Caroline pense avoir trouvé la maison parfaite pour elle, son mari Charles et son fils Gabriel: une jolie demeure avec un jardin du nom de Providence. Très vite, la jeune femme et Gabriel sont témoins de phénomènes et d'apparitions étranges. Caroline est persuadée qu'une présence habite la maison et la persécute mais comment en convaincre son mari alors que tout porte à croire qu'elle devient folle?

Les opérations spéciales où l'on brade les livres numériques sont toujours l'occasion de bonnes affaires pour trouver à prix réduit des livres qui nous faisaient de l’œil ou dont on avait entendu dire du bien. C'est également l'opportunité de se lancer dans l'inconnu sans grand risque et de découvrir des romans passés complètement sous le radar et qui sont parfois difficile à trouver voire indisponibles en format papier. Entité fait partie de ces achats de hasard qui peuvent s'avérer de très bonnes surprises (comme Magic Man de Ron Base récemment) et parfois non mais tant pis, c'est le jeu.

Hélas, Entité appartient à la seconde catégorie. On part sur des bases très traditionnelles de récit de maison hantée. C'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes mais c'est là qu'on se rend compte qu'il ne suffit pas d'un vieux pot et d'ingrédients qui ont fait leurs preuves pour réussir la recette. En premier lieu, le style est par moment très maladroit, se perdant dans des dialogues trop explicatifs, usant occasionnellement de répétitions ou de termes trop familiers dans le récit (une apparition maléfique qui "rigole", ça casse un peu l'ambiance). Des défauts qu'un plus gros travail éditorial aurait probablement pu corriger, d'ailleurs. Autre sujet de contrariété, Lili Garden a du mal à faire monter la sauce, offrir un vraie gradation dans le danger qu'affronte Caroline, dans la manière dont elle et son mari perdent leur confiance l'un envers l'autre. Bien sûr, on peut réserver des plages d'accalmie, de faux espoirs que la situation s'arrange mais ici les réactions paraissent très aléatoires, Charles se montrant compréhensif, inquiet ou furieux selon les besoins mais sans véritable cohérence ou progression. Quant à la dernière partie qui lorgne vers L'Exorciste elle est passablement ridicule.

Pourtant, Entité ne manque pas de bonnes idées: le rôle de la voisine par exemple apporte quelques révélations et rebondissements mais encore une fois ils sont laborieusement amenés alors qu'on tenait quelque chose. D'ailleurs, la nature de la tragédie originelle et la place du voisinage dans celle-ci n'étaient pas sans apporter matière à réflexion mais ce n'est pas très poussé.

Pour un exercice qui semble balisé au possible, le récit de maisons hantées n'est pas aisé à réussir et malheureusement il est difficile d'être convaincu par cette Entité bien peu maîtrisée.