Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Visages du Cauchemar
La peur peut prendre bien des aspects, revêtir bien des visages. Un protecteur trop zélé, le fantôme d'une accidentée de la route, un culte mystérieux dans la campagne anglaise, des individus richissimes aux perversions raffinées. Nous sommes invités à découvrir huit de ces visages cauchemardesques.

Après Le Portrait du Mal et Le Miroir de Satan, je ne pensais plus revenir à Graham Masterton. J'étais venu, j'avais lu, j'avais survécu et ainsi complété ma culture horrifique mais je n'avais pas été plus que cela convaincue. Un cadeau bonus suite à une commande échangée m'a cependant donné l'occasion de lui accorder une autre chance. Avec un recueil de nouvelles donc dans un format un peu différent et que j'apprécie généralement dans ce genre. On en a huit, chacune censée illustrer un visage différent de la peur, nous explique l'auteur en préliminaire et dans chaque courte préface qui accompagne les récits.

On commence avec L'Ange Gardien qui se déroule en Écosse (les lieux d'action sont soigneusement choisis à chaque fois). Une adolescente espère de tout cœur une petite sœur et vit mal l'arrivée d'un petit frère. Puis elle est témoin d'une apparition stupéfiante dans la chambre de ce dernier. Malgré un personnage pulvérisé, c'est très gentillet pour du Masterton. Certes, il vaut mieux ne pas contrarier les entités divines mais l'histoire est plus rassurante qu'effrayante.

Dans Lune affamée, le héros a été fasciné dans l'enfance par l'illustration d'un paquet de céréales, une lune dévorant tout, y compris un petit garçon manchot. Son enquête l'emmène dans la forêt qui borde la propriété d'une riche et ancienne famille du Sussex. De la bonne petite horror folk à l'anglaise qui nous balade dans les dernières pages. Toujours soft pour l'auteur mais on monte en tension.

Douleur: un homme renverse une jeune femme en Normandie et commet un délit de fuite. Il fait la connaissance d'une autre jeune femme qui disparait brutalement, puis encore d'une autre. Masterton a fait ses débuts dans l'érotisme avant de se consacrer à l'horreur, d'où des scènes de sexe très détaillées dans ces romans. Il se lâche ici avec des personnages féminins qui jouent à être "la plus grande prostituée du monde" avec le héros. L'essentiel de l'intrigue est finalement une réflexion sur la culpabilité et les fantômes qui hantent sans qu'il le comprenne de suite le protagoniste mais si l'on ne trouve pas toutes ces scènes de cul émoustillantes, elles ont plus tendance à plomber une belle nouvelle qu'à la relever.

Le Shin-tan secret: un jeune chef cuisinier à succès est invité à lire le mythique Shin-tan secret et d'en préparer une des recettes à son propriétaire. Probablement la plus "mastertonienne" des nouvelles du recueil avec un livre de cuisine qui soulève l'estomac. On a hélas un personnage féminin totalement soumis (et bien sûr du sexe) mais le twist de ce récit très malsain est amusant.

Les Hommes de Maes: dans un petit village minier du Pays de Galles, un homme croise un ami disparu dans un récent coup de grisou. Une histoire de fantôme qui bénéficie d'une jolie ambiance mélancolique qui colle bien avec le contexte de l'action.

Conte de Fées: en déplacement dans le Kerry pour une vente aux enchères, une antiquaire fait la connaissance d'un homme étrange. L'Irlande est le cadre idéal pour une rencontre avec un être féérique qui bien entendu n'est pas bien intentionné. L'héroïne est agaçante à ne pas voir arriver ce qui va se passer, surtout après une première expérience. Bizarrement, pas de description de scène de sexe entre elle et l'Elfe qui ne dit pas son nom. Probablement parce que cela aurait demandé d'adopter le point de vue d'un personnage féminin là-dessus et que Masterton est plus intéressé par la description de leurs nichons que leurs pensées à ce moment.

Suffer Kate m'a fait constater une chose sur le recueil entier: l'auteur a beau aborder les visages de la peur, les histoires proposées ne la procurent pas vraiment. C'est encore le cas, ici où Masterton dit avoir voulu parler de la peur de l'autodestruction. C'est surtout extrêmement glauque, avec un personnage obsédé dès son plus jeune âge par l'asphyxie érotique. Entre lui et la partenaire qu'il se trouve, on est dans les tréfonds de la psyché humaine, certes, mais finalement, puisqu'ils ne font de mal qu'à eux-même (on peut impliquer aussi le narrateur qui ne peut s'empêcher de vouloir aider son ami) ils ne font pas vraiment trembler. Bref, une nouvelle qui provoque plus le dégoût que la peur.

Le Retour du Manitou renoue avec la trilogie qui a rendu Masterton célèbre dans laquelle un Homme-Médecine du XVIIe siècle tentait de se réincarner pour exercer sa vengeance sur l'homme blanc. Ne l'ayant pas lue, je n'avais pas d'attachement pour le couple principal qui m'a paru vite antipathique (à l'époque on pouvait encore traiter de tas de saindoux une gamine de quatre ans en surpoids qui n'a en plus rien fait de déplaisant - au contraire, c'est elle qui se fait agresser - et encore passer pour le héros). Une histoire de possession par ailleurs inquiétante mais une résolution confuse et en même temps facile.

Sentiment mitigé à la fin de ce recueil mais n'étant pas fan de l'auteur c'était prévisible. On y trouve en tout cas ses spécificités et les ambiances sont assez variées d'un récit à l'autre pour ne pas être lassé et se faire une petite idée de son univers si on préfère l'approcher par ses nouvelles que ses romans.
potion préparée par Zakath Nath, le Mardi 4 Février 2025, 16:16bouillonnant dans le chaudron "Littérature".