Les esprits des passagers du wagon n°9 d'un train en panne dans un tunnel s'échauffent quand un sac à main disparait; un homme en sauve un autre du suicide et le ramène chez lui; un jeune couple emménage mais leurs voisins commencent à soupçonner le pire; une famille participe à un escape-game; un compositeur craint d'être victime de la malédiction de la neuvième symphonie; enfin, on termine sur une dernière histoire neuf saisons de mésaventures au n°9.

Il était logique de boucler la série anthologique avec neuf saisons et même si l'on sait que dans quelques mois, elle se déclinera sur les planches, c'est l'heure des adieux. Avec forcément une envie de feu d'artifices qui ne viendra pas même si comme toujours, la qualité est au rendez-vous.

On commence avec Boo to a Goose: des personnages d'horizons divers coincés ensemble, les soupçons et les caractères mettent de l'huile sur le feu... L'opposition entre conservateurs coincés et marginaux parfois provocants est classique mais il y a évidemment un retournement de situation acide qui montre que les plus enclins à entrer dans le moule ne sont pas toujours ceux que l'on croit. Tout le monde est impec mais mention spéciale à Siobhan Finneran.

Dans The Trolley Problem, un psy vient en aide à un homme suicidaire et le ramène chez lui en espérant le soulager. Son patient impromptu n'est peut-être pas là par hasard. Un épisode sombre dans lequel la tension monte mais on a déjà eu le thème de la vengeance élaborée et terrible en final de la saison précédente.

Mulberry Close est le tour de force narratif de la saison avec une intrigue vue uniquement à partir d'une caméra de surveillance sur le palier d'un pavillon. Un couple emménage, les disputes deviennent plus violentes, le voisinage s'alarme. On brocarde les envies de célébrité des uns et des autres et la fausse bienveillance bien qu'à force de voir des twists, on ne s'étonne plus vraiment quand ils arrivent.

C'est d'ailleurs un peu aussi le cas dans Ctrl Alt Esc dans lequel une famille participe à un escape game. Alors que les quatre membres s'agacent et que le père est laissé dans une situation précaire, on devine ce qu'il en est réellement. Une relecture d'un vieil épisode populaire sur un versant plus optimiste.

Ah! Un peu de fantastique gothique dans The Curse of the Ninth dans lequel un accordeur vient s'occuper du piano d'un compositeur récemment décédé, qui craignait d'être victime de la malédiction de la neuvième symphonie (depuis celle de Beethoven personne n'est censé franchir ce cap sans mourir). Répliques à double-sens, avidité, et Eddie Marsan et Natalie Dormer au casting, excusez du peu. Pas révolutionnaire mais sympathique, avec une jolie bande-sonore.

Plodding On avait la lourde charge de fermer le ban. Il fallait forcément quelque chose de spécial. Pemberton et Shearsmith jouent la carte du méta: on assiste à la fête de fin de tournage de la série, c'est l'occasion pour un grand nombre d'acteurs de revenir, certains pour jouer avec leur image quand il s'agit de s'envoyer de la cocaïne dans les toilettes. Les créateurs n'ont pas les mêmes envies et le ton monte... S'il y a de quoi s'amuser comme avec l'apparition de Mark Gatiss (qui est devenu un vieux monsieur) c'est l'émotion que l'on fait finalement prévaloir et si cela marche notamment avec le montage d'extraits qui montrent notamment Helen McCrory et David Warner, forcément, cela sent un peu la facilité et l'autodérision parfois forcée. Néanmoins, la difficulté de refermer l'anthologie est compréhensible et on est porté à l'indulgence, vu le niveau général.

Si l'on ne retrouve jamais vraiment l'excellence des premières saisons, il n'y a pas eu de dégringolade non plus, loin s'en faut, et Inside n°9 a su rester une valeur sûre du genre, à revoir, à rattraper, à picorer à loisir.