Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Misery
Victime d'un accident de la route, le romancier Paul Sheldon est tiré les jambes brisées de l'épave de sa voiture par Annie Wilkes, ancienne infirmière et fan de l'héroïne qu'il a créée, Misery Chastain. Une chance? Non, car Annie séquestre Paul chez elle et quand elle découvre qu'il a tué Misery dans son dernier roman, elle le contraint à corriger le tir en écrivant une suite. Pour survivre, Paul va devoir contenter sa plus grande admiratrice.

Les rapports entre un artiste et ses fans peuvent être enrichissants mais les expériences ne sont pas toujours positives. Ici, certaines célébrités abusent de leur pouvoir sur leurs admirateurs, là, de l'adoration à la haine il n'y a qu'un pas tant ces sentiments exclusifs et obsessionnels ne sont pas si éloignés. Un auteur comme Stephen King, rapidement propulsé en tête des ventes, a forcément rencontré très vite des fans excentriques générant un malaise teinté d'inquiétude. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait inventé un cas extrême, un cauchemar dans lequel il n'avait pas de mal à se projeter: celui d'un écrivain à succès impuissant face à une admiratrice complètement psychotique. Bien qu'il y ait une mention de l'Overlook, l'hôtel hanté de Shining, pas de fantastique ici, l'horreur tient dans la folie d'Annie Wilkes et ce que Paul Sheldon est contraint de faire pour survivre. Un roman à suspense, entièrement du point de vue d'un homme affaibli et incapable de sortir de chez sa tortionnaire.

Malheureusement, la première fois que j'ai lu le livre, je sortais de Jessie du même auteur, dont l'héroïne, pour des raisons différentes, était aussi clouée au lit. J'avais donc décroché, sentant probablement le besoin de lire les aventures de quelqu'un capable de se dégourdir les jambes et de voir du pays. Relu dans des circonstances plus favorables, Misery tient bon le cap durant ses 400 pages. On ne perd pas de temps à dévoiler la folie profonde d'Annie mais Paul et le lecteur ne sont pas capables d'envisager jusqu'où elle peut aller (le film, qui fait partie du haut du panier des adaptations de King, édulcore le texte sur plusieurs points).

Annie Wilkes est devenue l'un des personnages emblématiques de l’œuvre de King, une de ses créations les plus terrifiantes, mais aussi une des plus pathétiques. On en vient à la plaindre, prisonnière qu'elle est de son cerveau malade. À travers Paul, King se livre à une réflexion sur le rapport de l'écrivain à son art et son public. Les sentiments de Paul vis-à-vis de ses romans évoluent selon sa situation, les méprisant ainsi que ses lectrices puis trouvant malgré les circonstances un étrange plaisir à écrire un nouveau Misery. Le personnage n'est cependant pas très sympathique (pas au point toutefois de se réjouir de ses malheurs) et l'on peut se demander si sa misogynie est consciente de la part de King. Ce dernier a dû s'amuser à écrire les passages de Misery's Return, gros pastiche de mélodrame gothique.

Quoiqu'il en soit, Misery offre un suspense mené de main de maître doublée d'une analyse percutante des rapports entre les esprits créatifs et leur public, dans une version totalement cauchemardesque, il est vrai.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 26 Septembre 2024, 19:03bouillonnant dans le chaudron "Littérature".