Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Django (2023)
Django arrive à New Babylon, ville créée par d'anciens esclaves désireux de prendre un nouveau départ. Il y retrouve sa fille, sur le point d'épouser John Ellis, le chef de la petite communauté. Celle-ci est menacée par Elizabeth Thurmann, une fanatique convaincue que John lui a volé ses terres.

Déboulant sur les écrans en 1966 dans la foulée du succès de Pour une poignée de dollars, le personnage de Django, créé par Sergio Corbucci, en avait imposé sous les traits de Franco Nero, au sein d'un film qui se démarquait par quelques dérapages gores (miam cette oreille!), la musique de Luis Bacalov et des massacres à la gatling dans des rues boueuses où des figurants opportunément masqués passaient et repaissaient dans le champ de tir pour atteindre un body-count des plus conséquents. Bien qu'il n'y ait pas eu de véritables suites officielles, Django n'a cessé de réapparaitre sous différents visages dans la décennie qui a suivi et même bien plus tard devant la caméra de Takeshi Miike ou plus récemment celle de Quentin Tarantino. Tout n'était pas de la même qualité mais le personnage est culte et voir une mini-série de dix épisodes chapeautée par les créateurs de Gomorra avec Matthias Schoenaerts dans le rôle-titre était alléchant, d'autant qu'entre That Dirty Black Bag et The English, le western européen tendance spaghetti semblait avoir le vent en poupe sur le petit écran.

Dix épisodes plus tard, et même avant d'en arriver là, le bilan est sacrément mitigé. Pourquoi Django, en fait, pourrait-on se demander? Certes, le personnage est passé de mains en mains, on peut en faire ce que l'on veut. Il y a des allusions au film de Corbucci, utilisées parcimonieusement ce qui n'est pas un mal, donc la filiation est assumée, du premier épisode avec son cercueil trainé qui ne renferme pas de corps jusqu'à une gatling pour les patients qui ne sont pas partis avant la fin. On parle vengeance, séquelles de la Guerre de Sécession, clans ennemis. Néanmoins, que reste-t-il du personnage et de l'ambiance baroque et violente des plus fous des westerns italiens dans cette mini-série? Rien ou presque. Le ton est d'un sérieux papal, l'ambiance contemplative. Le premier épisode s'offre une dissonance musicale avec une reprise d'Edith Piaf en pleine fusillade dans un bordel mais cette envolée douteuse reste un cas isolé, ce qui suit est beaucoup plus conformiste sur la forme. On explore lentement la psychologie des protagonistes et leurs traumatismes pour comprendre comment une tuerie en entraîne une autre dans cet Ouest sauvage décidément très petit où tout le monde ne cesse de se croiser mais l'empathie peine à exister. Il y a quelques scènes d'action réussies mais le souffle n'y est pas et la musique est parfaitement oubliable.

On peut comprendre la volonté de ne pas se livrer à un simple pastiche de westerns des années 60, de moderniser la caractérisation des personnages en développant les personnages féminins (pas de bagarre dans la boue de prostituées jouées par des acteurs travestis ici, c'est du sérieux mesdames et messieurs). Il est dommage qu'on n'établisse pas grand chose de neuf à la place, d'autant que des séries et miniséries westerns de qualité qui prenaient le temps de développer leurs personnages n'ont pas été si rares ces dernières années. Le tournage a eu lieu en Roumanie et si les paysages changent du sud de l'Espagne habituel aux westerns européens, ils n'en sont pas moins agréables à l’œil, reste qu'ils peinent aussi à s'imposer et participent au côté vaguement dépressif de l'ensemble.

La distribution, d'ailleurs, ne détonne pas à ce niveau. Matthias Schoenaerts a le regard clair d'un Franco Nero mais qui ne se départ guère de mélancolie tout au long des épisodes. Le personnage est fin tireur, malin mais trop détaché le plus souvent pour dégager quoi que ce soit, comme s'il ne se sentait pas concerné par les événements. Difficile du coup de l'être nous-même pour la quête de sa fille, d'une vengeance ou d'une rédemption et son excitation à manier la gatling à la fin en parait totalement hors de propos. Ses petits camarades ont l'air à peine plus impliqués, hormis une Noomie Rapace qui hérite du rôle d'une cheffe de clan suffisamment fanatique pour sortir de la torpeur même s'il y a un pas à franchir pour trouver sa performance remarquable.

Leonardo Fasoli et Maddalena Ravagli peinent donc à dépoussiérer la figure de Django. Trop sage, trop à cheval sur le bon goût, la minisérie n'a que peu à voir avec le héros ou les excès du film de Corbucci et même sans comparaison avec ce dernier et ses successeurs, elle est bien trop léthargique pour laisser un souvenir vivace.
potion préparée par Zakath Nath, le Mercredi 15 Mars 2023, 19:30bouillonnant dans le chaudron "Séries tv".