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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Les Aventures du Jeune Indiana Jones
En 1908, Henry "Indiana" Jones Jr accompagne son père, éminent professeur d'Histoire médiévale, dans ses tournées à travers le monde. C'est l'occasion pour le jeune garçon d'acquérir le goût des voyages, de l'aventure et des reliques perdues qui ne se démentira pas avec l'âge.

Mise en chantier peu après la sortie d'Indiana Jones et la Dernière Croisade, cette série diffusée sur ABC au fil des années 90 témoigne déjà, avant la sortie de La Menace Fantôme, d'un décalage entre les attentes des fans et les intentions de George Lucas. En effet, là où les premiers espéraient avoir une dose d'Indy toutes les semaines, avec poursuites, bagarres et artefacts antiques aux pouvoirs extraordinaires, le second berçait un projet pédagogique: les voyages du petit Indiana Jones sont des prétextes pour rencontrer des personnalités historiques et se faire enseigner, ainsi qu'au jeune spectateur, l'Histoire mais également dans une moindre mesure la science, les arts et les religions. Un procédé qui n'est pas sans rappeler le but premier de Doctor Who et s'il n'est pas question de voyage dans le temps, la diffusion non-chronologique dans un premier temps des épisodes, où l'on alternait des histoires avec un Indy de 9/10 ans (Corey Carrier) avec d'autres mettant en scène un Indy en fin d'adolescence/entamant la vingtaine (Sean Patrick Flanery) ainsi que le ton très différent d'un épisode à l'autre, contribuent à cette similitude.

Hélas, c'était déconcertant pour une bonne partie des spectateurs, tout comme le choix peu populaire d'introduire et de conclure chaque épisode par un Indy nonagénaire (George Hall) racontant ses souvenirs à qui veut l'entendre, ou pas. Ce qui a conduit Lucas à changer de formule et sous le titre français se cache en fait deux séries américaines différentes: The Young Indiana Jones Chronicles qui suit le montage et la diffusion d'origine, et The Adventures of Young Indiana Jones, qui vire le vieil Indy (sauf dans Mystery of the Blues puisque ce n'est pas George Hall qui s'y colle mais Harrison Ford lui-même), remet tout dans un ordre à peu près chronologique et adopte un format d'1h30 au lieu de 45 minutes en associant deux épisodes en un. Seul montage disponible aujourd'hui, il est peut-être un peu moins perturbant mais non sans défauts non plus.

Le caractère répétitif des aventures du plus jeune des deux Indy se fait ainsi beaucoup plus manifeste quand on se les enfourne d'affilée et quand deux épisodes (d'origine) basés sur des dialogues plutôt que sur l'action s'enchaînent, on sent le temps passer. De plus, en 1916, entraîné malgré lui dans la Révolution mexicaine (alors qu'il allait au bordel, c'est du propre), Indy fait la connaissance de ce qui deviendra un comparse régulier, le truculent Belge Rémy Baudouin (feu Ronny Coutteure dont je lisais le journal de tournage dans Lucasfilm Magazine il y a un quart de siècle) avec qui il s''engagera dans l'armée, qui apparait et disparait en fonction des besoins des épisodes. Certains d'entre-eux sont fort réussis et renouent avec l'ambiance des films ou au moins un côté Tintin comme Phantom Train of Doom où Indy accompagne une équipe de vétérans (dirigé par Paul Freeman dans un autre rôle que Belloq - il ne sera pas le seul méchant recyclé dans cette série) sur le front congolais, ou Daredevils of the Desert dans lequel il croise Catherine Zeta-Jones et affronte un jeune Daniel Craig. Dans un tout autre style, Mystery of the Blues se révèle amusant puisqu'on y voit Indy, serveur dans le restaurant de Big Jim Colosimo en 1920 pour payer ses études, se lier d'amitiés avec Sidney Bechet (Jeffrey Wright) qui l'initie au jazz avant d'enquêter sur la mort de Colosimo avec l'aide d'Hemingway et d'un coturne bien godiche du nom d'Eliott Ness. Une intrigue qui ne mène forcément nulle part puisqu'on sait déjà qui a fait le coup et qu'il ne sera pas inquiété pour cela (et le scénar simplifie un peu l'affaire en zappant Yale pour mieux mettre Capone en avant). Indiana est en effet plus souvent témoin impuissant qu'acteur des événements, ce qui explique aussi la frustration du spectateur. Les épisodes dans les tranchés sont souvent prenants et réussis, les épisodes comiques inégaux (celui de Terry Jones à Barcelone est suffisamment déjanté pour faire rire, celui à Prague, malgré l'intermède kafkaïen, tire en longueur), les épisodes sentimentaux désastreux comme celui avec Mata-Hari, écrit par Carrie Fisher mais revu et corrigé par George Lucas qui s'y est fait la main pour les dialogues entre Padmé et Anakin de L'Attaque des Clones (le bougre s'est donc entrainé pour ça!). On finit sur deux des moins bons épisodes, où Indiana Jones s'introduit au forceps à Broadway et Hollywood pour des intrigues sans grand enjeu (monter un spectacle avec Gershwin, obliger Erich Von Stroheim à finir un tournage dans les temps) pour un résultat bouffon et souvent longuet malgré un contexte intéressant.

Ce qui frappe néanmoins malgré ces défauts, c'est la qualité de la production. Tournages à travers le monde, début de l'utilisation du numérique pour booster des foules ou mêler des plans différents, quelques techniques habiles pour économiser et surtout, la constitution d'une équipe bien rodée qui resservira en partie sur le tournage de la prélogie. Lucas fait appel à des gens comme Frank Darabont pour signer certains scénarios et à des réalisateurs habitués du cinéma pour mettre en boite les épisodes: on croisera ainsi des noms aussi divers que Mike Newell, Nicolas Roeg, Terry Jones donc, Joe Johnston, Simon Wincer ou René Manzor. Pour ce qui est du casting, Corey Carrier est un enfant acteur correct (et qu'on voit progresser dans les épisodes tournés plus tardivement), Sean Patrick Flanery n'est pas mauvais non plus mais un peu fade et souffre du caractère aléatoire de ce qu'exigent les épisodes: tantôt aventureux, tantôt plaintif, tantôt traumatisé et désillusionné par la guerre, tantôt écervelé... Quant aux seconds rôles, c'est un festival: on croise des vieux de la vieille expérimentés comme Max Von Sydow, Michel Duchaussoy ou Christopher Lee, des futures stars comme Daniel Craig évoqué plus haut et beaucoup de gueules qu'on croisera beaucoup à l'avenir dans les films et les séries: Pip Torrens, Timothy Spall, Frank Vincent... et même Jean-Pierre Castaldi et Francis Lalanne (dans l'épisode dirigé par le frère de ce dernier, ceci explique cela).

Trop inégale pour provoquer un véritable et total enthousiasme, Les Aventures du Jeune Indiana Jones témoigne néanmoins d'une ambition sur le fond et la forme qui fait plaisir et dont on préfère se rappeler les sommets que les tréfonds. Il est dommage que le concept n'ait pas séduit le public et que le résultat soit parfois maladroit mais cette déclinaison télévisuelle avait en tout cas le mérite d'essayer de proposer quelque chose de neuf à partir du personnage plutôt que d'exploiter simplement le filon tout en y mettant les moyens.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 22 Juillet 2023, 11:43bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".