Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Verdict
Après des années de bons et loyaux services, George Grodman doit quitter Scotland Yard à la suite d'une erreur tragique lors de sa dernière enquête qui a débouché sur l'exécution d'un innocent. Lorsque son voisin et ami est retrouvé poignardé dans sa chambre fermée de l'intérieur, Grodman voit l'occasion de se rattraper et prouver qu'il peut faire mieux que son arrogant remplaçant.

Don Siegel est probablement surtout connu de nos jours comme le réalisateur de Dirty Harry et plus largement comme l'un des hommes qui a eu un impact colossal sur la carrière de Clint Eastwood, qu'il a dirigé à plusieurs reprises. Néanmoins, son curriculum vitae ne se résume pas à cela et remonte à plus loin qu'on ne le pense souvent, puisque durant l'âge d'or d'Hollywood, il était déjà réalisateur de seconde équipe ou monteur de films comme Casablanca ou Le Port de l'angoisse. Son premier long-métrage, The Verdict donc, peut sembler atypique quand l'on connait la suite de sa carrière, avec ce whodunit à base de chambre close dans le Londres victorien mais la filmographie du bonhomme est pour le moins éclectique et quand on y pense, on y trouve déjà une histoire de flics aux méthodes très personnelles.

S'il s'agit du premier long-métrage de Siegel, c'est également le dernier que Sydney Greenstreet et Peter Lorre tourneront ensemble. Les deux acteurs, qui s'étaient rencontrés lors du tournage du Faucon maltais, ont par la suite au cours des années 40 été associés une huitaine de fois, bien que cela soit une façon de parler: on compte par exemple Casablanca où ils n'ont aucune scène en commun. Le duo reposait sur l'opposition de leur physique et de leur jeu: Greenstreet, grand et imposant, s'affirmait devant la caméra sans trop en faire, Lorre, petit et dans sa période mince, campait des personnages plus excentriques, souvent nerveux. C'est le cas ici avec Greenstreet en limier qui compte bien rattraper la terrible erreur qu'il a commise et Lorre dans le rôle de Victor Emmric, son ami dessinateur alcoolique qui va l'aider dans une enquête où il est potentiellement suspect (il habite la même demeure que la victime, cultive un certain goût du macabre et a un alibi, comme tous les bons meurtriers...)

La lecture de The Lost One m'avait malheureusement dévoilé l'identité de qui avait fait le coup cependant malgré le manque de surprise à ce niveau, j'étais tout de même curieuse de découvrir comment, à défaut de qui (c'est finalement une solution assez classique pour qui a déjà vu ou lu des mystères à base de chambre verrouillée de l'intérieur). Ce n'est de toute manière pas bien grave, le film vaut mieux qu'une simple révélation de dernière minute, notamment grâce à sa galerie de personnages: un inspecteur déchu, son remplaçant arrogant, une logeuse fouineuse, un dessinateur débauché, un politicien défenseur des mineurs mais qui a aussi ses secrets, une chanteuse de cabaret qui en sait plus qu'elle n'en dit (Joan Lorring, qui du coup livre un petit numéro de chant qui devait paraître olé-olé en 1946)...

L'intrigue offre quelques moments d'humour aussi, par exemple une scène où l'expertise d'un cambrioleur est sollicitée pour savoir comment il s'y prendrait lui pour sortir d'une pièce puis la fermer de l'intérieur et qu'il offre des hypothèques tirées par les cheveux, ou le caractère morbide d'Emmric qui se plaint de n'avoir dessiné que des gens poignardés dernièrement et qui aimerait une bonne strangulation pour changer. Pourtant, le fond est assez sombre et le dénouement n'apporte pas une réelle satisfaction, en dehors bien sûr de celle dûe à une histoire bien ficelée.

The Verdict est donc un film tout à fait plaisant, hélas peu connu et difficile à trouver (l'édition française des dvds est épuisée même s'il reste heureusement la possibilité de l'avoir en occasion) mais qui mérite le détour.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 3 Juin 2020, 17:27bouillonnant dans le chaudron "Films".