Randolph Jaffe est engagé pour trier les lettres sans destinataires dans un bureau de poste du Nebraska. En recoupant certaines de ces lettres mortes, il y découvre l'existence de l'Art et se met en quête d'une contrée fantastique Quiddity.

Comme avec Imajica, les premières pages de ce roman ne nous laissent pas soupçonner où Clive Barker va nous emmener. Alors qu'on pourrait penser que Randolph Jaffe serait le protagoniste, dont le job a priori ennuyeux lui ferait pourtant découvrir d'incroyables secrets et dangers, on se rend vite compte que l'auteur a une toute autre intention. Aussi on mettra un petit moment à comprendre où l'on va, ou même à faire connaissance avec les principaux personnages comme Tesla, Howie, ou Jo-Beth.

Si l'on est déjà familier avec l'univers du romancier, en revanche, il est difficile de ne pas voir revenir des motifs récurrents: l'humain devenu plus ou moins un Dieu, le monde fantasmagorique aussi terrifiant qu'inoubliable, les puzzles pour y accéder...

L'inconvénient, c'est que certains personnages apparaissent tard dans la partie, tel Harry d'Amour, qui réapparait au gré de l’œuvre de Barker dans un rôles plus ou moins importants, tandis que d'autres restent présents un bon moment sans que leur finalité apparaisse comme William Witt. On plonge encore dans les aspects les moins reluisants de l'âme humaine, ce qui fait qu'il est difficile de s'attacher mais on a quand même des personnages qui arrivent malgré tout à être touchants et certains passages comme la partie sur la Ligue des Vierges sont mémorables.

On trouve en tout cas dans ce roman, première partie d'un diptyque, tout ce qui fait la singularité de Barker et il est moins colossal et peut-être plus abordable qu'Imajica même si ce n'est tout de même pas celui que je conseillerais pour se lancer.