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Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Lawmen: l'histoire de Bass Reeves
Durant la Guerre de Sécession, Bass Reeves échappe à son maître et se réfugie en territoire séminole. Une fois l’esclavage aboli, il retrouve sa famille avec qui il part dans l'Ouest pour devenir fermier. Ses talents de tireur et sa connaissance des langues indiennes vont le conduire à accepter un poste de marshal adjoint.

La dernière décennie a été favorable à Bass Reeves, premier U.S. marshal-adjoint noir à l'Ouest du Mississippi. Grand oublié dans la représentation à l'écran des légendes du Far-West, tout au plus mentionnait-on qu'il était la source d'inspiration du Lone Ranger, héros forcément blanc même quand il ne vivait ses aventures qu'à la radio. Et puis une apparition dans Timeless par-ci, dans la mini-série Watchmen par-là, personnage secondaire dans The Harder They Fall... En bande dessinée franco-belge, on n'est pas en reste puisqu'il est le héros de la série Marshal Bass et a eu récemment les honneurs d'un album de Lucky Luke. Restait un biopic en bonne et due forme et c'est Lawmen: l'Histoire de Bass Reeves, huit épisodes annoncés comme un spin-off de Yellowstone qui s'y colle.

Question spin-off, soyons franc, il s'agit surtout d'attirer le chaland car on ne croisera pas de Dutton ici. Taylor Sheridan chapeaute encore le tout, le générique est calqué sur celui de 1883 mais les liens restent ténus, Lawmen: l'histoire de Bass Reeves est une œuvre indépendante quand bien même on cherche à l'inscrire dans un cadre plus large mais superflu. On est dans un biopic de facture très classique, montrant comment Reeves est devenu marshal adjoint et ses premières années à ce poste. Le plus intéressant est de suivre ce personnage fondamentalement droit et très chrétien tenter d'appliquer la justice, avec ses dilemmes. En particulier, la loi qu'il fait respecter n'est-elle pas celle des Blancs, aux dépens des anciens esclaves? En retrouvant la trace de son ancienne Némésis, il trouvera l'occasion de faire correspondre deux causes tandis qu'il offre aussi une deuxième chance à Billy Crow, un jeune hors-la-loi autochtone.

Une des grandes forces de cette mini-série est de poser des situations complexes. Outre les questionnements de Reeves et sa profession qui pèse sur sa situation familiale car il est rarement présent, on découvre un Ouest affecté par des inégalités que la fin de la Guerre de Sécession et l'abolition de l'esclavage n'ont pas fait disparaitre: la femme de Reeves reçoit ainsi la visite de son ancienne maîtresse, incapable de comprendre que ses anciens esclaves se sont désormais établis dans leur propre ferme et ne veulent pas revenir avec elle, ni même d'imaginer qu'ils puissent abriter la moindre rancœur à son égard. Le charismatique Edwin Jones a de grands projets pour la communauté noire mais ils impliquent de spolier les peuples indigènes de leurs terres. Reeves qui a séjourné chez les Séminoles voit vite clair dans son jeu mais les discours de Jones sont séduisants. Moins passionnantes sont les amours de la fille de Reeves et ses frustrations.

David Oyelowo porte admirablement le rôle principal, en apparence timide au départ mais qui gagne vite en stature alors qu'il s'impose comme marshal. On croise de vieilles trognes connues comme Donald Sutherland en magistrat et Dennis Quaid en marshal expérimenté mais crapuleux. Barry Pepper reprend peu ou prou le même genre de salopard raciste que dans The Lone Ranger (tout est lié) en version sudiste et moins ouvertement respectable cette fois-ci. Lauren E. Banks a un rôle un peu plus ingrat à devoir gérer la maisonnée en attendant que monsieur revienne de ses missions mais elle s'en tire bien et c'est toujours avec plaisir que l'on croise, le temps d'un épisode, des acteurs comme Shea Whigham, Margot Bingham ou encore Garrett Hedlund. Forrest Goodluck est également très bon dans le rôle de Billy Crow qui a une belle évolution au cours de l'histoire.

Annoncée comme une mini-série, Lawmen pourrait connaître une saison 2, bien qu'on ne sache pas encore s'il s'agirait de la suite des aventures de Reeves ou plus probablement des épisodes consacrés à un autre représentant de la loi dans l'Ouest américain, avec donc un format anthologique. En attendant, ces huit épisodes remplissent admirablement l'office de présenter ce personnage qui sort de la relative obscurité dans laquelle le siècle dernier l'avait plongé.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 18 Décembre 2023, 18:35bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".