Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Take Shelter
La vie tranquille que Curtis partage avec sa femme et sa fille dans l'Ohio est perturbée quand il se trouve en proie à des cauchemars et des visions de plus en plus vivaces: pluies, attaques d'inconnus, proches au comportement inquiétant, et toujours une tornade menaçante à l'horizon. Curtis décide de prendre des mesures pour se protéger ainsi que sa famille tandis que son entourage doute de sa santé mentale.

Jeff Nichols fait partie de ces réalisateurs dont je n'avais jusque-là jamais vu aucun film en dépit de l'accueil généralement élogieux qu'on leur faisait et de synopsis qui pour certains comme Midnight Special n'étaient pas sans m'intriguer. Premier essai avec Take Shelter dans lequel Nichols dirige son acteur fétiche Michael Shannon dans le rôle principal. Suivre un personnage ne pas savoir (et le spectateur avec lui) s'il est en train de basculer progressivement dans la folie ou si ce qu'il semble le seul à percevoir est réel n'est en rien un concept nouveau, ce qui importe est donc le traitement. Le scénariste et réalisateur adopte un rythme lent, baignant Curtis et sa famille dans la campagne en apparence calme de l'Ohio pour mieux instaurer le malaise au travers des rêves anxiogènes du protagoniste tandis que son quotidien bascule par petites touches.

Le fait que Curtis ne cauchemarde pas seulement mais ait aussi des visions éveillé qui ne touchent pas son entourage amène évidemment vite la piste de la folie, d'autant plus que le personnage à des antécédents familiaux: sa mère est schizophrène et son fils craint dès lors d'être atteint du même trouble. Cette approche très rationnelle permet d'aborder des préoccupations sociales: on conseille à Curtis d'aller voir un psychiatre mais celui-ci se trouve trop loin (et vu le système de santé américain, est peut-être trop cher), aussi le héros consulte des psychologues, capables de l'écouter (ce que fait la première qu'il rencontre) mais non d'établir un diagnostic et de lui prescrire un traitement. Comme le fait remarquer son frère, financièrement on n'est pas à une période où l'on peut se permettre de prendre des risques et c'est pourtant ce que l'obsession de Curtis va le pousser à faire afin d'aménager l'abri anti-tornade de son jardin, lui créant de nouvelles difficultés. Ce soucis de dépeindre une existence soumise aux aléas d'une vie ordinaire et d'accorder du temps aux scènes de famille n'a pas été sans m'évoquer à l'occasion M. Night Shyamalan, sans dialogues tartignoles et sans ce côté forcé qui me gênent même dans les films les plus réussis de ce dernier.

La fin apporte quelques réponses aux craintes d'Apocalypse de Curtis, encore qu'elle puisse s'interpréter différemment là encore (je n'ai pas cherché à savoir si Nichols s'était prononcé à son sujet pour fournir un éclairage plutôt qu'un autre). Dans le rôle principal, Michael Shannon porte en grande partie le film. Lui confier un personnage tourmenté, dont le comportement a de quoi inquiéter voire effrayer son entourage n'est pas franchement là encore une idée révolutionnaire mais ici, on joue moins sur la menace physique que sa carrure peut faire craindre que sur l'empathie qu'il suscite: on n'a pas envie qu'il soit en train de perdre la raison, on veut que son entourage le croie ou au moins l'aide et en même temps, ne serait-ce pas préférable qu'il ne soit qu'un individu en proie à des hallucinations et pas un être doté de prémonitions?

Shannon est bien épaulé par une distribution modeste, le nombre des personnages est assez réduit: Jessica Chastain est celle qui tire le mieux son épingle du jeu dans le rôle de Sam, l'épouse inquiète qui fait de son mieux pour comprendre le mal qui ronge son mari, tandis que Ray McKinnon (autre habitué des films de Jeff Nichols apparemment) et Shea Whigham, éternels seconds rôles sur qui on peut toujours compter complètent l'ensemble en frère et collègue dépassés.

Tornade annonçant la fin du monde ou tempête sous un crâne? Take Shelter prend son temps avant d'abattre ses cartes (et encore) mais fascine surtout par son ambiance faussement tranquille interrompue par de courtes scènes cauchemardesques et la peinture d'une famille sans histoire confrontée à une menace dont la nature lui échappe longtemps.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 1 Avril 2022, 17:45bouillonnant dans le chaudron "Films".