un petit tour mémorable en vendeur d'armes et Dan Duryea est également difficilement oubliable en hors-la-loi imprévisible et insouciant. Bon, Rock Hudson est aussi crédible en jeune chef sioux que moi en Calamity Jane, mais on a une apparition d'un jeune Tony Curtis (crédité au générique comme Anthony Curtis), on va dire que ça compense.

Sergio Leone plaçait ses duels dans des arènes, Anthony Mann pour sa part semble avoir un faible pour les éperons rocheux, puisqu'on les retrouvera notamment dans Les Affameurs et surtout L'Appât. Un choix tout à fait pertinent ici puisque les deux ennemis sont présentés au début comme de tels dieux de la gâchette que dans une grande rue classique, leur affrontement aurait été vite réglé. Il offre ici une belle intensité, mais il est pour le moins inattendu qu'avec les liens entre Lin et Dutch Henry, malgré la nature de son crime, il n'y ait pas un truc classique comme un dilemme de Lin au dernier moment et une action de Dutch Henry qui se retournerait contre lui pour que Lin ne se salisse pas les mains.

Même L'Appât, qui montrait un James Stewart fort antipathique au départ et motivé par une prime, finissait sur une note qui laissait la morale sauve, frein qu'on ne ressent pas ici sans que cela ait eu l'air de soulever plus d'interrogation que cela. Le rôle de la Winchester aurait également pu être plus ambigu: à en juger par le sort de la plupart de ses propriétaires, on pourrait presque la croire maudite ou en tout cas qu'en suscitant autant de convoitise elle fasse ressortir les aspects les moins glorieux de la nature des personnages, mais il faut plutôt comprendre qu'elle ne doit revenir qu'à son premier et légitime propriétaire, le seul à être digne de tirer sur des gens avec.

Sans doute qu'une dénonciation du culte des armes est une préoccupation trop contemporaine et qu'au début des années 50 on se posait moins la question de leur place dans la vie de l'Américain moyen. Winchester 73 s'emploie à montrer toute une galerie de personnages différents et le fait de manière dynamique avec des fusillades (c'est bien le moins!) et des chevauchées, il ne faut sans doute pas espérer y trouver un message qui n'y est pas et apprécier le spectacle pour ce qu'il est, fort bon.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 8 Octobre 2019, 23:30bouillonnant dans le chaudron "Films".