Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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The Batman
Voilà deux ans que Bruce Wayne a pris l'identité secrète de Batman pour combattre le crime, avec l'aide du lieutenant Gordon. Quand le maire de Gotham en lice pour sa réélection est assassiné par un meurtrier qui laisse des messages codés au justicier masqué et s'en prend bientôt à d'autres notables de la ville, Batman fait face à l'enquête la plus délicate de sa carrière, qui ne le poussera pas seulement à arrêter le mystérieux Riddler mais également à mettre à jour la corruption de Gotham et réfléchir à ses propres actions et motivations.

En dix ans, on aura vu trois Batman en chair et en os se succéder sur grand écran. Aussi c'est avec curiosité mais tout de même un brin de lassitude que je m'apprêtais à voir le film, également inquiète de la durée de près de trois heures et d'une approche que je craignais trop réaliste dans son esthétique (j'ai beaucoup de mal avec le Gotham de Nolan, au moins à partir du deuxième volet de sa trilogie). De ce côté-là, j'ai été charmée d'entrée de jeu par la vision que Matt Reeves et son équipe donnent de la cité: un savant équilibre entre une mégalopole contemporaine et une ville plus gothique, avec des gratte-ciel rétros et un manoir Wayne dont le peu qu'on voit est imposant et travaillé. L'ambiance est poisseuse et les meurtres du Riddler sont particulièrement vicieux (l'influence de David Fincher a maintes fois été relevée). Durant tout le film on ne se défera pas de cette atmosphère de putréfaction qui imprègne la ville et ses instances.

Batman ayant été à sa création baptisé par ses créateurs "plus grand détective du monde", plus que sur l'action le scénario met l'accent sur l'investigation qui va conduire le justicier à se confronter à la pègre représentée par Carmine Falcone et son sous-fifre Oz dit le Pingouin (le nom d'Oswald Cobblepot n'est jamais prononcé) et les représentants corrompus de la ville. Pour ajouter à l'aspect détective, notre héros se confie en voix-off tel un privé de film noir (ou Rorschach de Watchmen ça marche aussi) et si l'on pousse un peu on pourrait dire que Selina Kyle fait office de femme fatale mais ce serait pousser un peu, justement, pour cocher une case qui n'a pas besoin de l'être.

Outre une ville de Gotham et une ambiance réussies donc, le film a également pour lui quelques scènes d'action rares mais qui font de l'effet, ménageant quelques apparitions marquante du personnage, comme à la fin de la poursuite en voiture (comme d'habitude, le héros rechigne à tuer mais à la moindre prise en chasse en batmobile, ça carambole à tuer cent personnes d'un coup). La réflexion sur l'envie de vengeance de Batman, l'influence qu'il peut avoir pour d'autres Gothamites en souffrance n'est pas totalement originale même si c'est une bonne petite variation sur la manière dont le super-héros crée ou attire les super-vilains. Le casting est réussi, Robert Pattinson a une belle ligne de mâchoire qui accompagne à merveille son masque mais on ne lui laisse pas l'occasion de jouer un Bruce Wayne en contraste, surjouant les play-boys friqués, Paul Dano fait également forte impression en Riddler, et Zoë Kravitz et Colin Farrell sont très bons en Catwoman agile et Pingouin truculent. Dans le cas de ce dernier, on peut se demander si engager un acteur comme Farrell pour l'ensevelir sous du maquillage était vraiment nécessaire, un acteur moins beau gosse aurait fait l'affaire (tout en ayant tout de même besoin de quelques retouches, vu le parti-pris) mais j'imagine qu'on a choisi quelqu'un de moins évident mais aussi connu, pour mettre en avant la performance. Qu'importe, c'était bien. Andy Serkis et Jeffrey Wright font le taf sans avoir vraiment de grande scène et seul Turturro m'a un peu déçue en Falcone bien que ce soit peut-être une question de physique.

Au rang des défauts, on ne peut que s'interroger sur cette volonté de rallonger sans cesse la sauce, rares sont les blockbusters désormais à faire moins de 2h20. Pourtant, pendant les deux premiers tiers, on ne voit pas où couper mais alors qu'on pense le film sur le point de se boucler, voilà qu'on rajoute un dernier acte, pas mauvais en soi mais qui vient à un moment où l'on est déjà rassasié. Avec encore le coup du méchant qui se fait volontairement arrêter mais dont le plan diabolique est enclenché. On nous épargne au moins une énième itération de la mort des parents Wayne pour nous faire suivre un Batman déjà rodé mais qui est encore au début de son parcours. Tout en ouvrant sur une suite au travers d'une scène à Arkham - et un spin-off sur le Pingouin est déjà dans les tuyaux pour la télé - le film a néanmoins le bon goût de se suffire à lui-même et à s'apprécier sans grosses promesses que ce n'était qu'un échauffement et que le meilleur est pour un autre jour.

Relancer encore une fois en si peu de temps la machine Batman peut paraître superflu à part pour Warner et DC qui ont intérêt à exploiter un filon malmené ces dernières années au cinéma mais la version qu'en donne Matt Reeves vaut le coup d’œil, dérangeante et parvenant à marier harmonieusement diverses influences.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 11 Avril 2022, 22:02bouillonnant dans le chaudron "Films".