Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Hammett
Ancien détective chez Pinkerton, Dashiell Hammett s'est reconverti en auteur de romans policiers. Alors qu'il en a plusieurs sur le feu, il est contacté par un ancien collègue, Vic Atkinson, fraichement arrivé à San Francisco qui lui propose de l'aider sur une affaire. Peu intéressé au départ, Hammett change d'avis quand Vic est assassiné.

Des personnalités historiques, des artistes, résolvant des enquêtes fictives, que ce soit Jane Austen, les frères Grimm, sir Arthur Conan Doyle ou plus récemment Elizabeth II, voilà un filon qui n'est pas surexploité mais n'est pas inédit. En 1975, Joe Gores s'y était essayé en choisissant comme héros Dashiell Hammett, ce qui est nettement moins incongru que la défunte reine d'Angleterre. En effet, avant d'écrire des nouvelles pour la revue Black Mask et de créer Sam Spade et la Continental Op, il fut lui-même détective pour l'agence Pinkerton et les arnaqueurs, la pègre et l'univers des speakeay lui étaient familiers.

Le roman, qui sera adapté quelques années plus tard par Wim Wenders, a donc tout d'un Dashiell Hammett sans sentir le pastiche, dans ses personnages, les dangers encourus, la corruption de la police et des institutions... Cependant, parce qu'on est dans les années 70 et plus dans les années 20, Gores aborde frontalement certains sujets qui restaient tabous ou discrets chez son aîné/protagoniste: il est beaucoup question de trafic sexuel dont sont victimes des mineures, on baigne dans une intrigue très glauque avec des personnages qui le sont tout autant. Hammett n'est pas non plus le limier idéal, alcoolique, fréquentant une jeune femme à qui il se garde bien de dire qu'il est marié et père de famille, et finalement, tout en ne manquant pas de talent et d'astuce, il ne triomphe pas et découvre que certaines ruses fonctionnent mieux dans les romans dont il a le contrôle que dans la réalité. Joe Gores ne manque pas de faire allusion à la production de Hammett, montrant des sources d'inspiration éventuelles ou le dépeignant en train de butter sur des passages de ses œuvres (il en rédige plusieurs en même temps ce qui semble correspondre à la réalité) mais n'abuse pas des clins d’œil et des références. Le mystère reste bien entretenu malgré certains éléments que l'on grille quand cela touche à des personnages historiques (on sait bien que d'une façon ou d'une autre, Hammett ne fera pas tomber Capone pour meurtre).

Joe Gores se tire habilement de l'exercice et offre un roman noir prenant, hommage à Hammett qui ne vire pas à l'hagiographie. Pourtant, il est souvent trop sordide pour qu'on le préfère aux livres signés Hammett lui-même.
potion préparée par Zakath Nath, le Samedi 17 Décembre 2022, 16:35bouillonnant dans le chaudron "Littérature".