Où suis-je?

Bienvenue sur ce blog consacré à un peu tout et n'importe quoi, mais où il sera principalement question de: Harry Potter et la fantasy en général, de romans d'aventures maritimes, de littérature, de séries télés (majoritairement des productions britanniques, mais pas que) et de cinéma!


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Correspondant 17
Johnny Jones, un journaliste américain, est envoyé en reportage en Europe alors que la guerre est imminente. Il est témoin de l'assassinat d'un représentant du parti de la paix et part à la poursuite des meurtriers. Il découvre alors une vaste imposture qui pourrait lui garantir un scoop, s'il survit.

Pendant que France Télévisions continue sur sa plate-forme son cycle Hitchcock, Arte n'est pas en reste en mettant en ligne un Correspondant 17 bien solitaire. Il serait dommage de passer à côté car le deuxième film américain du maître du suspense ne manque pas d'atouts. J'y allais pourtant avec quelques doutes. Ayant découvert récemment Cinquième Colonne je craignais que les deux œuvres ne sentent trop le doublon. En effet, réalisées à deux ans d'intervalle, il s'agit de films d'espionnage de propagande enjoignant les Américains à ne pas se montrer indifférents à la situation en Europe. D'emblée, le ton est différent, notamment grâce au caractère enjoué et d'abord insouciant de son héros, qui ne doit pas fuir car accusé à tort de sabotage mais se voit offrir un séjour au Pays-Bas pour couvrir les efforts diplomatiques pour éviter une guerre imminente et qui une fois sur place va mettre à jour un complot. Sa bonne humeur va s'effriter, non pas tant face aux menaces contre sa vie mais car il va faire face à un dilemme moral, la jeune femme dont il est tombé amoureux se révélant la fille d'un traitre.

Voilà pour l'histoire qui tient vraiment du prétexte. Le réalisateur est coutumier du fait, ayant popularisé le terme de MacGuffin pour désigner un objet qui pousse les personnages à l'action sans que sa nature ait une véritable importance. Ici, donc, on a un complot consistant à enlever un pacifiste de premier plan, le remplacer par un sosie qui se ferait assassiner publiquement pendant que l'authentique homme d'état serait enlevé et torturé pour livrer un article secret d'un traité qui importerait parce que... On ne sait pas. L'enjeu a finalement peu d'impact car les personnages ne vont pas changer le cours de l'Histoire mais il faut bien avouer que le fait de s'en moquer complètement désamorce par moment l'implication que l'on peut avoir face aux péripéties. Heureusement, celles-ci permettent à Hitchcock de se livrer à quelques morceaux de bravoure.

On a par exemple un assassinat dont la frontalité brute surprend, suivi d'une poursuite sous la pluie dans lequel le trio principal badine tout en participant à l'action. Hitchcock use ensuite à merveille du décor d'un moulin pour un petit jeu de cache-cache, propose une tentative de meurtre en haut d'un clocher qui annonce Vertigo et surtout, termine sur une séquence d'anthologie: l'avion qui transporte héros et antagoniste est abattu au-dessus de l'océan et Hitchcock livre une scène oppressante digne des meilleurs films-catastrophes. Le film enchaîne donc les ruptures de tons après avoir commencé de manière légère, à l'image de son personnage principal qui pense passer un peu de bon temps en Europe avant de rentrer aux USA sans trop se soucier de la situation politique avant de s'attacher à la fille de son ennemi qu'il veut protéger tout en démasquant son père.

Prévu pour Gary Cooper, puis Cary Grant ou Clark Gable, le rôle échoie à Joel McCrea qui s'en tire avec les honneurs. Il se fait toutefois voler la vedette dans le deuxième tiers du film par George Sanders. Dandy au premier abord aussi insouciant et pince-sans-rire que Johnny Jones, son personnage au nom tout aussi improbable, Scott ffolliott, va se révéler dans l'action. Difficile pour Laraine Day de se faire une place entre ces deux-là. Jamais mauvaise, elle manque cependant d'un piquant particulier pour rendre les scènes de comédies romantiques du début vraiment marquantes et son personnage, malgré sa position compliquée, émeut peu. Herbert Marshall est en revanche très solide en comploteur aux sentiments finalement sincères, loin d'être diabolisé. On retrouve cependant un thème cher au film d'espionnage d'Hitchcock, celui de l'agent introduit dans les hautes sphères de la société même si le message est moins appuyé que dans Cinquième Colonne. La scène qui clôt le film, tournée plus tardivement que le reste après réécritures, est elle totalement en phase avec son époque et à même de flatter la fibre patriotique en espérant mobiliser.

Le ton du film rappelle encore la période anglaise d'Alfred Hitchcock et l'essentiel de l'intrigue est censée se dérouler en Europe. Correspondant 17 monte néanmoins d'un cran dans le spectaculaire et rien que pour ses scènes mémorables, mérite de sortir de l'ombre projetée par les films majeurs de son auteur.
potion préparée par Zakath Nath, le Lundi 4 Mars 2024, 20:43bouillonnant dans le chaudron "Films".