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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Serpent Queen, saison 2
1572. Catherine de Médicis règne sur la France à travers son fils Charles IX. Tandis que les Bourbon et les Guise intriguent, la reine-mère s'inquiète de l'influence d'une certaine sœur Édith, dont le pouvoir croissant au sein du clan protestant menace la stabilité et l'unité du royaume.

Starz avait sagement débuté ses séries basées sur les reines de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, avec des adaptations de romans de Philippa Gregory, avant de se lancer sans filet dans des biopics qui restaient tout de même conventionnels. The Serpent Queen consacrée à Catherine de Médicis proposait une première saison détonante, la monarque s'adressant régulièrement au spectateur pour justifier ou assumer avec plaisir ses décisions, les personnages s'injuriant de manière familière voire recourant à des anachronismes (mention spéciale à François Ier reconnaissant que les Italiens "ont inventé la Renaissance") et les génériques sur fond de rock en ouverture et en clôture de chaque épisode. Cette approche peu orthodoxe n'empêchait pas par ailleurs d'arborer un luxe en accord avec la cour au centre de l'action: beaux costumes et tournage à Chambord et Chenonceau, voilà de quoi flatter l’œil, pas de pochade de ce côté.

L'action de la saison 2 reprend dix ans plus tard, les enfants de Catherine sont désormais tous adultes même si Charles IX reste sous sa coupe, les Guise et les Bourbons se tirent encore dans les pattes tandis que l'astrologue Ruggieri continue de vivre dans la forêt (l'arnaque, on peu voir sa chambre au château de Chaumont!). Contrairement à la première saison qui se déroulait sur plusieurs années ce qui impliquait un changement de casting en cours de route de quelques rôles importants, dont le principal, ici les huit épisodes se déroulent durant l'année 1572. L'année de la Saint-Barthélémy. Ce qui va soulever une question: jusqu'où peut-on aller dans une fiction historique en matière d'infidélité? Malgré son ton ironique, The Serpent Queen n'est pas une parodie. Les étapes importantes de la vie de Catherine de Médicis sont là. Parlons des Guise par exemple. Exit Henri de Guise le Balafré, ici fusionné avec son père François présent depuis la saison 1 mais qui dans la réalité est censé être désormais mort. Ce qui d'ailleurs était un motif de conflit entre Henri et l'amiral de Coligny... qui n'est pas dans la série non plus! Imagine-t-on une série sur la Révolution française sans Danton ou Robespierre?

Ici, le parti protestant, hors des Bourbon dirigés par les patauds Antoine et Louis (Jeanne d'Albret et Henri de Navarre ont droit à un traitement plus sérieux même si on est loin du Vert Galant), est représenté par une certaine sœur Edith, sorte de mélange entre Savonarole et une zadiste. Autant dire que sa montée en puissance, cantonnée à la forêt de Chambord, peine à convaincre même si tous les personnages défilent se faire baptiser dans son camping. Comment croire alors que Catherine se sente menacée au point de lui faire miroiter une Régence avant de profiter du mariage de Margot et Henri pour se livrer à un remake des Noces pourpres - on reprend même une phrase marquante de cette scène mémorable - zigouillant elle-même la Grande Moinelle? Le parti de Guise en ressort totalement blanchi et accusé à tort, Charles IX est placé devant le fait accompli et laisse seulement faire un plus large massacre, quant à Alessandro de Médicis qui passait là pour construire les Tuileries (kamoulox), disons que dans cette uchronie Alfred de Musset n'aura pas à écrire Lorenzaccio.

Il y de quoi être divertis. Samantha Morton est toujours impériale en Catherine, Minnie Driver semble s'amuser dans le rôle d'Elizabeth Ière et Emma McDonald succède sans encombres à Sennia Nanua dans celui de Rahima. Enzo Cilenti est toujours fidèle au poste et Angus Imrie, bien que son futur Henri IV soit trop sage et coincé par rapport à l'image que l'on en a, tire son épingle du jeu en pion que tout le monde sous-estime. Stanley Morgan est charismatique en duc d'Anjou. Les costumes, malgré quelques délires ponctuels (une coiffure d'Elizabeth Ière en particulier), sont riches et cela fait plaisir de voir des couleurs dans une reconstitution historique plutôt que cinquante nuances de brun. L'équipe ne s'est pas privée pour filmer les châteaux de la Loire où se passe l'essentiel de l'intrigue et le peu que l'on voit d'un Paris du XVIe siècle reconstitué passe bien à l'écran. Tout de même, une production américaine se permettrait-elle de tels écarts avec sa propre Histoire ou même celle de l'Angleterre sans provoquer plus de réactions?

On pourra s'indigner ou simplement décrocher d'une relecture aussi fantaisiste de l'Histoire de France, qui plus est quand il est question d'une période suffisamment passionnante pour ne pas éprouver le besoin d'autant d'entorses, en particulier un événement qu'il est difficile de prendre à la légère. L'abattage des acteurs et la beauté des costumes et des décors ont suffisamment de poids pour continuer de séduire sans être dupe de ce que l'on nous raconte.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 29 Septembre 2024, 18:38bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".