Je suis allée hier soir voir le dernier Ridley Scott, et, si dans l'ensemble j'ai passé un bon moment, j'en suis ressortie avec l'impression que le réalisateur était passé à coté d'une vrai réussite. Je précise l'avoir vu en anglais non-sous-titré, donc certaines subtilités ont pu m’échapper.

D'abord, les bons points: niveau décors, costumes et photographie (très semblable à celle de Gladiator, les deux films semblant très liés) c'est magnifique, chaque image est travaillée, une splendeur visuelle. Ensuite, les seconds rôles: Liam Neeson (qui arrive à sortir la réplique "Je suis ton père" sans avoir l'air ridicule, exploit d'autant plus grand pour un ancien de Star Wars), David Thewlis (bon sang, ce type arrive à avoir l'air bon à 200% sans jamais tomber dans la niaiserie), Jeremy Irons, Marton Coksas (Guy de Lusignan, le méchant de l'histoire: difficile de croire qu'il jouait Celeborn dans le SdA), Edward Norton en Baldwin IV, excellent meme si désavantagé par un masque superbe, certes, mais qui le faisait ressembler à Belphegor... Et Ghassan Massoud, dans le rôle de Salaadin, franchement charismatique.

Puisqu'on parle de charisme, je passe aux points du film qui m'ont chiffonné, en tête, Orlando Bloom: il n'est pas catastrophique, mais il ne fait, comme d'habitude, pas le poids face aux autres. De plus, il est souvent très inexpressif. Et on a du mal à le voir devenir en un clin d'oeil un chef de guerre soulevant l'enthousiasme de ses hommes, n'est pas Russel Crowe qui veut.

Ce n'est cependant pas le seul probleme. Les batailles sont très impressionnantes, mais le sens de l’esthétique finit par desservir Scott quand il se met à les styliser à outrance: l'escarmouche du début en sombre dans le ridicule. La musique, parfois bien, est à d'autres moments grotesque, particulièrement pendant la scène d'amour. Ce que je craignais, en allant voir le film, c'est qu'un film américain sur les croisades nous montre les gentils croisés contre les méchants musulmans. Heureusement, ces derniers sont bien représentés, mais on tombe parfois dans l'exces inverse: tous les chevaliers sont bien, sauf les Templiers qui sont tous d'horribles fanatiques... hum...

Pareil pour les membres du clergé, on a droit au début à un pretre voleur et hypocrite, puis à une caricature d’évêque rondouillard, lâche, fanatique, etc: je ne suis pas spécialiste de l'époque médiévale, mais je crois me souvenir que les membres du haut-clergé, sans faire partie d'un ordre combattant, étaient parfaitement capables de se battre comme les autres. Enfin, la fin est longuette, et assez ridicule: la reine (bien jouée par Eva Green, mais le personnage n'est pas super bien écrit) abandonne tout pour vivre avec le beau Balian, elle est habillée comme une pauvresse, n'a plus un sou et lorsqu'on la voit la scène suivante, elle a un magnifique capuchon en fourrure, le genre de vêtement super bon marché, surtout à l'époque. Et le dernier dialogue est digne des Monty Python: "Je suis le roi d'Angleterre! -Je suis le forgeron." Voili-voilou, dans l'ensemble un bon blockbuster, dans le détail une petite deception...