Leigh a mené pendant quinze ans une petite vie bien réglée entre son travail au musée et sa maison, une grande demeure qu'elle a aimé au premier regard. Cependant, son foyer devient effrayant à cause d'apparitions effrayantes d'une mystérieuse entité. Les lieux sont-ils hantés? Pourquoi maintenant, après toutes ces années sans histoires?

Comme à chaque fois que je commence un roman de maisons hantées, je me demande comment son auteur, ici son autrice, va bien pouvoir aborder le thème. Darcy Coates semble en tout cas avoir une prédilection pour ce dernier bien que ce soit la première fois que je me laisse tenter par une de ses œuvres. Ce qui ne manquait pas de m'intriguer, c'est que pour une fois, le personnage principal ne découvre pas que la fabuleuse demeure qu'il vient d'acheter est habitée par un esprit malfaisant sauf que toutes ses économies y sont passées donc il est bien forcé de rester. Ici, Leigh est chez elle depuis quinze ans, sans aucun phénomène surnaturel ou alarmant, quand sa vie bascule. A-t-elle fait quelque chose de particulier pour réveiller un esprit qui sommeillait jusqu'ici, elle qui mène pourtant une existence routinière?

Au tiers du roman, Coates opère un basculement qui répond en partie à la question et à quelques autres que l'on se posait quant aux bizarreries, notamment dans les ellipses et les réactions de l'héroïne. Le retournement en question n'est pas à proprement parler inédit mais là où on en ferait un twist final (ou l'on en a fait un twist final), ici c'est un nouveau point de départ: ce que l'on prenait pour acquis est faux, voyons donc où cela nous mène. Sans perdre son aspect fantastique, on est dans une histoire de fantôme et on y reste, le roman s'oriente vers le roman policier. La narratrice n'est pas fiable, son point de vue est faussé et elle n'a pas bien le sens des réalités, ce qui ne l'aide pas à obtenir les réponses qu'elle souhaite. Heureusement elle bénéficie d'un soutien inattendu en la personne de Sarah, une vielle dame, et le récit de cette amitié improbable devient l'un des points forts du livre. Cela offre une jolie conclusion alors que la résolution du mystère n'est pas tourneboulante, malgré les indices placés où il faut pour qu'elle ne sorte pas de nulle part.

The Haunting of Leigh Harker parvient, sans aller jusqu'à renouveler le genre, a ne pas suivre un parcours trop balisé. De plus, si l'intrigue, passée le changement de perspective à un tiers de celle-ci, se lit sans déplaisir, c'est surtout la relation qui se noue entre Leigh et Sarah qui parvient à toucher.