Le Hayholt a été détruit par les Norns. Tandis que Miriamele arrive à Erchester et tente de réorganiser ses forces, Simon se dirige vers Tanakiru, la Vallée des Brumes, ignorant que son fils s'y trouve déjà avec Nezeru. Utuk'ku et son armée y arrivent également bientôt, car là se trouve ce que la reine des Norns recherche, un moyen d'emporter le monde avec elle dans la mort.

Après L'Arcane des Épées de Tad Williams, revenir en Osten Ard était un vrai plaisir tant le premier cycle était d'un classicisme extrême (avec quelques petites surprises) mais constituait justement un idéal de high-fantasy post-Tolkien. La suite des aventures de Simon, Miriamele, leurs amis et leur descendance allait-elle être à la hauteur? Les trois premiers tomes de cette trilogie qui, comme d'habitude avec Williams, en compte quatre, multipliaient les personnages et les fronts. On en découvrait ainsi davantage du côté des Norns mais en plus des protagonistes habituels on en suivait de nouveaux. Résultat des courses, malgré de nombreuses pistes, l'intrigue générale donnait l'impression d'avancer lentement, au point de trouver que l'auteur mettait un malin plaisir à ralentir ses personnages. Heureusement, le troisième volume passait à la vitesse supérieure avec quelques révélations et des héros qui discernaient un peu mieux qui était leur ennemi. Un dernier pavé suffirait-il cependant à nouer tous les fils?

Eh bien oui, Williams y parvient, en faisant converger la plupart des personnages vers Tanakiru, lieu du dernier affrontement. Il en profite pour éclairer des notions lancées dès sa première tri/tétralogie comme les raisons de la fuite des Sithis, Norns, Dwarrows et compagnie du Grand Jardin sur des vaisseaux et la nature de ceux-ci. Les révélations abondent avec quelques surprises majeures concernant l'identité de certains personnages (et d'autres qui tombent un peu à plat comme celle de la personne qui hante la tour de Hjeldin). Il faudrait d'ailleurs que je relise le cycle en entier un de ces jours pour voir s'il n'y avait pas des indices. Avec autant de choses à régler après trois tomes costauds, le climax occupe une bonne partie de l'ouvrage et se montre pour le moins bourratif alors que l'on est loin d'être arrivé à la fin: reste encore à punir le traitre et réunir des personnages séparés trop longtemps. Ce qui se fait de manière satisfaisante, quoiqu'un peu rapide en comparaison de la mise en place. Entretemps on aura vécu une perte douloureuse (il fallait bien sacrifier un personnage populaire pour montrer que ça ne rigole pas) et un retour inespéré qui fait plaisir malgré les circonstances.

Soit volonté de poser les jalons d'une nouvelle suite, soit envie de montrer que les ennuis ne sont jamais complètement finis en Osten Ard, Tad Williams sème quelques graines d'inquiétude pour la paix qui s'instaure fragilement mais il aura réussi à boucler joliment The Last King of Osten Ard en restant dans son cadre old-school sans être ringard et en développant des concepts juste esquissés dans L'Arcane des Épées.