Cela fait huit ans que Sancia et Bérénice, avec une poignée d'alliés, luttent contre l'entité qui se fait appeler Tevanne, dont le pouvoir ne cesse de s'accroitre. Quand les deux femmes découvrent quelle est son intention ultime, le temps leur est compté pour mettre fin à la menace. Un échec signifierait la fin du monde tel qu'elles le connaissent, peut-être même la fin de tout.

Cet avis risque de ne pas être très constructif. En effet, en attaquant l'ultime tome de la trilogie, je n'avais que peu de souvenirs du précédent hormis le fait qu'il se terminait dramatiquement, les protagonistes se retrouvant face à un ennemi encore plus puissant que celui qu'ils s'étaient préparés à affronter. Certes, à la lecture de ce deuxième tome, je n'avais déjà que de vagues souvenirs du premier mais la mémoire m'était, si j'en crois mon article de l'époque, revenue peu à peu et je n'avais pas eu trop de mal à raccrocher les wagons.

Ce n'est malheureusement pas le cas ici et malgré l'ellipse de huit ans entre les deux tomes qui nous poussent de toute manière à découvrir une nouvelle situation, cela a impacté mon appréciation de tout le livre. Étais-je censée bien connaître un personnage qui meurt héroïquement dans les premiers chapitres? J'aurais probablement été plus attristée si j'avais eu l'impression de le connaitre, par exemple. Un des points d'accroche du premier tome était son système de magie complexe et travaillé, les enluminures capables d'influencer la physique. Ici, je n'avais plus guère de notion des règles, on assiste à des manipulations impressionnantes, le concept du jumelage est poussé de plus en plus loin mais cela devenait tellement abstrait pour moi que je ne me sentais plus vraiment concernée.

Dommage car le roman est mené tambour battant. Action, action, action et guère le temps de souffler tant Tevanne est surpuissante, sur les talons des héroïnes à qui il ne reste guère de temps pour contrer cette menace a priori indéboulonnable. On a de nouvelles révélations, sans surprise liées au passé de Clef. Les dernières pages ne sont pas dépourvues d'émotion, le couple formé par Sancia et Bérénice est le cœur de cette trilogie mais le dénouement aurait évidemment bien mieux fonctionné si j'avais vraiment compris ce qui était arrivé à Sancia, le pourquoi du comment, la solution... Robert Jackson Bennett ne manque par ailleurs pas d'audace pour montrer une humanité définitivement transformée plutôt que de revenir à un statu quo confortable.

Les tomes de cette trilogie méritent probablement d'être lus à intervalles rapprochés pour éviter une expérience frustrante comme la mienne après un premier tome prometteur. D'un autre côté, si j'ai laissé filé les mois et ne me suis pas lancée dans une relecture des deux premiers livres ce n'est pas pour rien. Reste tout de même un univers original avec un concept travaillé mais qui risque de laisser sur le carreau si l'on n'est pas attentif.