La famille Tanner s'installe à Silverdale, petite ville des Rocheuses, où Blake, le père, a été muté. Sa femme, Sharon, trouve le lieu étrangement parfait tandis que Mark, le fils ainé, constate que les membres de l'équipe de football du lycée sont aussi athlétiques qu'agressifs et se rendent régulièrement dans un centre sportif où ont lieu des expérimentations révolutionnaires.

Premier roman de John Saul que je lis, auteur qui en a encore deux autres publiés dans la collection Pocket Terreur. Créature propose une intrigue entre Les femmes de Stepford pour sa petite communauté pimpante où rien ne dépasse mais qui cache un sinistre secret et un épisode de Buffy contre les Vampires avec son équipe de foot qui retourne à l'état sauvage à force d'injections expérimentales. Rien que du très classique mais qui fonctionne, jusqu'à un certain point. Les protagonistes, Sharon et Mark, sont sympathiques, on découvre vite de quoi il retourne (Saul ne cherche pas à entretenir le suspense de ce côté) et on stresse de voir les personnages qui comprennent qu'il y a un problème ne pas être crus ou au contraire, être crus de ceux qui les voient alors comme une menace. Il y a aussi une pique lancée envers le culte des athlètes de lycée, typiquement américain, du moins si l'on en croit les œuvres de pop culture.

Le dénouement n'est malheureusement pas aussi convaincant. L'étau se ressert sur les Tanner, mais peut-être un peu trop, justement, au point où l'on se désintéresse des morts successives faute d'entretenir un espoir pour eux. On ne peut pas dire qu'il y ait parfaite victoire du côté des antagonistes (tout d'une pièce d'ailleurs, entre le savant fou, le faux ami et l'entraîneur qui ferme les yeux) mais le retour de bâton manque de spectaculaire et est incomplet. La conclusion semble bâclée, pas tellement parce que la fin reste ouverte mais parce qu'on ne voit pas comment elle pourrait l'être de la manière dont John Saul l'amène (les Harris resteront-ils à Silverdale, par exemple, et alors quid de Mark?).

Créature est par ailleurs un bon petit roman d'épouvante bien mené avec un déroulement somme toute prévisible mais il est dommage que les dernières pages offrent un final trop expéditif et bancal, malgré un désir de ne pas épargner ses personnages.