Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Marche ou crève
Ray Garraty a été sélectionné, en compagnie de 99 autres adolescents, pour participer à la Longue Marche, l'événement annuel sur lequel on parie des milliards aux États-Unis. Le gagnant remportera le prix de son choix et le confort financier jusqu'à la fin de ses jours. Les autres seront éliminés au fur et à mesure d'une balle dans la tête.

J'ai plusieurs fois évoqué le fait, dans mes avis sur d'autres romans de Stephen King, que Marche ou crève faisait partie de ceux qui m'avaient le plus marquée, au point de le mettre dans mon top 3 des bouquins de l'auteur (et au point d'avoir encore en tête les chansons que j'écoutais en boucle à l'époque de ma première lecture). C'est également le seul des romans publiés initialement sous le pseudonyme de Richard Bachman que j'apprécie vraiment. L'intrigue prend place dans des États-Unis dystopiques régis par un militaire simplement appelé le Commandant, où les éléments rebelles sont enlevés par des Escouades sans que l'on sache rien de leur sort et où chaque année tient place une compétition mortelle entre jeunes gens pour le divertissement de la foule. Ici néanmoins, pas d'arène dans laquelle les concurrents s'entretuent. Rien que la route, le but est de marcher sans tomber sous la barre des six km/h sous peine, au bout de trois avertissements, de "recevoir son ticket", le dernier debout étant le vainqueur. Autre particularité par rapport à d'autres jeux du cirque dépeints dans des dystopies plus récentes, les Marcheurs sont volontaires, ce qui est finalement plus dérangeant: qu'est-ce qui peut pousser chaque année plusieurs milliers d'adolescents à s'inscrire?

Les motivations sont diverses mais souvent floues ou inavouées, comme on le découvre petit-à-petit en suivant Garraty et les camarades qu'il se fait au cour de son périple. Il y a McVries le torturé, Olson le fanfaron, Scramm l'inconscient, le flegmatique Baker ou encore le mystérieux Stebbins qui vont se dévoiler petit à petit.

Avec des règles aussi simples, le jeu peut paraître lassant mais King mène son récit de main de maître en faisant monter la tension avec les premières exécutions puis, alors qu'une routine s'installe parfois alors que Garratty fatigue et devrait être moins choqué, on varie les causes de décès avec quelques séquences marquantes comme le gamin qui se fait écraser les pieds, le sort de Olson parti très sûr de lui et qui déchante vite mais dont le corps continue de fonctionner plus longtemps que prévu et la fin des personnages auxquels on s'est attaché en route sont pour certaines particulièrement déchirantes tandis que d'autres n'apportent pas la satisfaction attendue.

King entretient une opacité sur les raisons de l'instauration de ce régime totalitaire, ne laissant que quelques indices ici et là, n'explicitant pas certains concepts car ils sont connus des protagonistes comme l'existence d'un groupe criminel appelé les motards de nuit. Il préfère explorer la psychologie des personnages à travers le regard de Garraty, garçon ordinaire si ce n'est que pour se porter volontaire pour une telle épreuve, il ne doit pas l'être autant que cela, tout en faisant monter crescendo le suspense. On sait forcément que Garraty va être le dernier à partir mais qui l'accompagnera le plus longtemps, comment et surtout, qu'y gagnera-t-il? Y a-t-il seulement une victoire possible ou le jeu est-il truqué d'avance?

L'auteur relève le défi de faire suivre cette marche usante sans lasser le lecteur et signe décidément là un de ses meilleurs livres. Son manque de notoriété par rapport à d'autres s'expliquent peut-être par l'absence d'adaptation, malgré des projets qui n'ont jusque-là pas abouti. Il faut reconnaître que restituer le tour de force littéraire à l'écran n'est pas une évidence.
potion préparée par Zakath Nath, le Dimanche 2 Juin 2024, 16:35bouillonnant dans le chaudron "Littérature".