Doué pour le dessin, Jess est un garçon solitaire qui se sent négligé au sein d'une famille nombreuse et qui souffre de l'hostilité des brutes de sa classe. Il se lie d'amitié avec une nouvelle élève, Leslie, à l'imagination débordante. Dans leurs jeux, ils s'évadent à Terabithia, un royaume enchanté de leur invention.

Affiche tellement mensongère que même les acteurs principaux sont méconnaissables

Publié dans les années 70, Bridge to Therabithia de Katherine Paterson est devenu un classique pour la jeunesse outre-atlantique. Sa popularité ne s'est pas imposée en France mais le roman a connu une première adaptation, télévisuelle, dans les années 80 puis une seconde sur grand écran en 2007... qui fut un échec. Pourtant, le film bénéficie de bonnes critiques et toujours d'une excellente réputation et on le range souvent dans la catégorie des petites pépites trop méconnues. Que s'est-il passé? Un exemple de marketing loupé. On a jugé bon de surfer sur la vague des succès d'adaptations de romans de fantasy qui a marqué le début des années 2000 mais qui commençait alors à retomber. Affiche et bande-annonce promettaient une intrigue à base de gamins s'aventurant dans un monde merveilleux. Les fans du livre se sont détournés de ce qui s'annonçait comme une trahison, les profanes ont été déçus de ne pas y trouver ce qu'ils espéraient voir, une histoire à la Narnia.

On suit donc le quotidien ordinaire de deux pré-adolescents, Jess et Leslie. Jess est taciturne, issu d'une famille pauvre et perdu au milieu de sœurs qui attirent davantage l'attention que lui; Leslie est extravertie, fille unique de parents bobos. Ils sont réunis par leur créativité et leur imagination qui vont les pousser à partir à l'aventure dans le bois voisin où ils vont s'inventer des affrontements contre des créatures fantastiques. Hélas, la réalité va se rappeler à eux à plusieurs reprises, tragiquement pour finir. Le dernier tiers du film part dans une direction inattendue si l'on aborde le film totalement vierge et il est facile d'y aller de sa petite larme. Évidemment, si ce n'est pas du tout le spectacle que l'on était venu chercher, il y a risque d'être déconcerté. On assiste à une jolie histoire où règne une bienveillance sans angélisme (une des brutes, en butte à ses propres problèmes, va évoluer, deux autres n'auront rien appris).

Le réalisateur Gabor Csupo ne s'est pas vraiment illustré à ce poste et travaille davantage à la production de séries d'animation. Si la scène d'ouverture peut faire penser à un de ces téléfilms américains sur lesquels on pouvait tomber certains après-midi sur M6, il mène sa barque de manière compétente et intègre bien dans les scènes de jeu l'apparition des créatures fantasmées. Une silhouette ici, un tronc d'arbre tourmenté là prêt à prendre vie ou non... Les effets spéciaux qui accusent bientôt vingt ans tiennent toujours parfaitement la route, mieux que dans certains blockbusters plus récents, de l'intérêt de donner aux animateurs une direction sensée et des délais décents pour travailler.

Josh Hutcherson n'est pas un acteur que je trouve très charismatique mais il est ici dans la bonne moyenne des enfants-acteurs. Surtout connue pour avoir joué Violet Beauregard dans le Charlie et la Chocolaterie de Tim Burton, AnnaSophia Robb a connu une carrière plus discrète mais elle est ici aussi très bien, quoique l'on ait du mal à croire qu'un personnage pareil ait toujours eu de mal à se faire des amis avant de rencontrer Jess. Zooey Deschanel et Robert Patrick sont les têtes connues que l'on trouve dans la distribution, aux rôles relativement réduits même si la première a un impact indirect sur l'intrigue principale.

Pas de quête épique ici donc mais l'occasion de suivre un récit initiatique réussi qui sait émouvoir sans tomber dans la guimauve.