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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Pinocchio (Netflix 2022)
Dévasté par la mort de son fils dans un bombardement, le menuisier Geppetto construit une marionnette à l'image d'un jeune garçon. Cette dernière prend vie et se montre fort turbulente. Guidé par un criquet, Pinocchio va apprendre à discerner le Bien du Mal.

Comme cela arrive souvent avec des personnages célèbres, on peut passer une décennie sans les voir portés à l'écran et tout d'un coup, plusieurs adaptations arrivent en un laps de temps réduit. Trois ans seulement après le film de Matteo Garrone dans lequel Roberto Benigni incarnait Geppetto, quelques années après avoir lui-même signé une adaptation dans laquelle il jouait le pantin, après le Pinocchio réalisé par Robert Zemeckis pour le compte de Disney, voici la concrétisation d'un projet de longue date de Guillermo Del Toro qui réalise sa version en collaboration avec Mark Gustafson, spécialisé dans l'animation en stop-motion. L'histoire et ses principales étapes sont connues dans les grandes lignes, Del Toro les reprend mais les met à sa sauce pour mieux explorer des thèmes qui lui sont chers.

En effet, il choisit de transplanter l'intrigue dans l'Italie fasciste et le film peut donc s'inscrire dans la lignée de L'Échine du Diable et Le Labyrinthe de Pan dans lesquels des enfants étaient confrontés au franquisme et trouvaient de l'aide ou une échappatoire dans un univers fantastique. On reconnait des épisodes du roman (le nez qui s'allonge, le cirque, le monstre marin) mais certains sont transformés: ainsi, le pays des jouets où les enfants peuvent s'amuser jusqu'à devenir des ânes disparait pour être remplacé par un camp où les petits garçons, sous couvert de jouer à la guerre, doivent être transformés en de parfaits soldats pour Mussolini. Le livre de Collodi avait pour but d'apprendre aux enfants à être obéissants et travailleurs sous peine de mal finir. Cette adaptation, au contraire, met en garde contre l'obéissance à l'autorité sans remise en question. Le parcours de La Mèche est ainsi révélateur puisque dans le livre il entrainait Pinocchio sur le chemin de l'école buissonnière avec des conséquences fatales tandis que dans ce film il s'humanise au contraire en s'opposant aux ordres de son père, dignitaire fasciste, tout comme Spazzatura va devoir se révolter contre son maître. Pinocchio doit de son côté apprendre à prendre en considération les sentiments des autres et Geppetto à ne pas vivre dans le souvenir de son fils modèle décédé prématurément et à accepter que Pinocchio ait une personnalité beaucoup plus remuante. La fin est également dans la lignée des précédentes œuvres du réalisateur, devenir un vrai petit garçon est un processus symbolique plutôt que physique à l'issue duquel Pinocchio de se distinguerait plus d'un humain normal.

Visuellement aussi on reconnait certaines marottes du réalisateur mexicain comme l'apparence de l'Esprit du Bois (l'équivalent de la Fée bleue) et de la Mort, qui ne sont pas sans rappeler l'ange de Hellboy 2 avec leurs ailes couvertes d'yeux. La technique employée peut paraître saccadée au départ mais elle est parfaitement maîtrisée et le film offre des décors riches, souvent superbes comme le monde des morts. Les aventures du Pantin sont souvent inquiétantes mais non dénuées d'humour (mention spéciale pour les lapins) et comme d'habitude chez Guillermo Del Toro, le merveilleux côtoie une horreur bien réaliste. On peut regretter que malgré ses deux heures, il y ait quelques ellipses (le sort de La Mèche reste par exemple inconnu après avoir consacré du temps au personnage bien que la situation dans laquelle on le laisse et le fait qu'il ne revienne plus peut être un indice suffisant).

Le casting vocal est réussi, Ewan McGregor en criquet est particulièrement amusant tandis que David Bradley campe un Geppetto plus grincheux que celui auquel on a l'habitude. Quant à Cate Blanchett, dont on aurait pu penser qu'elle donnerait sa voix à l'Esprit du Bois ou à la Mort (c'est Tilda Swinton qui s'occupe des deux personnages), sa performance est des plus surprenantes. Gregory Mann peut paraître un peu criard dans sa première scène mais cela correspond à un garnement insupportable qui ne tient pas en place devant toutes les nouveautés qu'il découvre et cela se calme par la suite. À la musique, Del Toro retrouve Alexandre Desplat qui avait travaillé sur La Forme de l'Eau. Le compositeur a souvent tendance à intellectualiser ses partitions plus que de raison, il se lâche ici un peu et les chansons sont entrainantes.

Le Pinocchio de Guillermo Del Toro et Mark Gustafson est l'exemple parfait d'une adaptation intelligente qui reprend un récit connu dans les grandes lignes afin de lui donner une nouvelle lecture en le transposant dans un nouveau contexte pour en faire un film personnel et inventif plutôt qu'une énième illustration dispensable.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 19 Décembre 2022, 15:35bouillonnant dans le chaudron "Films".