Conscient que la Garde de Nuit ne peut plus repousser un assaut supplémentaire des Sauvageons, Jon tente de négocier avec Mance. Plus loin au Nord, Bran touche au but mais sa quête exige un nouveau sacrifice. À Meereen, Daenerys réalise que libérer les gens n'est pas aussi simple qu'elle le pensait et ses dragons sont de plus en plus incontrôlables. Arya et le Limier vont faire une rencontre décisive et à Port Réal, c'est la fête des pères pour Tywin.
Oui parce que l'épisode a été diffusé le jour de la fête des pères aux USA, et s'il s'agit sans doute d'une coïncidence, c'était finalement très approprié en regard du contenu de l'épisode. Comme avec l'épisode 6 de cette saison tournant autours de la question de la justice, ici les scènes éparses se raccordent de près ou de loin à la question de la filiation et de l'héritage.
Le fait de n'avoir pas construit cette saison exactement comme les précédentes et d'avoir multiplié les pics d'intensité permet à cet épisode de se passer de ce côté "on refait le match" qui a toujours rendu l'épisode 10 plus fade malgré des scènes finales parfois choquantes ou exaltantes. Ici on ne fait pas de tour d'horizon des personnages dont on a bouclé l'arc saisonnier, pas de remplissage pour Sansa par exemple, qui aurait affadi sa dernière apparition dans l'épisode 8, qui sera également sa dernière apparition de la saison. Tous les personnages que l'on croise vont vivre des moments majeurs et pour le moins épiques. Il faut souligner que rarement les paysages ont été mis à ce point en valeur dans la série quel que soit l'endroit (mais mention spéciale aux environs des Éryés). Quant à la BO, relativement discrète et peu innovante à quelques arrangements de thèmes connus près, elle semble offrir tous ses morceaux inédits d'un seul coup.
Au Mur, on a droit à la conclusion de l'assaut de l'épisode 9, ce qui permet de retrouver avec plaisir le charismatique Mance Rayder, mais également le beaucoup moins charismatique Stannis Baratheon, qui avec des troupes superbement menées, arrive tel le 20e de Cavalerie dans un
Lucky Luke pour sauver la mise. Si le personnage n'est pas sympathique, c'est au moins le seul souverain de Westeros qui fait son devoir plutôt que de privilégier ses petites ambitions (heureusement qu'il est entouré, quand même). Kit Harington arrive même à exprimer de l'émotion dans sa scène d'adieu à Ygritte.
Meereen offre un beau moment d'émotion, également. Si la scène où un paysan éploré dépose aux pieds de Daenerys le cadavre calciné de sa fille est profondément horrible, il est tout de même satisfaisant de voir le sourire bienveillant de despote éclairée paternaliste (maternaliste?) de la jeune femme s'effacer. On voit enfin d'un peu près Raeghal et Vyserion dans une scène poignante où l'on se dit que Daenerys commet une erreur, tout en ne voyant pas d'autres solutions (à part se dire qu'elle aurait davantage dû se préoccuper d'élever ses dragons avant qu'un accident n'arrive, mais où trouver de la documentation sur le sujet?).
Du côté de Bran, on est définitivement dans la sous-intrigue la plus ouvertement fantastique de la série, bien qu'un peu en retrait jusque-là. S'il est un peu perturbant, après que le merveilleux ait été distillé au compte-goutte, de le voir soudain se déchaîner, l'hommage à Ray Harrihausen fait plaisir. C'est également l'occasion pour la série de s'émanciper un peu de l’œuvre de base en tuant prématurément Jojen (avec de nouveaux personnages qui arrivent en saison 5, on peut supposer qu'en plus de rendre la quête de Bran plus dramatique, cela permet de faire le ménage chez les personnages secondaires les moins indispensables). Le personnage de Mains-Froides semble avoir été laissé de côté, à moins qu'on ne le fasse intervenir plus tard. J'ai hâte qu'on développe un peu Bloodraven.
Les parcours d'Arya et Brienne connaissent un changement majeur puisqu'ils se rejoignent carrément, mais c'est suffisamment bien amené pour convaincre, et le duel avec le Limier intense, tout comme son face-à-face avec Arya qui tient enfin sa vengeance. Si on s'éloigne dans la façon de développer l'histoire, le résultat, lui, ne change pas vraiment puisque le Limier est laissé mourant, Arya quitte Westeros (belle dernière scène sur le navire) et Brienne va chercher Arya sans comprendre qu'elle a changé de continent.
Après Jon qui convainc Stannis de l'écouter en mettant en avant son lien du sang avec Ned, après Daenerys enfermant ses "enfants" ingérables, après Bran rencontrant un être qui a veillé sur lui toute son existence et après Arya qui préfère mener sa vie seule plutôt que de suivre la guerrière (qu'elle aurait sans doute voulu être) envoyée par sa mère pour la protéger, c'est à Port Réal que les rapports parents-enfants prennent le plus d'importance, et le tour le plus aigre.
Tywin avait déjà vu passer l'occasion de faire sortir Jaime de la Garde Royale pour assumer son rôle d'héritier en poussant Tyrion à bout. Les réjouissances continuent puisque c'est tout d'abord Cersei qui le met en face de ses échecs en lui confirmant que les rumeurs d'inceste sont fondées et qu'elle préfère les voir officialisées que continuer de servir les ambitions du pater familias. Après que Jaime libère Tyrion, faisant encore une fois passer les intérêts de son frère avant ceux du clan, c'est le plus jeune Lannister qui porte le coup fatal à Tywin, non sans avoir tué Shae d'abord (dans une scène qui tient moins de la vengeance froide que dans le livre, justifiée par le fait que la Shae de la série est beaucoup moins égocentrique et sa trahison est plus excusable). La dernière scène entre Tyrion et Tywin est à la hauteur des attentes, tournant là encore autours de leur lien père/fils tellement malmené (l'histoire de Tysha ayant été évoquée seulement en saison 1 et en zappant une des partie les plus traumatisantes de l'histoire, on comprend qu'elle ne soit pas ici la goutte de trop).
Après quatre saisons de bons et loyaux services, Charles Dance tire sa révérence, on ne dira pas avec panache vu les circonstances, mais en se montrant en tout point parfait. Si Peter Dinklage mérite ses nominations aux Emmys, je regrette que Dance n'y ait jamais eu droit pour ce rôle(particulièrement en saison 3 où il était impérial alors que Dinklage était plus en retrait)
à 18:23