Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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L.A. Confidential
Dans le Los Angeles du début des années 50, Ed Exley, Jack Vincennes et Bud White sont trois policiers au style très différent. Le premier est jeune et ambitieux mais se veut droit dans ses bottes, le deuxième s'associe avec le rédacteur d'un tabloid pour faire sa publicité en échange de scandales et le troisième est une brute qui traque les coupables de violences domestiques entre deux interrogatoires musclés. Ils vont se croiser sur la même enquête liée au massacre de plusieurs personnes dans un diner.

Adapter le roman de James Ellroy au cinéma n'était pas une mince affaire. En effet, ce dernier est complexe, s'étale sur plusieurs années et traite d'intrigues qui s'entrecroisent. Pour ne rien faciliter, il s'insère dans une tétralogie et certaines personnages et éléments ont déjà été introduits dans Le Grand Nulle Part qui le précède ou trouveront une fin dans sa suite, White Jazz. Ellroy oblige, la violence est extrême et tous les personnages se compromettent moralement à des degrés plus ou moins importants mais jamais superficiels. C'est pourtant un défi que le réalisateur Curtis Hanson et son scénariste Brian Helgeland ont relevé avec les honneurs. Pour se faire, l'intrigue a été resserrée: exit tout ce qui tourne autour du pseudo-Walt Disney et ses liens avec la famille Exley ainsi que tout ce qui est relatif au tueur en série et ses meurtres particulièrement atroces. Le contexte de l'arrestation de Mickey Cohen et la guerre de succession qui s'annonce est toujours présent mais plus en toile de fond jusqu'à un certain point et le trio principal est un poil édulcoré.

Quoique fortement élaguée, l'histoire reste alambiquée et demande de rester attentif pendant les deux heures et quart que dure le film. On retrouve cependant la substantifique moelle du roman. Un Los Angeles où le glamour d'Hollywood cache un univers malsain, une police gangrénée par le racisme et la corruption et un trio d'enquêteurs pétris de failles: Ed Exley, fils d'un policier mort en service, pourrait faire office de héros mais est trop fin politique et plonge dans des eaux trop saumâtres pour rester exemplaire en toutes circonstances. Bud White, traumatisé par un père qui a tué sa mère, oriente ses propres pulsions destructrices sur des coupables de violences domestiques mais peine à se contrôler, quant à Jack Vincennes, il semble parfaitement acclimaté à la pourriture ambiante et en tire partie bien que même lui ait ses limites. Face à eux, un millionnaire proxénète, une call-girl sosie de Veronica Lake, des chefs de la police et des procureurs qui ont leurs propres secrets...

Pour interpréter ce beau monde, Curtis Hanson peut compter sur un casting de luxe, Guy Pearce a les traits réguliers d'un bon héros tout en envoyant des vibrations plus antipathiques, idéales pour Exley, Russell Crowe tout jeune et pas encore starifié par Gladiator est également impeccable en brute plus maligne qu'elle en a l'air tout comme Kevin Spacey est à son aise dans le rôle du trouble Jack Vincennes. Parmi les seconds rôles, Danny DeVito est truculent en reporter pour feuilles de choux, Kim Basinger a décroché son Oscar pour son rôle de Lynn Bracken et il est difficile d'imaginer le personnage avec un autre visage (oui, bon, si, celui de Veronica Lake...), ce qui n'est pas le cas de James Cromwell en Dudley Smith, inattendu mais finalement correct. Disons que j'imaginais le personnage davantage avec une apparence de bon gros flic irlandais de base cachant un esprit diabolique. On croise même un jeune Simon Baker pas encore mentaliste en aspirant acteur gigolo malchanceux.

Curtis Hanson et son équipe, notamment Dante Spinotti à la photo, offrent une belle reconstitution du Los Angeles des années 50 même si après avoir lu le roman d'Ellroy, on peut encore trouver le tout trop propre et pas assez poisseux tandis que la BO jazzy de Jerry Goldsmith est assez discrète. On croit cependant à cette plongée dans le Hollywood de l'époque où l'on croise Lana Turner et Johnny Stompanato (sans en dire plus sur ce couple, contrairement au livre, les spectateurs avertis savent à quoi s'en tenir, les autres ne verront là qu'une des rares scènes un peu humoristiques du métrage).

L.A. Confidential ne restitue pas toute la richesse et la noirceur du roman mais Hanson et Helgeland ont su le transposer à l'écran en sachant se concentrer sur une intrigue policière forte sans perdre de vue le parcours des trois personnages principaux qui en sont le cœur et en font un exemple d'adaptation intelligente.
potion préparée par Zakath Nath, le Vendredi 17 Juin 2022, 17:42bouillonnant dans le chaudron "Films".