D'Artagnan, peu impressionné par le jeune Louis XIV encore sous la coupe de Mazarin, demande son congé pour aider Charles II à remonter sur le trône d'Angleterre. Il ne se doute pas qu'Athos poursuit le même but. Le fils de celui-ci, Raoul de Bragelonne, est toujours épris de Louise de La Vallière qui fait son entrée à la cour. Pendant ce temps, Aramis a ses propres projets et entraîne Porthos dans un plan audacieux.

J'avais dévoré une première fois La Trilogie des Mousquetaires à l'adolescence, emportée par le panache des personnages, surprise de découvrir un Rochefort finalement loin d'être antipathique et émue des dernières aventures des personnages vieillissants. J'avais relu le cycle et la dernière fois avais fait un compte-rendu succinct des deux premiers tomes mais pas du dernier car j'avais calé au deux-tiers du Vicomte de Bragelonne. M'étant replongée dans l'intégrale pour le plaisir mais aussi enfin mener la tâche à bien, nous y voici.

Le livre est surtout connu pour l'épisode du Masque de Fer mais cette intrigue n'arrive que dans le dernier quart, bien que le terrain ait été soigneusement préparé au travers des intrigues d'Aramis dont d'Artagnan met du temps à comprendre la finalité. Le roman est touffu, les héros bien connus prennent leur temps pour apparaître et le vicomte du titre, pas des plus charismatiques malgré ses qualités, est presque secondaire même si les actions des uns impactent souvent, plus ou moins directement, les autres. On a droit à des entreprises risquées celles de d'Artagnan et Athos en Angleterre, suite logique de celles vécues dans Vingt ans après, à des duels chez la nouvelle génération, mais l'époque a changé. On le sent aux longues intrigues amoureuses dans l'entourage de Louis XIV et à l'ascension de courtisans qui en jouent et les favorisent pour leur avancement. Cela ne manque pas d'intérêt mais il faut le dire, on trouve parfois le temps long à suivre Montalais, Malicorne et Manicamp pendant que les Mousquetaires font tapisserie... Pour mieux briller dans la dernière ligne droite. Porthos devenait à chaque tome plus excessif et comique mais n'en devient que plus attachant ce qui rend particulièrement poignant l'épisode de la Grotte de Locmaria. Aramis a toujours été le membre du quatuor le plus ambitieux quoique suivi de près par d'Artagnan auquel il ressemble le plus. Ici, il se montre encore plus redoutable que Richelieu (dont on sentait déjà dans le volume précédent qu'il était fan), plus manipulateur mais non sans superbe tellement son plan est fou. Quant à Athos, je l'avoue, sa noblesse a tendance à me soûler à la longue d'autant qu'elle ne va pas sans rigidité mais toute son histoire est bien tragique et celle de d'Artagnan tout en ironie.

Le Vicomte de Bragelonne est parfois épuisant à multiplier les personnages et les chassés-croisés amoureux mais la patience est payante tant les personnages que l'on a aimé suivre de leur jeunesse à leur âge avancé tirent leur révérence de manière mémorable.