Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Le Bon, la Brute et le Truand
Durant la guerre de Sécession, trois hommes ont des préoccupations bien éloignées du conflit: Blondin, un faux chasseur de primes, livre régulièrement à la justice son associé, Tuco, dont la tête est mise à prix, avant de le libérer et de partager avec lui la récompense, jusqu'à ce qu'une rupture brutale pousse Tuco à vouloir se venger de son ancien complice; enfin Sentenza est un mercenaire qui met un point d'honneur à toujours accomplir la tâche pour laquelle on le paie. La promesse d'un fabuleux trésor enterré va les conduire à s'allier et se trahir successivement pour mettre la main sur le magot.

Le Bon, la Brute et le Truand fait partie de ces films dont la première vision m'a causé un tel effet que j'aimerais toujours pouvoir le découvrir pour la première fois. Habituée aux vieux westerns américains, je connaissais tout de même Sergio Leone de nom ainsi que l'existence des westerns spaghetti, et Le Bon, la Brute et le Truand étant régulièrement rediffusé, j'avais l'habitude de voir passer toujours la même photo dans les programmes télé (celle que j'ai mise plus bas, et aussi ai-je été fort surprise de découvrir qu'en fait dans le film, on ne voit jamais cette image sous cet angle).

Dès le générique, j'ai compris que j'allais assister à un spectacle bien différent de ceux auxquels j'étais habituée et j'ai goûté chaque instant de ce que je voyais: la musique, la présentation du trio, loin des héros plein de bonne volonté, le rythme très particulier de la narration avec deux des trois personnages qui ne se mettent en quête du trésor qu'au bout d'une bonne demi-heure, rythme qui ne m'ennuyait pas pour autant, la brutalité (Ramsey Bolton est passé par là mais la scène de torture de Tuco m'avait fait un petit choc, surtout le coup des doigts pincés dans la tabatière: ce n'est pas spectaculaire, mais c'est le genre de douleur qu'on peut facilement ressentir par procuration), la relation entre Tuco et Blondin, l'humour, le côté picaresque, et une fin qui enchaîne tranquillement deux scènes magistrales, la course dans le cimetière et le "triel".

Avec le temps, j'ai tout de même deux bémols à formuler. Un qui concerne le film en général, un autre lié à la version longue que je n'ai découverte que récemment en dvd. Ce qui fait qu'en définitive, et même si ça se joue dans un mouchoir de poche sans revêtir une grande importance, j'en suis venue à préférer ... Et pour quelques dollars de plus: les trois personnages du titre ne sont vraiment pas également servis. Nouveau venu dans la bande, Eli Wallach est phénoménal dans le rôle de Tuco, la parfaite crapule qu'on ne peut s'empêcher de trouver attachante (ça aide qu'on lui réserve la seule scène émotionnelle du film) mais du coup, il a tendance à bouffer ses deux partenaires, qui ne peuvent pas jouer les extravertis de la même manière. Pourtant, ils ne déméritent pas. Comme Eastwood est celui qui a le plus de scènes avec Wallach, il tire son épingle du jeu en lui servant de contrepoids et sa nonchalance et son ironie forment un bon contraste avec son comparse plus impulsif (accessoirement, il est au sommet de sa bôté dans ce film: je ne sais pas si l'acteur avait atteint un pic duquel il ne pouvait que dégringoler ou si d'un film sur l'autre Leone savait de mieux en mieux le mettre en valeur et plus personne n'a su le filmer comme ça, mais wahou... et je ne suis pas particulièrement fan du monsieur). Lee Van Cleef est le moins bien loti, car il n'a pas autant de temps à l'écran que les deux autres, beaucoup moins d'interaction avec eux, et on ne peut pas dire que Sentenza soit un personnage ayant une grande épaisseur. Néanmoins, on arrive quand même à en faire un méchant mythique, grâce à la gueule de l'acteur et une scène d'introduction qui le pose d'emblée comme un antagoniste de choix et qui fait que la tension montera ensuite automatiquement à chacune de ses apparitions (il est amusant de souligner qu'après cette scène, on ne le verra pourtant plus jamais tuer personne).

Pour ce qui est de la version longue, je ne trouve pas que les scènes ajoutées en 2003 apportent grand chose, en fait certaines ne font qu'alourdir l'ensemble (quel besoin avait-on de montrer Tuco réquisitionner les trois comparses qui vont essayer de buter Blondin dans sa chambre d'hôtel?) à part peut-être celles avec Sentenza, puisque contrairement aux deux autres on le perdait de vue régulièrement dans la version courte. Autre contrariété, si je ne jure en général que par la VO, je regarde toujours les westerns de Sergio Leone en VF, puisqu'il n'existe pas de VO pour eux: casting international oblige, chacun jouait dans sa langue et tout était doublé ensuite. Or, la VF était supervisée par Leone lui-même et est d'une excellente qualité, à l'exception des scènes supplémentaires puisqu'on n'a plus les doubleurs d'origine et qu'on n'a pas l'air de s'être soucié d'en dégoter dont le timbre de voix ressemble un minimum au reste. De quoi sortir régulièrement du film (Eastwood et Wallach ont pu assurer le doublage dans la langue de Shakespeare, mais quarante balais de plus, ça se sent aussi. Quant à Van Cleef, il n'était plus en état de doubler quoi que ce soit). Il est dommage qu'aucune édition dvd ne laisse le choix entre les deux montages.

On ne va pas bouder son plaisir pour autant, car ces défauts ne pèsent finalement pas bien lourd. Toujours plus ambitieux et avec un budget plus confortable, Sergio Leone franchit une nouvelle étape, en donnant une dimension supplémentaire à son récit picaresque qui s'inscrit dans la grande Histoire, et l'on sent l'envie de s'élever au-dessus des petites préoccupations de ses anti-héros vénaux pour peindre une grande fresque, ce qui sera encore plus perceptible dans son western suivant, mais on en parlera une autre fois.
potion préparée par Zakath Nath, le Jeudi 19 Septembre 2019, 19:02bouillonnant dans le chaudron "Films".