L'oncle Henry et la tante Em sont sur le point de perdre leur ferme. Dorothy décide donc de les emmener avec elle en Oz pour s'y établir définitivement. Elle ignore que le roi des Nomes, qui veut se venger d'elle et d'Ozma, fait creuser un tunnel en direction de la Cité d'Émeraude.

Après un cinquième opus sans grande consistance, L. Frank Baum ne cache même plus en préface qu'il incorpore des idées soumises par ses jeunes lecteurs pour leur faire plaisir. Cependant, The Emerald City of Oz se révèle un poil plus ambitieux et même construit. À l'habituelle exploration d'Oz et de ses environs par Dorothy, ici flanquée de son oncle et de sa tante, on suit en parallèle les projets d'invasion du roi des Nomes, ce qui fait peser une menace sur les héros absente des deux précédents livres. Les interactions entre le roi, son premier général et son intendant sont d'ailleurs amusantes bien que l'on se demande comment un tyran aussi peu respecté n'est pas renversé d'office (probablement parce que personne ne se déclare volontaire pour le remplacer) et le recrutement des ennemis laisse entrevoir des créatures qui pourraient enfin donner du fil à retordre aux protagonistes.

Les aventures de Dorothy sont en revanche plus gentillettes, elle rencontre des peuples probablement imaginés par les fans de l'univers (des poupées en papier, des lapins...) tandis que Henry et Em sont parfois étonnés de ce qu'ils découvrent, parfois blasés, pas des masses reconnaissants d'échapper à la misère de fermiers dépossédés du Kansas. Peut-être faut-il y voir une critique des touristes américains mais c'est sans doute chercher un peu loin. Quant au dénouement, comme on pouvait s'y attendre hélas depuis le début, Ozma qui a tous les pouvoirs ou presque et sort de sa manche n'importe quelle carte, trouve évidemment une solution à l'invasion nome qui évite toute violence. Certes, on ne souhaite pas vraiment voir la Cité d'Émeraude mise à sac et sa population réduite en esclavage mais je crois que même Oui-Oui arrivait à avoir des séquences plus sombres et violentes que ce que Baum nous propose.

L'épilogue montre d'ailleurs sa volonté de mettre un terme aux aventures dans le monde d'Oz même s'il ne s'est hélas pas montré suffisamment radical, comme le sera plus tard C.S. Lewis avec Narnia. On ne sera donc pas surpris d'apprendre que malgré cette tentative de faire comprendre à ses jeunes lecteurs que ça suffit, là, il faut passer à autre chose, il n'en est même pas à la moitié de ses romans dans cet univers.